En bon métro sexuel périurbain, je prenais matinalement ma dose de CO2 dans les embouteillages obligés, en regardant de cet œil concupiscent la parisienne se dénuder enfin et laisser sa chair blanchie palpiter à la chaleur tardive. Le printemps arrive. Et mon cancer des poumons aussi, à défaut d’attraper celui, plus tendance, de la gorge, comme ce gourmand de Michael Douglas. Mais pratiquant le scooter plus souvent que le cunnilingus, je ne me fais guère d’espoir à ce sujet. J’entretenais donc soigneusement mon mélanome confortablement installé au soleil de cette terrasse du Marais où j’ai mes habitudes. Et si la forte proportion de nazis avait chuté dans le quartier depuis l’éviction du sympathique John Galliano, force était de constater qu’il restait encore beaucoup trop de jeunes hommes rasés en polo Fred Perry, ce qui prêtait à confusion dans l’esprit des touristes égarés, des rangs des jeunesses fascistes ou des journalistes de Libé. Il y a des valeurs qui se perdent, disait d’ailleurs Serge Ayoub en regrettant amèrement qu’une horde (à ce niveau là, on ne parle plus de bande) de jeunes extrémistes de droite se soit fait agresser sauvagement par une meute (à ce niveau on ne parle plus de horde) de jeunes extrémistes de gauche. Dont l’un d’entre eux tomba maladroitement en marchant sur son lacet. Voilà donc qu’en France, en 2013, on peut encore mourir pour des idées, comme chantait jadis le moustachu sétois. Ce qui reste nettement plus romantique que de mourir pour une clope, un regard ou une parole déplacée, à cause d’un adepte du poussage dans le métro, d’un mari trop jaloux ou d’une mère adepte de Picard. De défilés en défilés, les idées nauséabondes et la haine de l’autre auront eu récemment leurs heures de gloire dans notre beau pays où le piéton s’excuse encore de traverser dans les clous. Les groupuscules d’extrême-droite auront pu à loisir récolter les belles paroles et les grands préceptes rétrogrades qu’une droite naphtalinée aura veillé à remettre au goût du jour pour empêcher certains d’aborder la vie différemment, réveillant au passage la bête immonde qu’on croyait à jamais tapie dans les rangs des supporters du PSG ou les rassemblements politiques de Hongrie ! Vivement 2017 pour que l’on puisse mesurer pleinement les effets de cette petite farce médiévale, couplée à la débâcle au sein de l’UMP et à la rigueur chamallow d’un gouvernement dépassé. Au moins Marine ne se sera pas cassé le cul pour rien !
Ah belle France sous Lexomil, endormie par des années de torpeur et d’immobilisme et qui préfèrera toujours aller chez son médecin pour chercher des réponses à son malheur plutôt que d’apprendre à vivre en se foutant de tout ça !! 15 milliards de déficit plus tard, la santé du pays étincelle et c’est de bon augure avant d’aller s’ébrouer sur les plages bondées d’autres névrosés et de touristes belges. Pour élever le débat, on s’en remettra alors à la culture : la reprise de « Secret Story » venant sonner le glas des « Anges de la télé-débilité » et autres « Cagoles à Miami », cette pornographie télévisuelle pour amateur de salles de muscu et de KFC. Finalement, Benjamin Castaldi fait figure de membre de l’Académie Française par rapport au ramassis de trépanés qui hantent ces émissions depuis trop longtemps. Pour plus de sincérité, d’autres attendront le départ du Tour de France, en écoutant tranquille le nouveau Christophe Maé, compagnon idéal du bungalow et du barbecue estival, quitte à faire taire à jamais les cigales environnantes. Johnny quant à lui, qui va sur ses 102 ans de carrière, compte bien essorer ses fans jusque dans la tombe ! Après un énième live et un 50e Best of ces derniers jours, Jojo rentrerait bientôt en studio avec les jeunes gandins de Muse et les très hype versaillais de Phoenix ! Et même s’il faut payer l’essence de la Harley et les cours de français de Laeticia, tout cela ressemble un peu à une sauvage idée marketing d’un jeune loup de chez Warner, les 3 étant membres de cette grande famille…Pendant ce temps-là, sur la scène de Bercy, Neil Young continuait sans tambour ni trompettes, mais avec force guitares, d’incarner les valeurs du rock n’ roll : puissant, crade, mal peigné et loin de toute mode passagère. On a décidemment les héros que l’on mérite.
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