Abdellatif Kechiche: rétrospective

Abdellatif Kechiche

Il a l’art de savoir nous plonger dans un univers particulier à chacun de ses films. Il nous fait partager les peines et les joies de ses personnages grâce au regard bienveillant qu’il pose sur eux. Sous nos yeux, leurs défauts se transforment en qualités et leurs failles s’en trouvent sublimées. Ses films transpirent la tendresse pour les paumés, les marginaux. Son univers est peuplé de Don Quichottes et d’amazones. Récemment, son travail a été reconnu par, sans doute, la plus grande distinction de cinéma au monde qui l’a fait entrer par la grande porte dans le cercle restreint des réalisateurs à palme. Abdellatif Kechiche a fait parler de lui avec son film : « La vie d’Adèle », en attendant sa sortie en Octobre, voici une rétrospective sur son travail à travers trois de ses films les plus marquants :

La faute à Voltaire :  Année : 2001 ; Acteurs : Sami Bouajila, Élodie Bouchez ; Durée : 2h10mn

La faute à Voltaire

Jalel est tunisien, il entre clandestinement en France, se présente comme algérien et espère obtenir le statut de réfugié politique. En attendant le précieux sésame, on le suit dans un périple qui l’amène à rencontrer une multitude de personnages hauts en couleurs et de tout bord, tous partagent avec lui une situation précaire et tous sont prêts à l’aider pour surmonter la situation délicate dans laquelle il se trouve. Le traitement du sujet est léger, jamais grave, presque naïf, tout comme la légèreté avec laquelle ces personnages réagissent face à la dureté de la vie, trop occupés à prendre ses coups, sans jamais avoir le temps de prendre du recul sur leurs situations.
Récompenses :
Ce film a obtenu entre autres :
– Le prix Luigi de Laurentiis (meilleure première oeuvre) à la Mostra de Venise

L’esquive :  Année : 2004 ; Acteurs : Osman Elkharraz, Sara Forestier ; Durée : 1h57mn

l’esquive

Dans ce film, Kechiche présente la banlieue comme un espace bouillonnant et créateur en racontant l’histoire d’une bande d’adolescents de la banlieue qui préparent une pièce de théâtre. Autour de cette action centrale, les personnages se disputent, s’aiment et se détestent dans un joyeux désordre. Le film est servi par des acteurs amateurs et cela se ressent dans la fraîcheur et le naturel de leur jeu. Une œuvre réussie qui a lancé quelques carrières, notamment celles de Sara Forestier et de Sabrina Ouazani.
Récompenses :
Ce film a obtenu entre autres :
– Le césar du meilleur film français de l’année.
– Le césar du meilleur réalisateur.
– Le césar du meilleur jeune espoir féminin pour Sara Forestier.
– Le césar du meilleur scénario original ou adaptation.

La graine et le mulet :  Année : 2007 ; Acteurs : Habib Boufares, Hafsia Herzi ; Durée : 2h31mn

La graine et le mulet

Ce film retrace le parcours d’un père de famille (Slimène) d’origine maghrébine, qui vient d’être licencié. Au pied du mur, Slimène se lance dans un nouveau projet : la transformation d’un vieux chalutier en un restaurant de couscous. Entre l’obtention des différentes autorisations et des prêts nécessaires à la réalisation de son rêve, Slimène s’acharne contre une machine bureaucratique qui écrase toute bonne volonté dans ce qui ressemble plus au dernier espoir qu’il a de laisser une trace, un héritage à ses enfants. Rajoutez à cela des scènes magistrales de dîners familiaux, reflet de l’état d’esprit d’une communauté qui a du mal à trouver ses marques et qui trouve du réconfort à rester unie. Ce film a révélé Hafsia Herzi, éblouissante dans ce rôle de personnage catalyseur.
Récompenses :
Ce film a obtenu entre autres :
– Le césar du Meilleur film français de l’année.
– Le césar du Meilleur réalisateur.
– Le césar du Meilleur jeune espoir féminin.
– Le césar du Meilleur scénario original.