Magazine

Landru, 6h 10, temps clair, exposition au musée des lettres et manuscrits

Publié le 14 juin 2013 par Mpbernet

14 juin 2013

avecsamaitresse

Une des affaires criminelles des plus sordides et peut-être la plus célèbre des cent dernières années, celle d’un serial killer méticuleux, petit-bourgeois, charmeur malgré un physique vraiment peu engageant, et qui sera perdu par sa manie de consigner ses moindres dépenses et recettes, comme un rond de cuir du crime tandis que ses contemporains se font hacher dans les tranchées.

petitjournal

Car Henri-Désiré Landru, qui commence sa carrière comme escroc à la petite semaine, est un homme précis. Il change d’identité très souvent – fastoche en des temps si troublés où les fichiers anthropométriques sont à leurs débuts – car il a déjà plusieurs condamnations pour escroquerie à son casier et la prochaine peut lui causer la relégation, c’est-à-dire l’exil en Guyane pour récidive (on ne mégotait pas à l’époque !). Son truc est l’arnaque à la caution : il recrute des commis-arpenteurs auxquels il confie la tâche de relever les cotes de terrains ; il leur remet pour ce faire le matériel (un décamètre et une chaîne d’arpenteur) contre une caution bien supérieure à la valeur de ces objets, puis il disparaît avec les cautions … C’est donc sous le nom de Guillet, Dupont, Desjardins, Prunier, Frémyet …qu’il se présente à ses victimes. Difficile à recouper. (Difficile, puisqu'avant d'être incinérés, les corps  seront démembrés !)

photoanthropometrique

victimeslandru

landru_cuisiniere

tableauinstruction

exécution

La guerre et son cortège de jeunes veuves lui donnent une nouvelle opportunité d’action. Il jette son dévolu sur des femmes ayant un pécule. Elles sont majeures, leur disparition ne sera jamais signalée immédiatement

On en comptera onze, dix femmes et un jeune homme. Sa technique d’approche est rodée : une petite annonce matrimoniale dans la Presse, une rencontre, une courte idylle et hop …. L’amoureuse disparaît. On en retrouvera les restes dans la cuisinière en fonte de la villa de Gambais, sans jamais retrouver un seul cadavre.

L’exposition met sous les yeux l‘essentiel des pièces du dossier d’Assises : les procès-verbaux des interrogatoires – et on est admiratif devant la perfection de la dactylographie – et surtout les étapes du patient travail de recoupement de l’inspecteur Belin qui parviendra à l’arrêter en avril 1919.

Celui qui deviendra le plus célèbre barbu de l’histoire criminelle, qui fera rire l’assistance nombreuse à son procès par ses bons mots « J’aimerais avoir plusieurs têtes à vous offrir », et malgré tout l’art de son avocat Maître Moro-Giafferi, n’échappera pas à son bourreau Anatole Deibler, qui notera, au matin du 25 février 1922 sur son compte rendu lapidaire d’exécution capitale : « 6h 10, temps clair » …

Je reste tout de même sur ma faim : je ne crois pas avoir vu l’original du carnet de notes, le fameux agenda des fiancées, où Landru consignait jusqu’au détail le plus cynique comme les 15fr. qu’il a récupéré du dentier d’une de ses victimes … ou, à la date du 27 décembre : 1 aller et retour Gambais ….4,96 fr. ; 1 aller simple … 3,10 fr.

Jusqu’au 15 septembre au Musée des lettres et manuscrits, 222, boulevard Saint-Germain Paris 7ème, sauf le lundi.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mpbernet 50874 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte