Magazine

Le lac

Publié le 11 juin 2013 par Anosenfants

Aquarelle

Connaissez-vous ce lac en bord duquel poussent des bruyères sauvages abritées par des pins et des genêts. Je m'y baigne parfois dans mes rêves. L'odeur m'est familière, un mélange d'herbes parfumées, grillées par le soleil et de champignons mousseux trempant dans les ombres. la température est à peu près toujours la même. Est-ce que l'on rêve plus d'un moment que d'un lieu ?

L'eau est brune, j'ai peur de ce qu'il pourrait y avoir sous moi. Je m'accroche à la vision de mes bras que j'allonge en longues brasses. Je reste concentrée sur ma respiration, je me défie à chaque expiration. On y pêche des truites et des brochets. On y a vu serpenter à la surface des couleuvres ou des vipères. Certains disent qu'elles ne peuvent pas me piquer dans l'eau. D'autres affirment le contraire. Je continue mon avancée patiente, je traverse des courants chauds, puis glacés. Je lutte pour détendre mon corps qui se crispe. Je garde les yeux fixés sur la rive, il fait beau, je peux l'atteindre. J'allonge mes jambes au maximum pour éviter qu'elles sombrent dans les profondeurs où de longues herbes me frôlent. Chaque brassée est un exploit de plus et une imbécilité de trop. Au milieu du lac, je ne sais plus pourquoi je suis là. Je regarde en arrière et l'on me salue du bord. Je continue d'avancer et j'atteins ce petit bout de plage isolé.

Je ne pourrai pas revenir en arrière et retraverser cette épreuve. Je ne le peux pas. Je suis seule, idiote, et froussarde. L'eau me semble de plus en plus noire, peut-être même plus épaisse. Ça sent le gazoil des bateaux à moteurs. D'en face, des bras me font signe de rentrer. Alors je vais sans doute mourir, c'est sûr, mais je replonge. Je coule et mouille ma tête et en reprenant mon souffle je suis accompagnée. Une force invisible m'encourage. Je sens le regard de ces autres sur la rive et cela me donne une force inouie. Mon corps devient athlétique et j'enchaîne de vives et énergiques brassées. J'atteins si vite la rive que le monde me sourit. J'ai eu si peur. Je suis tellement vivante. J'ai envie d'embrasser tout le monde, de me coller à leur peau chaude, de me mêler et de faire tas.

Je me réveille et je veux être avec vous.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anosenfants 1684 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte