Y a-t-il pire dépense publique que les subventions aux entreprises ?
Par A. Barton Hinkle, depuis les Etats-Unis.
Un article de Reason.
Aucune discussion sur la redistribution ne serait complète sans parler d'une des pires qui existe : la redistribution envers les entreprises.Peu importe le biais politique qui la soutienne, l'aide sociale aux personnes a au moins une noble cause : réduire la souffrance. Ce n'est pas le cas de celle envers les entreprises, qui a tous les inconvénients mais aucun avantage.
La seule qualité, s'il en est, de l'aide aux entreprises est sa relative petite taille. Washington dépense en un an environ 100 milliards de dollars de subsides pour les riches peu méritants. C'est une fraction négligeable de la dépense sociale fédérale (Medicare à lui seul coûte plus de 670 milliards de dollars cette année) mais c'est toujours 100 milliards de trop.
C'est trop à cause des multiples vices cachés du système. Un exemple typique de ces défauts nous provient de l'administration Obama à travers Solyndra, une entreprise que The Washington Post définit comme « le projet-phare du Président Obama pour aider à la création d'emplois verts. » L'idée principale, autre que venir en aide aux principaux créanciers de Solyndra qui ont donné de grosses sommes d'argent pour favoriser l'élection d'Obama, était d'utiliser le pouvoir gouvernemental pour compenser les « défaillances du marché » qui signifie en langage démocrate « les choix fait par d'autres qui ne nous conviennent pas. » La véritable faillite se révéla être Solyndra.
Les défenseurs de l'administration Obama disent qu'ils (les membres de l'administration Obama) ne peuvent être blâmés parce que personne n'a vu venir l'excès de production de panneaux solaires ou la chute des prix du silicium, Solyndra ayant aussi fait un mauvais pari sur le type de panneaux solaires à produire, etc, etc.
Les pragmatiques économiques diront que le problème réside bien là : les personnes au gouvernement ne possèdent pas de dons magiques qui leur permettraient de voir mieux et plus loin que les individus travaillant dans le privé et pourtant, ils agissent comme si c'était le cas.
Et pendant que les républicains ont passé un bon moment à rire de la débâcle de Solyndra, l'aide aux entreprises reste un problème bipartisan. Pour des raisons évidentes, elle trouve soutien auprès des grands patrons républicains et des Chambres de Commerce qui sont parfois aussi réfractaires au marché libre que l'étudiant trotskiste moyen. Les chefs d'entreprise n'aiment parfois rien de plus qu'un coup de pouce du gouvernement pour écraser les concurrents.
Les républicains sont toujours prêts à rendre service. Par exemple, le gouverneur de Virginie, Bob McDonnell, a distribué de l'argent et a aidé un tas d'entreprises, grandes comme petites : Backcountry.com, un site internet de e-commerce, a reçu 300 000$ l'année dernière. General Electric a reçu le même montant pour recruter et former des travailleurs pour son centre informatique à Henrico. La Virginie a dépensé des millions pour que Microsoft installe un centre de traitement données à Mecklenberg, et encore quelques millions pour que le réalisateur milliardaire Steven Spielberg y tourne son biopic sur Lincoln.
Quand il supprime les subventions à l'audiovisuel public, McDonnell insiste sur le fait que « Nous devons être sérieux au sujet des dépenses gouvernementales c'est-à-dire, nous concentrer sur nos fonctions régaliennes et éliminer toutes dépenses pour des programmes et des services qui peuvent être laissés au secteur privé. » Recruter et former des travailleurs pour General Electric fait-il partie de ces fonctions ?
Les républicains aiment se moquer de l'aide fédérale aux énergies vertes mais en même temps, les compagnies pétrolières vont recevoir 1,4 milliards d'aides aux entreprises pour cette année fiscale. Les petites entreprises en auront, elles, plus de 3 milliards. Vous n'entendez pas beaucoup de conservateurs s'en plaindre.
Si nous prenons en compte les aides indirectes, l'étendue de l'aide aux entreprises semble encore plus grande. Prenez, par exemple, le programme fédéral sur le sucre qui coûte aux citoyens américains plus de 3 milliards de dollars par an.
Ce coût n'est pas entièrement imposé par un système de taxes. En fait, le gouvernement fédéral a mis en place un prix minimum du sucre qui n'induit pas seulement une hausse du prix du sucre (qui est 50% supérieur aux États-Unis) mais aussi, du prix des produits contenant du sucre. De plus, des quotas d'importations limitent la quantité de sucre qui peut venir de l'étranger. C'est une des raisons pour lesquelles il y a autant de sirop de glucose dans la nourriture industrielle : c'est un substitut bon marché rendu encore plus abordable par les subventions aux exploitations agricoles de maïs.
Ce serait plaisant de penser supprimer l'aide aux entreprises et de ne laisser en place que les programmes d'aides sociales qui viennent en aides aux plus démunis mais comme le note Tad DeHaven du Cato Institute : « le pouvoir politique nécessaire pour redistribuer les revenus vers les pauvres est un pouvoir qui peut aussi être utilisé pour les transférer vers les riches, et les riches sont habituellement mieux organisés politiquement et plus à même d'utiliser la force politique pour leurs intérêts. »
Pour faire simple, un gouvernement suffisamment gros pour faire tout ce que vous voulez et aussi suffisamment gros pour faire tout ce que vous ne voulez pas.
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Article original - Traduction Xelectro/Contrepoints