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Odysseus...

Publié le 14 juin 2013 par Philippejandrok

Mosa_que_tun_Ulysse.jpgHier, comme de nombreux téléspectateurs, j'ai regardé la nouvelle série Odysseus sur Arte, elle n'était pas exactement celle que j'attendais, mais elle a su me séduire, Pénélope était aussi belle que celle que j'imaginai dans mon enfance, car j'ai grandi avec Ulysse et ses compagnons. Je me souviens que j’avais un poster représentant les dieux grecs au dessus de mon lit, j’avais dix ans, je les connaissais par cœur, je les préférais à tout autre déité, mais j’ignorais combien ils étaient fourbes et mauvais, en grandissant j’appris à les connaître mieux encore et à aimer Ulysse, Ulysse, fier combattant qui osa défier les dieux…

En 2006, j’écrivis une série de texte sur l’antiquité Grecque, sur les dieux, sur les mythes, je me rendis en Grèce, mais les dieux étaient morts depuis longtemps. La Grèce fut d’une prodigieuse déception, elle était plus belle dans mes rêves. Je n’ai jamais cherché à publier mes textes, si, une fois, un homme que je croyais mon ami publia un de mes poèmes en l’illustrant, il vendit quelques livres, les vends peut-être encore, je n’en sais rien, peut-être ai-je un succès que j’ignore.

La Grèce n’était plus à la mode depuis longtemps, et puis hier soir me rappela ces textes et je les relu aujourd’hui avec plaisir, en me disant que je pourrais les partager avec mes lecteurs, qui sait, peut-être les apprécieront-ils.

Je les ai déposé, Oh ! pas par orgueil, mais dans ce monde abominibale, chacun se sert du travail de l’autre pour s’enrichir personnellement, c’est juste une précaution, ainsi, tout ce que je demande est que l’on ne me vole pas ces textes, ils sont protégés et nécessitent mon autorisation pour une publication, merci pour votre compréhension.

L’arc d’Odysseus

Vingt années d’errance n’ont pas suffi, à Pénélope pour qu’elle l’oublie. Tissant le jour, filant la nuit, fibre sensible, la tapisserie. Se retrouvèrent à Troie, lui et ses soldats, bien plus nombreux, étaient les hommes du Roi. Après dix ans de guerre, la perte d’Achille, dieu des soldats, compagnon de combat. De ruse, il usa pour vaincre le fracas et malgré la victoire, dans un élan d’orgueil face à la mer, il provoqua Poséidon et subit le courroux des dieux.

C’est lui qui eut l’idée du cheval de bois, vide son antre, pleine de soldats. Les viscères, chargées de lames et de carquois, en pleine nuit, ils écrasèrent la ville de Troie. Agamemnon, roi cannibale, avide de victoires et de combats, brisa la cité de ses armées métisses, et s’écroulèrent les murs, ceux du palais et de la raison pure.

Odyssée, pilla comme les autres, d’un malheur fier, d’un malheur glauque, et pensait ramener de sa nuitée, le butin Troyen dévalisé. Après être passé à l’attaque, son rêve fut de retrouver Ithaque, mais la mer est capricieuse et l’aventure moins heureuse, donnant à Odyssée, une leçon méritée, celle de la vanité.

Poséidon il a défié, il aurait pu le remercier, son arrogance d’un moment, a éclairé son châtiment. Accompagné de tous ses gens, Odysseus vogua longtemps, sur les mers et les continents. Déployés, focs et voiles de safran, gonflées par le caprice des vents, les Dieux où les Titans. Il a navigué de longues années en espérant vaincre le temps... S’échouant ici, sur l’Ile de Polyphème, ou sur celle de Circée, ses camarades, en pourceaux changés, et lui en Silène, tel était le pouvoir de la magicienne. Il vécu des aventures, la voix cassée sans tessiture, parfois grandioses, parfois obscures.

Sur son Ile, se trouvait l’arc d’Euritos, un présent d’une chasse, de la part d’Iphitos. Pour le bander, Roi, il fallait être né, et porter le nom d’Odyssée.

Alors qu’il voguait vers sa bien aimée, les prétendants s’ennuyaient à courtiser, servantes et valets, tout au long des étés. Et Pénélope, sa belle épousée, pleurait tristement le soir, son tendre passé. Des prétendants, le ressentir elle nourrissait, ne cessant de grandir sur les dards, sa rage féroce sur l’étendard, Pénélope, de ses forces fragiles, Athéna implorait pour une fin ultime :

- Puisses-tu les mener à leur perte et d’un coup de lame, tombe leurs têtes

Puisses-tu à jamais les bannir, rester humble, sans me trahir…

Pauvre Ulysse qui naguère pavoisait, dans les couloirs de son palais, prisonnier de la colère des dieux, face à Tirésias il implorait, car dans le royaume d’Hadès, se trouvait la route secrète qui lui manquait :

- Oh Dieux, leur dit-il,

Vous qui êtes heureux,

Permettez à Éole de soulever mes voiles

Afin que finissent ces champs de bataille.

J’aimerais tant retrouver le calme,

Eprouver le repos de mon âme

Entre les cuisses de Pénélope,

Plus belle qu’une soie qui flotte.

Laissez moi retrouver Ithaque,

Et daignez que je m’assieds dans le parc,

Là, sous l’olivier millénaire, où chantait jadis mon père.

Oh Dieux,

Ne la sentez vous pas qui se démange,

La corde tragique qui dérange,

Les tiges de bois frétillent dans leur carquois.

