La crise du Japon ne date pas d’hier, elle a commencée dans les années 90, peu après les décennies de croissance qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Pourtant, aucun gouvernement japonais n’a réussi à sortir son pays de ce marasme économique.
Par Quentin Georges.
Le Japon est en pleine crise économique, cela ne date pas d’hier malheureusement pour lui, avant de parler de la situation actuelle qui me semble relativement catastrophique, il convient de nous attarder sur le passé de ce pays et plus particulièrement sur les raisons de la naissance d’une crise dont ce pays n’a toujours pas réussi à s’extirper.
La « décennie perdue » du Japon
Nous sommes en 1985, outre la création du jeu vidéo légendaire Tetris par Alekseï Pajtinov, les accords du Plaza sont signés en septembre à New York entre les membres du G5 qui sont à l’époque les États-Unis, le Japon, la RFA, le Royaume-Uni et la France. Ceux-ci sont surtout relatifs aux taux de change, le but étant l’interventionnisme de ces pays sur le marché des changes pour déprécier le cours du dollar par rapport au Deutsche Mark et au yen. En effet, suite à la fin des accords de Bretton Woods en 1973, ces États estiment qu’il faut intervenir sur ce marché pour stabiliser les taux de change et ainsi aider les États-Unis à lutter contre la bulle spéculative sur le dollar.
Or, ces accords sont une véritable catastrophe pour le Japon puisque le yen devenu fort entache les exportations, en conséquence la croissance économique du Japon passe de 4,4% à 2,9% en moins d’un an. Le Japon se retrouve alors coincé dans un étau puisqu’il a accumulé une épargne extérieure somme toute considérable principalement en dollar. Or ce dernier est en train de se déprécier fortement ; ainsi en 1986 le Japon rapatrie cette épargne pour éviter sa perte de valeur. Dans le même temps, le gouvernement japonais adopte une politique monétaire basée sur le crédit facile où l’on voit les taux d’intérêts passer de 5 à 2,5%. Alors qu’une grande bulle spéculative stimulée et encouragée par ces taux d’intérêts faibles commence à inquiéter le gouvernement, celui-ci décide alors de passer le taux de 2,5 à 6% en 1990. Cette tentative désespérée pour stopper celle-ci est trop tard, la bulle éclate, le marché avec.
En moins de 3 ans, le Nikkei évalué à 40 000 points en 1989 s’écroule à 15 000 points en 1992 soit une baisse de plus de 60%. Le secteur le plus touché est l’immobilier, là où a débuté la bulle spéculative ; on enregistre alors une baisse des prix de plus de 80% entre le début des années 90 et la fin de celles-ci. Le chiffre le plus alarmant est sans doute celui du chômage, il double passant de 2,1% à 4,7%, chiffre sans doute en deçà de la réalité (nous connaissons tous les méthodes biaisées pour calculer le chômage dans les pays développés). Certes il ferait rougir bon nombre de pays occidentaux, mais il faut garder à l’esprit le contexte culturel du Japon où il est de tradition qu’un travailleur garde son emploi à vie ; de plus ce taux n’avait jamais franchi la barre des 3% auparavant.
La baisse des valeurs boursières entrainant la chute du Nikkei a pour conséquence de voir les institutions financières prêteuses d’argent, comme les banques, tenter de recouvrir leur dette. Or, de nombreuses entreprises ne sont pas en mesure de payer ; ainsi, au lieu de les obliger à exécuter la procédure de liquidation judiciaire pour ensuite déclarer faillite, ces institutions choisissent de prêter à nouveau de l’argent pour que les entreprises puissent payer les intérêts des prêts antérieurs. Avec cette pratique contreproductive, il est difficile de s’en sortir pour celles-ci.
Que fait le ministère des finances japonais me direz-vous ? Il convient donc de parler du « magnifique » système de reconversion des hautes fonctions de fonctionnaire, car oui, il est naturel de voir au Japon un bureaucrate mis en retraite prendre un petit emploi dans une entreprise qui fait partie du secteur qu’il était chargé… de surveiller. Par cette pratique, on peut dénoter l’instauration d’un échange de bons-procédés entre la haute bureaucratie et les banques japonaises, cette première promet de ne pas agir contre celles-ci en prenant des mesures concrètes pour lutter contre l’endettement des entreprises tandis qu’en échange, des postes hauts placés sont réservés aux futurs retraités bureaucrates. Cette inaction du gouvernement tout comme la dissimulation de l’étendue de cette crise au peuple japonais va finalement se révéler au grand jour en 1994 par la faillite des caisses de crédits. Il est déjà trop tard, les créances pourries se sont multipliées et le fait d’avoir caché l’ampleur de cette crise a empiré la situation du secteur financier déjà très fragile.
