Der kommissar

Petit hommage dans le titre à Falco pour ceux qui s’en souviennent. Mais je vous rassure, les brebis gueuleuses ne se sont pas transformées en un ersatz de Philippe Manœuvre et la page musicale va se refermer aussitôt après cette magnifique image.

Pas sûr que M. de Gucht ressemble vraiment à Falco

Après avoir fait du bien à vos oreilles (ou pas…),je vais vous faire moins aimer les commissaires.

Ma cible du jour est le commissaire européen au commerce, M. Karel de Gucht.

Qu’a donc fait ce brave homme pour susciter mon courroux (coucou!)? 

Il a décidé d’appliquer une lourde taxe sur les panneaux solaires chinois car il soupçonne fortement ces derniers de pratiquer du dumping sur ces produits.

Jusque là, on a plutôt tendance à le suivre et à trouver cela normal.

Mais au nom de quoi a-t-il pris cette décision? Au nom de « l’intérêt général ». Et en effet, il le défend probablement cet intérêt général en protégeant les industriels européens qui produisent des panneaux solaires. Si on laisse faire les chinois, plus personne n’achètera les panneaux européens bien plus chers. Cette industrie va s’écrouler et lorsque les asiatiques n’auront plus de concurrents et que les acheteurs seront condamnés à se fournir auprès d’eux, les prix remonteront à leur véritable niveau comme par magie.

En résumé, il semble donc avoir pris la bonne décision. Là où l’affaire devient cocasse, c’est qu’avant d’acter cela, M. De Gucht a quand même pris soin de consulter les différents pays de l’Union Européenne. Et c’est là que le bât blesse: sur 25 pays, 17 étaient contre cette mesure! Plus des 2/3!

Mais dans le fonctionnement de la commission européenne, l’avis des pays sur ce type de décision n’est que consultatif! Quelque soit la position des membres de l’union, le commissaire peut décider au nom de l’intérêt général de passer outre! Et cette décision, prise par une personne qui n’a pas été portée à ce poste par des électeurs, ne passe pas  devant le parlement européen!

Alors certes, sur le fond, je suis d’accord avec sa décision. Et j’aurais préféré que l’Union fasse bloc derrière lui pour exister face au géant asiatique aux pratiques pas toujours très claire. Mais peut-on décemment continuer à prendre des mesures aussi importantes sans débat public, sans vote de représentants des peuples européens?

Au delà des péripéties que cela engendre pour nos viticulteurs – pauvres victimes collatérales des mesures de rétorsions prises par Pékin – cette affaire met en lumière les limites du fonctionnement actuel des institutions européennes: un parlement pas assez fort, une commission dont la légitimité me semble sujette à caution et des circuits de décisions qui s’assoient volontiers sur les principes démocratiques.

Voici ce que dit wikipedia au sujet de la commission :

Au sein des systèmes politiques démocratiques, la Commission européenne possède cette originalité de représenter « l’intérêt général » tout en n’étant pas directement issue du Parlement européen, élu, lui, au suffrage universel.

Aujourd’hui l’Europe est devenu une sorte de monstre sans visage que nos hommes politiques utilisent pour masquer leurs défaillances et leur inaction (« l’Europe nous donne 2 ans pour revenir à un déficit raisonnable » au lieu d’un discours volontaire: « nous devons redresser les finances et nous le ferons avec des mesures d’économies en améliorant nos services publics et mettons en place des mesures fortes de relance de l’activité avec l’argent économisé » ).

Il est temps de lui donner un visage et que nous votions pour une ligne directrice claire au niveau de la politique de l’Europe (défense, sécurité, fiscalité, commerce,…).