Promenade autour de l'excellence à la Française : la maison Lesage

Aujourd'hui, Lucie et moi sommes allées chez Fried, qui fournit, entre autres, les maisons d'art du groupe Chanel. Tandis que nous étions dans la réserve à reluquer les stocks vintage (oui, nous allons dans la réserve, parfaitement), une vendeuse préparait un colis pour Lemarié. Au mur, un portrait de François Lesage, et sur les étagères, des tonnes (littéralement) de pompons de perles, de paillettes, de cabochons, de bijoux griffés ... Une petite promenade dans les archives de la broderie, ça vous dit ?

La maison qui est à l'origine de Lesage a été fondée par Albert Michonet, en 1868, qui travaillait principalement pour ... Charles Frederick Worth. Albert Lesage, le père de François, rachète la maison en perte de vitesse, en 1924. Après la première guerre mondiale, la mode n'est plus au vêtement orné, et les couturiers ne commandent que peu de pièces monumentales. Contrairement à ce qu'on peut penser, la robe charleston n'a pas encore fait son apparition, et cette mode sera autant éphémère que coûteuse. Il collabore donc petit à petit avec les plus grands : Schiaparelli et ses motifs surréalistes, par exemple, qui sauvent in extremis la maison dans les années 30. 

François Lesage prend la suite de son père, à tout juste 20 ans, en 1949. Le New Look est là, et avec lui, une nouvelle envie de luxe. La maison, forte de son siècle de stock, se plie à toutes les fantaisies. Le pari est gagné, la broderie d'art redémarre ! François, envoyé en Californie durant ses jeunes années, avait dessiné des motifs pour Hollywood, et il rentre avec des paillettes plein les yeux ! Son style frais inspire surtout la jeune génération de créateurs, Christian Dior, Hubert de Givenchy, et plus tard Yves Saint Laurent. 

En 1992, François Lesage ouvre une école, puisque (sic) "Un pays qui perd son artisanat est un pays qui meurt". L'école est juste en-dessous des ateliers, au 13 rue de la Grange Batelière, à Paris. Les ateliers, eux, sont sous les toits, exigus mais suffisants. 

En 1997, Chanel rachète les maisons qui travaillent sur ses collections, Lesage en fait partie. 


François Lesage disparaît le 1er Décembre 2011, mais la maison lui survit, aujourd'hui elle est garante d'une tradition et d'un savoir-faire inégalables.