Ainsi, pour résumer, en moins de 10 ans, alors que ce pays sort de plusieurs décennies économiques florissantes, l’économie japonaise ne fonctionne plus, le gouvernement n’arrive pas à trouver un remède et les japonais ont perdu confiance envers leurs élites qui ont masqué la vérité dans leur propre intérêt personnel.
L’application d’une politique monétariste et keynésienne en guise de « solution »
Après s’être rendu compte (un peu tard tout de même) de la situation critique dans laquelle est plongé le Japon, les politiciens doivent s’empresser d’agir pour résorber celle-ci. Le Graal apparaît alors sous le jour de la théorie keynésienne. Pas de chance, ce « remède » n’est pas adapté à la maladie contractée par le Japon.
Revenons un instant sur la thèse keynésienne. Ici, l’effondrement de l’investissement est analysé comme un facteur psychologique chez les entrepreneurs qui choisissent ou non de s’implanter suivant un niveau de pessimisme/optimisme difficile à prévoir. Ainsi en l’espèce on ne se questionne pas sur l’énorme bulle spéculative qui a précédé la chute de la bourse japonaise, on analyse uniquement le manque d’investissement boursier par le pessimisme des entrepreneurs. Dans ce cas présent, le gouvernement se doit alors de baisser les impôts d’une part, et d’autre part d’investir en masse pour combler le manque d’investissement privé, relancer la demande des consommateurs et ainsi éviter la récession. Pour éviter de voir les banques ne pas prêter de l’argent aux investisseurs, c’est l’État lui-même qui devient le prêteur direct dans le cas d’une trappe de liquidité. Toutefois cette pratique ne permet en aucun cas le rétablissement de l’économie puisque le prêt devient politisé car c’est l’État qui décide et non le marché et la préférence des consommateurs comme l’analyse Benjamin Powell. Ainsi l’État empire la situation car il ne répond pas à la demande du marché et donc répartie maladroitement ses investissements.
Basé sur cette théorie, le Japon va abaisser l’impôt sur le revenu en 1994 et va se lancer dans plusieurs programmes d’investissement public jusque 1995, évalués à près de 65 mille milliards de yens. Aucun résultat. On recommence en 1998 avec près de 24 mille milliards de yens. Aucun résultat. On recommence en 2000 avec 11 mille milliards de yens. Aucun résultat. Enfin si, le Japon devient le premier pays de l’ex G7 avec une dette publique dépassant les 100% du PIB.
Comme l’explique Benjamin Powell :
En se concentrant sur la demande globale, les partisans de Keynes oublient le problème essentiel du Japon : une non correspondance entre les structures actuelles de production et la demande spécifique des consommateurs. Les programmes de dépenses keynésiens n’ont pas seulement failli à leur objectif de tirer l’économie japonaise hors de la récession, elles ont aussi placé le gouvernement dans une position financière critique et introduit une distorsion supplémentaire qui pousse l’économie plus loin encore des préférences du consommateur.
En parallèle à ces programmes, une politique monétariste est mise en place. Ainsi, le Japon se lance dans une expansion monétaire pour stimuler l’économie japonaise. Le principe est simple : il s’agit d’abaisser le taux d’escompte (taux de crédit à court terme) pour faciliter le prêt mais aussi la demande. Ainsi le taux d’escompte évalué à 4,5% en 1991 diminue de façon drastique pour arriver à 0,5% entre 1995 et 2000. Or, il s’avére que les banques japonaises préfèrent accroître leur liquidité plutôt que leurs prêts, ce qui marque l’échec de cette politique. On peut noter que la masse monétaire japonaise connait une croissance de près de 25% entre 1991 et 2001. Jeffrey Herbener explique cet échec de manière simple : « l’absence de crédit effectif, même après expansion de la base monétaire M0, n’est pas causée par le fait que des investisseurs potentiels s’attendent à ce que les taux d’intérêt futurs vont monter, mais plutôt par l’énorme quantité de mauvaises dettes dans le système bancaire qui pousse les banquiers à ne pas prêter. »
La déflation japonaise (1997-2006)
L’éclatement de la bulle spéculative de 1991 combiné aux politiques mises en place conduit le Japon a une déflation qui semblera interminable. Celle-ci va débuter en 1997 et chaque année, une baisse d’environ 0,7 % sera constater.