La fibre réclame que je me venge,

Ne faites pas trop lente cette attente,

Et permettez que je rejoigne les lieux,

Libéré du serment de vos voeux.

Mais implorer les Dieux ne suffit pas toujours à les émouvoir. Responsables et heureux, ils sont de son retard.

Odyssée contraint d’obéir, passa dix années à les servir. Dix années de plus à souffrir, mille tourments, mille soupirs. Au terme de l’exil, finalement autorisé à rejoindre son Ile. Les dieux sont bons lorsque l’on baisse d’un ton.

Grâce à la barque d’Alcinoos, Ithaque enfin, pied nus et sans chausses, se trouvait là rabougris et laid, Odysseus vieillit de ce fait. Couvert d’un froc du bure, le roi n’avait pas fière allure. Mais la pierre avait la même odeur et les arbres, la même couleur. Le sable toujours aussi blanc et le soleil au firmament. Les olives au bout des branches, pendaient lourdement comme des tanches, pressées sous la pierre blanche, le jus épais entre les planches. Le doux breuvage couleur de soleil, s’écoulait dans les jarres comme le miel, Odyssée aurait voulu placer la main, sous le liquide tendre et divin. Pour retrouver la saveur et le goût, de ses vieilles larmes par à-coups. Après avoir lécher ses doigts, la saveur se rappela, il n’était nul autre endroit, que celui qu’il foulait du pas. Afin de présenter ses hommages et d’éviter nouvel outrage, Odysseus s’arrêta au temple d’Apollon, pour l’honorer de son nom. Puis, il se dirigea vers le palais, où Argos, son vieux chien l’attendait. À peine entr’aperçut, l’animal le reconnut, aussitôt à ses pieds un soupir, il s’étendit là pour mourir. Délicatement, Odysseus saisit la tête de l’animal, dans ses mains fermes et brutales, il laissa tomber une larme, sur la truffe noire en forme de poire. Une caresse ultime, sur la tête paisible d’un voyageur impavide.

Le regard gonflé d’émotion, Odyssée marcha vers la maison. Venant vers lui, un jeune homme, tenant dans la main une pomme. Celui-ci la lui tendit, en lui souhaitant la bienvenue et Ulysse reconnut l’enfant qu’il avait quitté, il y a longtemps. Il était à présent jeune et beau et dans son regard insouciant. Par sa beauté, stupéfait, Odysseus respectueux demandait :

- Enfant d’un roi du passé,

Conduis-moi à l’arc d’Odyssée

Pourquoi ne pas mener ce vieillard en robe de bure, en cet endroit sombre et obscure, il vaut autant que les prétendants, qui rêvent d’assassiner l’enfant. Dans le cénacle se trouvait la pièce de bois, huilée, elle attendait qu’on la déploie. Mais sa taille et son poids en faisaient un exploit. Odysseus la saisit entre ses doigts.

- Cet arc a été sculpté par les dieux pour un Roi, lui dit Thélémaque

Odysseus peut seul le bander, et pas toi,

Mais tu peux le tenir si tu le souhaites,

Sous le regard curieux de sa chouette

La corde tendue, le vieillard décocha une première flèche. Dans la pierre, celle ci fit une brèche. Se prosterna l’adolescent, car, l’homme était son parent. Tous les deux entrelacés, sanglotèrent comme des enfants.

- Fils, il faut à présent libérer ta mère,

Il est temps de venger l’outrage des pairs.

Dans la salle du royaume, comme chaque jour, les prétendants réunis se trouvaient à rire, à boire, à courtiser les servantes avec insolence, à faire des tours d’ivrognes des faubourgs. Odysseus, coiffé de son heaume, à coup de dards, jeta sa haine sur les couards. Chaque flèche transperçait ceux qui jadis souhaitaient qu’il succombe. De leurs cris apeurés, ils s’éteignaient sans fierté dans la tombe. Les serviteurs fidèles jetèrent les corps à la mer, ceux qui avaient trahi, ne reçurent nulle prière. Mais Pénélope douta de sa force et demanda à voir la cuisse du colosse. Celui-ci s’exécuta, une cicatrice il dévoila, une vieille blessure, un sanglier sombre et dur, avait blessé le roi d’Ithaque, dans sa jeunesse avec son arc. Tombant dans les bras de son époux, des larmes comme mille perles argentées dans le cou. Il conta son exode à la suite de cet épisode macabre, là, sous le même arbre où débutèrent les palabres.

Enfin, son arc dans une main, il tira une flèche vers les cieux. Celle-ci se figea dans le trône des Dieux et fit s’écouler des larmes de feu. De rage, Zeus envoya la foudre, qui en touchant le sol, figea la roche en poudre. Dans la tranchée déchirée, Ulysse déposa son arc, pour n’oublier jamais, qu’il permit de libérer Ithaque.

L’arc dans la pierre, hier a été découvert, au seuil de l’été, au pied d’un sablier. Je l’ai lu sur un bout de papier, perdu sur le sol d’un marché. Curieux, j’ai voulu voir, ce que personne ne pouvait croire Je l’ai cherché pour partager, mon émotion pleine de tension. Regardez, écoutez et touchez, l’arc prisonnier de la pierre est à présent libéré. N’appartenant à personne, libre à chacun de le bander et de savoir, qui est réincarné en cet homme du passé.

J’ai retrouvé l’arc d’Odyssée, sur un papier, dans un marché…

©Philippe-Alexandre Jandrok 2006


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