Thomas Piketty et Joseph Stiglitz sont prêt à tout pour faire dire à la réalité l'inverse de ce qu'elle signifie. Démonstration.
Par Bernard Zimmern.
Un article d'Emploi-2017.
Thomas Piketty (droite) & Joseph Stiglitz (gauche)
Dans leur offensive pour mettre la lutte contre les inégalités avant celle contre le chômage et, au fond, justifier leurs postes de professeurs payés par l’État, en donnant à ceux qui vivent de l’État, leur justification morale même si cela se traduit par plus de chômage, donc plus d’inégalités, tant Thomas Piketty que Joseph Stiglitz n’ont pas hésité à tricher, et ils le savent.
Ce sont en fait des tricheurs professionnels.
Commençons par Thomas Piketty.
Nous pourrions revenir sur les travaux qu’il a effectués avec son complice et camarade de Normale Sup, Emmanuel Saez mais il est plus facile de comprendre ses tricheries sur sa dernière création, « Pour une révolution fiscale ». Elles sont nombreuses mais la plus flagrante est celle, centrale à ce pamphlet, du graphique de la page 50 : on voit que les classes populaires, à gauche, (voir courbe 1 ci-dessous) sont imposées à plus de 40% alors que les plus riches, à 63.000 euros bruts par mois, le sont à moins de 40%. À la page 54, l’auteur cite même Liliane Bettencourt dans les très riches. Et à la page 70 il se demande pourquoi les chômeurs sont plus imposés que les actionnaires.
Il faut découvrir dans le graphique de la page 50 en toutes petites lettres, que la distribution ne couvre que les moins de 65 ans (donc pas Mme Bettencourt) et ceux qui travaillent au moins 80% du temps (donc pas les chômeurs), soit au total seulement 20 millions de Français.
Mais T. Piketty a publié dans ses annexes internet les tableaux intégrant les plus de 65 ans et les chômeurs, et cela change du tout au tout. On passe de la courbe 1 qui est celle de la page 50 à la courbe 2.
Pourcentage de revenu prélevé en fonction du niveau de revenu (selon Piketty)
Puis, si au lieu de prendre les revenus primaires, c’est-à-dire les revenus des riches avant qu’ils ne soient soumis aux impôts, et les revenus des pauvres avant les aides sociales, on prend les revenus secondaires, après ces transferts sociaux, on arrive à la courbe 3 (chiffres publiés par T. Piketty). La seule correction de la courbe 4 est que nous avons enlevé des revenus les bénéfices non distribués par les entreprises que T. Piketty considère comme un revenu…. !
Notons que dans les artifices utilisés par T. Piketty, il faut dilater la courbe vers les très hauts revenus et aller au millième ou dix millième pour voir la courbe s’infléchir. Et cette chute ne tient pas compte de ce que nous avons appelé l’impôt-risque, c’est-à-dire la contribution des plus riches au risque industriel ; ce prélèvement leur coûte très largement plus que le gain théorique d’impôt découlant de la chute de la courbe. Mais un professeur dont le traitement tombe tous les mois ne sait pas ce que c’est que l’impôt-risque.
Plus grave, T. Piketty savait parfaitement qu’il trichait. Nous avons en effet un email d’un économiste qui a participé à sa première présentation ; il avait bien remarqué que sa courbe 50 était limitée à 20 millions et excluait les chômeurs et les Bettencourt ; il a demandé à T. Piketty si de passer des 20 millions de Français à la totalité des 50 millions changeait les résultats, et la réponse de T. Piketty a été non !
Passons à Joseph Stiglitz.
Auréolé de son prix Nobel, tout ce qu’il dit est pris pour argent comptant. Mais regardons ce qu’il écrit la tête froide.
Dans son chapitre 9 intitulé « une politique macroéconomique et une Banque centrale par et pour le 1% », J. Stiglitz tente de nous faire croire que la politique de la Fed a été dictée par les lépreux de la société, le 1%, le 1% des plus riches, que ce seraient eux qui feraient la décision de la Fed et à leur profit. Il rappelle que la baisse des taux n’a guère eu d’effet sur l’investissement (et continue de ne pas en avoir mais pour la raison que les riches n’investissent plus, raison totalement étrangère à J. Stiglitz.
Par contre, il se lamente sur les conséquences de la chute de cette baisse sur les retraités : « En revanche, cette baisse avait un coût : tous les retraités qui avaient investi prudemment en bons d’État ont vu soudainement leurs revenus disparaître par ce biais, il y eut un gros transfert de richesse des personnes âgées à l’État, et de l’État aux banquiers » (page 334 de l’édition française).
Tous les retraités ou les fonds de retraite ont en effet des montants importants investis dans des fonds d’État ou des « muni » (municipaux) mais sur des emprunts qui n’expirent pas tous à la fin de l’année en cours ou ne sont pas « callable » immédiatement. Les portefeuilles usuels sont investis sur des moyennes de 5 à 10 ans, sinon plus. Comme ce sont des obligations, les revenus ne chutent pas et restent stables. La chute des taux d’intérêt n’a eu qu’un seul effet, c’est de donner plus de valeur à ces bons, et les portefeuilles retraite se sont au contraire fortement revalorisés. Il est tout simplement ahurissant de voir un prix Nobel se dévaluer aussi stupidement.
Autre irresponsabilité : il cite page 174 les travaux de Piketty et Saez sur le maximum de Laffer, le taux d’imposition au-delà duquel le rendement de l’impôt chute, et cite 70% comme ce maximum – T. Piketty prend même 77%). Mais J. Stiglitz a repris les dires des deux compères sans même avoir été les regarder. Car s’il l’avait fait, il se serait aperçu que ce taux dérive d’un calcul de Saez établi sur une statistique sur les plus hauts revenus aux USA, hauts revenus où ne figurent que des salaires alors que dans les hauts revenus, la composante la plus importante ce n’est pas les salaires, mais les revenus mobiliers.
Mais le plus grave est que J. Stiglitz excommunie les riches sans même avoir été regarder qui ils sont.
Un peu partout dans ses écrits, en particulier page 362, on peut lire « En réalité, les très hauts revenus proviennent largement de ce que nous avons appelé les « rentes ». Ces rentes transfèrent les dollars du bas et du milieu vers le haut et faussent le marché- au profit de certains, au détriment des autres ».
Or J. Stiglitz a été à la tête du Council of Economic Advisers de Bill Clinton, donc l’un des premiers informés des travaux de la Fed, et n’a pas pu ignorer les travaux de la Fed sur la fortune des Américains, n’a pas pu ignorer les travaux de Wolff sur les inégalités de patrimoine, son sujet, et ne pas découvrir que 75% du 1% sont des petits entrepreneurs, qui, au grand étonnement de Wolff qui ne sait pas comment l’expliquer, vivent et sont devenus riches grâce à une entreprise qui n’est même pas incorporée . Ce ne sont pas des rentiers mais des personnes qui ont travaillé dur toute leur vie et pris des risques.
Nous ne pouvons ici que rejoindre les conclusions de « Inégalités, la science-fiction de Stiglitz en notant seulement que non seulement Stiglitz est un imposteur mais qu’il le sait.