En effet, comme nous l’avons vu, la Banque du Japon a, durant la récession, choisi de faciliter l’accès au crédit en abaissant peu à peu son taux d’escompte jusque 0,5% en 1995. Le 1er avril 1998, une loi accorde à cette BoJ une indépendance vis-à-vis du gouvernement japonais, Masaru Hayami devient donc le premier gouverneur de cette banque centrale soi-disant indépendante. Dans le cadre de sa mission d’assurer la stabilité du système financier, celle-ci va abaisser le taux d’escompte à… 0 à partir de 2000 toujours dans l’optique de favoriser le recours au crédit. Bien entendu, dès 2001 elle va se lancer dans une politique de quantitave easing (QE) qui se caractérise par une émission massive de monnaie, la planche à billet donc. Le but de cette émission massive de monnaie est de créer de l’inflation pour lutter contre la déflation. Outre cela, elle va également se lancer dans un vaste plan de rachat de bons du Trésor japonais, le Japon rachète sa propre dette en quelque sorte, ce qui est bien entendu contraire aux fondamentaux. Il s’agit malgré tout des conséquences logiques d’un QE qui se symbolise par l’expansion du bilan de la banque centrale par l’acquisition d’actifs constitués entre autre de titre de créance obligataire ou encore des dettes d’agences par exemple.
Pourtant, il peut (peut-être) vous paraître absurde de lutter contre la baisse des prix, car oui, de prime abord, cela semble bon pour le consommateur car son pouvoir d’achat grandit. Pourtant, la déflation est sans doute encore pire que l’inflation. En voici l’explication : la déflation pénalise les emprunteurs car ceux-ci vont rembourser plus que ce qu’ils avaient à la base emprunter et ce même si le taux d’intérêt est de 0%. Or, qui a besoin d’emprunter le plus ? Les entreprises qui dynamisent l’économie par leur production et leur investissement. Ainsi elles peuvent soit être découragées de s’endetter pour booster leur activité en achetant du matériel par exemple, soit être conduites à la faillite par une trop grosse déflation entrainant une trop grande dette. Ce raisonnement s’applique pour tous, État comme citoyen. De plus, tous ces milliards imprimés ne peuvent pas être contrôlés par une quelconque banque centrale ; ce n’est pas elle qui va décider de son utilisation. Ainsi, il faut tenir compte de la circulation effective de cette masse dans l’économie réelle. Qu’en est-il ? La plus grosse partie de cette masse est allée dans les banques. Or, comme nous l’avons vu, les banques refusent de prêter de l’argent et c’est donc l’État japonais qui s’impose comme prêteur. Par conséquent, on peut dire que cette « fausse monnaie » n’a pas l’effet inflationniste attendu puisque celle-ci ne circule pas dans l’économie réelle, elle va donc se dégrader au cours du temps. C’est ainsi que l’on détruit une monnaie.
Comme l’explique Olivier Crottaz :
Nous assistons donc à un combat titanesque entre inflation et déflation. D’un côté les États et leurs banques centrales qui dépensent et créent de la « monnaie », dans des proportions gigantesques, et de l’autre principalement le secteur privé qui a accumulé tellement de dettes qu’il ne peut plus les supporter, et, par le biais des faillites qui se multiplient, provoque une destruction de « monnaie ». D’un côté, on crée de la « monnaie » pour soutenir un système condamné à la faillite (en réalité, on ne fait que d’acheter du temps à crédit), de l’autre, on en détruit ou on refuse de l’utiliser (on dépense moins, on épargne plus). Résultat : on n’utilise plus autant la « monnaie » et sa vitesse de circulation diminue.
