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J’ai donc terminé les mémoires d’Edna O’Brien, Fille de la...

Publié le 16 juin 2013 par Mmepastel
J’ai donc terminé les mémoires d’Edna O’Brien, Fille de la campagne.
Je ne sais pas si c’était une bonne idée de les lire aussi rapidement après avoir découvert cette auteure, peu importe ; les prochains romans que je lirais d’elle seront Crépuscule irlandais et Décembres fous.  J’ai été très frappée par cette autobiographie, même s’il est vrai que je ne suis pas une experte du genre. Mais il m’a semblé que celle-ci était particulièrement élégante et touchante. Comme dans ses fictions elle réussit à brasser dans un même mouvement le très intime et l’Histoire, avec vérité, ornements, dorures ou rudesse des éléments. Se dessine la vie d’une femme peu ordinaire, et on reste parfois bouche-bée devant sa capacité à rester debout face à des événements ou traumatismes très durs, devant son courage pour tracer farouchement sa route hors des sentiers battus. Toute sa vie elle a dû lutter contre des dogmes, des préjugés, des obligations sévères, et elle l’a fait. Elle ne prétend pas avoir eu de courage particulier et ne semble tirer aucune gloire de ses combats, mais plutôt avoir été mue par un besoin impérieux de faire ce qu’elle croyait juste, ce que lui dictait son instinct, son caractère si solidement forgé, malgré une culpabilité soigneusement instillée depuis l’enfance. Elle parvient donc à surmonter l’enfance, l’amour étouffant d’une mère, la violence d’un père, les privations et les blâmes d’un couvent semblant dater d’un autre siècle ; elle dépasse son image de rebelle lorsqu’elle se marie contre l’avis de sa famille, lorsqu’elle se met à écrire et que ses livres sont brûlés sur l’autel catholique ainsi que sur celui de la sphère familiale. Elle réussit à récupérer la garde de ses deux fils alors qu’elle ne ressemble pas à une mère conventionnelle et que son ex-mari la harcèle moralement.
Toute sa vie, elle cherche sa place, un refuge, mais elle est pour toujours déracinée, exilée. Elle-même tout le temps, chez elle nulle part. Elle peut se griser quelques temps avec des célébrités, notamment celles d’un Swinging London assez alléchant, elle doit toujours revenir au cœur d’elle-même, l’écriture, son centre de gravité, sa véritable maison, elle qui n’a pas réussi à en posséder une pour de bon.
À 82 ans, Edna O’Brien se dresse devant nous sans fard, elle à qui on a reproché d’être trop jolie pour être honnête (ou talentueuse). Et croyez-moi, elle est grande.

J’ai donc terminé les mémoires d’Edna O’Brien, Fille de la campagne.

Je ne sais pas si c’était une bonne idée de les lire aussi rapidement après avoir découvert cette auteure, peu importe ; les prochains romans que je lirais d’elle seront Crépuscule irlandais et Décembres fous.
J’ai été très frappée par cette autobiographie, même s’il est vrai que je ne suis pas une experte du genre. Mais il m’a semblé que celle-ci était particulièrement élégante et touchante. Comme dans ses fictions elle réussit à brasser dans un même mouvement le très intime et l’Histoire, avec vérité, ornements, dorures ou rudesse des éléments.
Se dessine la vie d’une femme peu ordinaire, et on reste parfois bouche-bée devant sa capacité à rester debout face à des événements ou traumatismes très durs, devant son courage pour tracer farouchement sa route hors des sentiers battus. Toute sa vie elle a dû lutter contre des dogmes, des préjugés, des obligations sévères, et elle l’a fait. Elle ne prétend pas avoir eu de courage particulier et ne semble tirer aucune gloire de ses combats, mais plutôt avoir été mue par un besoin impérieux de faire ce qu’elle croyait juste, ce que lui dictait son instinct, son caractère si solidement forgé, malgré une culpabilité soigneusement instillée depuis l’enfance. Elle parvient donc à surmonter l’enfance, l’amour étouffant d’une mère, la violence d’un père, les privations et les blâmes d’un couvent semblant dater d’un autre siècle ; elle dépasse son image de rebelle lorsqu’elle se marie contre l’avis de sa famille, lorsqu’elle se met à écrire et que ses livres sont brûlés sur l’autel catholique ainsi que sur celui de la sphère familiale. Elle réussit à récupérer la garde de ses deux fils alors qu’elle ne ressemble pas à une mère conventionnelle et que son ex-mari la harcèle moralement.

Toute sa vie, elle cherche sa place, un refuge, mais elle est pour toujours déracinée, exilée. Elle-même tout le temps, chez elle nulle part. Elle peut se griser quelques temps avec des célébrités, notamment celles d’un Swinging London assez alléchant, elle doit toujours revenir au cœur d’elle-même, l’écriture, son centre de gravité, sa véritable maison, elle qui n’a pas réussi à en posséder une pour de bon.

À 82 ans, Edna O’Brien se dresse devant nous sans fard, elle à qui on a reproché d’être trop jolie pour être honnête (ou talentueuse). Et croyez-moi, elle est grande.

  • #Edna O'Brien
  • #Littérature

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