Finalement, un léger mieux se fait ressentir en 2006 lorsque les prix augmentent plusieurs mois d’affilés mais de manière sensible. De ce fait, la BoJ annonce l’arrêt de son QE mais maintient malgré tout sa politique du prêt à taux zéro. Pourtant, on peut légitimement se demander si la fin de cette déflation est réellement due à l’action de la BoJ ou non. Officiellement, la BoJ a « sauver son pays » par le rachat massif de créances douteuses, la baisse de son taux d’escompte et l’émission massive de monnaie dans le circuit. Pourtant, lorsque l’on analyse de plus près la situation, on peut constater une baisse significative du yen par le QE certes, mais aussi par la pratique du carry trade qui consiste pour les investisseurs à emprunter au Japon à des taux d’emprunt très faibles pour ensuite aller investir dans d’autres pays qui, eux, ont des taux beaucoup plus hauts. Cela a permis au Japon d’avoir également une balance commerciale positive : ainsi on a pu parler d’exportation de la déflation. On peut donc affirmer que si le Japon a réussi à sortir la tête de l’eau, ce n’est pas forcément grâce à l’action de ses gouvernants d’autant plus que la situation n’en est pas bonne pour autant.
La crise de 2007 et ses conséquences actuelles
Alors que l’on pensait voir la situation du Japon s’améliorer peu à peu, survient la crise mondiale de 2007. Inutile d’en faire un roman, chacun sait ce qu’il s’est passé. Intéressons-nous plutôt à ses conséquences actuelles.
Tout d’abord, on peut dire que le chômage a progressé même si ce taux ne cesse d’augmenter en continue depuis les années 1990. Le Nikkei qui était revenu aux alentours de 14 500 points chute brutalement aux alentours des 7 000 points dès 2009. La production industrielle chute elle aussi fortement la même année de près de 8,5%. Et les faillites augmentent de 21%. Une fois encore, les banques connaissent un ralentissement et enregistrent un recul de 58% de leur résultat par rapport à 2007. Ainsi, le crédit redevient à nouveau difficile pour les entreprises.
En réponse à tous ces facteurs inquiétant, la BoJ décide de ne pas changer sa politique « gagnante » à savoir prêter à taux 0 tandis que le gouvernement japonais annonce un plan de relance de près de 75 000 milliards de yens ce qui a pour effet d’aggraver la situation. Que fait alors le gouvernement en 2009 ? Il engage à nouveau un plan de relance, cette fois-ci évalué à 13 930 milliards de yens. Aucun facteur positif enregistré.
En effet, par cette politique, le gouvernement espère exporter d’une part, et vendre beaucoup à sa demande intérieur d’autre part. Or aucune de ces deux espérances ne se produit : les exportations baissent significativement, surtout en direction des États-Unis, et les japonais ne consomment pas plus. De plus, les investissements privés se contractent. La catastrophe de Fukushima n’arrange rien à la situation, contrairement aux espérances de certains stratégistes expliquant qu’il s’agit d’une aubaine pour le Japon pour relancer sa croissance ; nous connaissons le résultat…
L’arrivée de Shinzo Abe au pouvoir en décembre 2012
Accrochez-vous : en tant que premier ministre « libéral démocrate », il déclare qu’il va régler tous les problèmes économiques du Japon. Alors certes, tous les QE précédents n’ont pas marché et ont même aggravé la situation. Mais lui prétend détenir la solution par un… QE illimité. Je me contenterai de citer Olivier Delamarche : « QE illimité, emmerdement illimité ». Plan de relance évalué à plus de 20 200 milliards de yens. Son but est de créer près de 600 000 emplois. Pour financer ce grand projet, la TVA qui était évalué à 5% passe à 8%, puis à 10% en 2014 et 2015. En parallèle, le BoJ émet une masse monétaire encore plus forte que celles déjà faites auparavant, dans le but de relancer la consommation, le crédit et les investissements. Celle-ci a par ailleurs un objectif d’inflation de 2%, ce qui explique pourquoi elle émet de manière très significative de la monnaie.
Ce plan a-t-il des chances de réussir ? Oui, selon les mass médias, notamment Le Monde qui titrait que les Européens devaient s’inspirer de ce modèle. Bien entendu, ce plan aura quelques résultats positifs, à court terme notamment, au niveau boursier, car c’est lui qui va profiter au maximum de cette émission de fausses monnaies ; mais à plus long terme, cela va aggraver le problème de manière significative.
Intéressons-nous aux données dont nous disposons : actuellement, la dette du Japon est estimée à plus de 230% du PIB, conséquence de l’endettement contracté par les nombreux plans de relance. Il est improbable, voire impossible, de retourner une telle situation. À côté de cela, le Japon va émettre en 2013 plus de dette que les revenus japonais. La balance commerciale est en déficit malgré la baisse du yen qui était censé favoriser l’exportation. Mais à qui exporter ? La Chine en excédent ? L’Europe en récession ? Les États-Unis ayant autant de problèmes que le Japon ? La vente au détail des japonais a, quant à elle, baissé de 2,3% en février 2013 sur un an.
Ainsi, alors que le plan de relance est censé permettre aux Japonais de consommer plus et surtout d’exporter, aucune de ces deux espérances n’est atteinte. Pire encore, alors que la déflation a augmenté, les prix à l’importation, eux, ont logiquement augmenté de 30% par la baisse du yen. À terme une hyperinflation se profile en parallèle à l’effondrement de la monnaie japonaise. Le Japon se dirige droit vers la République de Weimar.
Alors que tous ces indicateurs sont au rouge, le Nikkei progresse comme une fusée (+60 % en 6 mois) depuis novembre et se situe au plus haut depuis plus de 5 ans, tout simplement parce que celui-ci aspire toute la monnaie créée ; ainsi celle-ci ne va pas dans l’économie réelle. Toutefois, après être passé de 8 000 à plus de 14 000 points sans aucune raison valable, le Nikkei commence à chuter très sérieusement, symbolisé par cette séance historique du 23 mai dernier où il a connu une volatilité de 1 450 points sur une seule et même séance, autant que le 15 mars 2002 lors de la catastrophe de Fukushima ! Près de 10 séances de gain se sont envolées en une seule journée, et cela n’est pas fini.
Revenir aux fondamentaux
Alors que l’inflation va exploser par la baisse du yen qui défavorise le Japon dans les importations et par la probable augmentation des taxes, alors que le chômage va augmenter par le nombre de faillites, alors que le Japon se retrouve endetté jusqu’au cou, alors que la population japonaise vieillit de plus en plus, il est temps de dire stop et de mettre fin à cette ineptie.
Les QE, combinés à de faibles taux d’emprunt, n’ont jamais marché : en 25 ans, nous avons eu droit à plusieurs plans de relance, toujours fondés sur le même principe, mais jamais aucun d’entre eux n’a réussi à résoudre la situation. Pire encore, ils l’aggravent par l’endettement. Ce QE illimité est exactement la même chose que ce qui a déjà été fait. Ce n’est pas parce qu’il est beaucoup plus important qu’il va réussir. Multiplier la bêtise ne rend pas intelligent. Lorsque le QE s’arrêtera, le Japon plongera. S’il continue, alors la bulle s’amplifiera encore plus et lorsqu’elle éclatera, elle en sera d’autant plus violente.
La théorie autrichienne nous explique qu’accroître la masse monétaire par des taux d’escompte bas constitue un message pour les entrepreneurs d’investir davantage. Or ces taux ne représentent pas la demande des consommateurs. Par conséquent, ceux-ci vont soit moins investir pour consommer davantage ou faire l’inverse. Or cela n'est viable qu’à court terme. Et lorsque la banque centrale arrête d’émettre de la masse monétaire, la récession s’impose. Celle-ci est naturelle car elle va liquider les mauvais investissements et la demande des consommateurs va repasser au premier plan. Cette contraction est nécessaire pour que l’économie se régule elle-même et revienne à l’équilibre. Bien entendu, pour que l’économie se corrige d'elle-même, il faut un certain temps. C’est pour cela que l’on parle d’analyse macroéconomique.
Toutefois, lorsque l’on voit l’interventionnisme effréné dont a fait preuve le Japon pour lutter contre cette récession, ce qui a eu pour effet d’aggraver la situation, on peut imaginer que lorsque l’on cessera cette destruction de richesse, il faudra un bon nombre d’années pour corriger 20 ans d’erreurs semblables et répétées…