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Frederick Douglass, cet autre héros "africain" de la liberté

Publié le 19 juin 2013 par Unmondelibre
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Mercredi le Congrès américain a inauguré une statue de Frederick Douglass dans la rotonde du Capitole. Il est difficile de penser à un homme plus digne de cet honneur. Ancien esclave Noir ayant pris la fuite et leader abolitionniste, orateur hors pair et éditeur de journal, diplomate et conseiller de présidents, Frederick Douglass fut sans aucun doute l’une des grandes voix de la liberté humaine. Allant bien au-delà de l’opposition à l’esclavage, Douglass était un défenseur acharné des droits individuels, que ce soit à propos des Noirs, des femmes, des Amérindiens ou des immigrés. De manière tout aussi importante, Douglass savait que le pouvoir de l’État constituait une menace pour ces droits.

Douglass comprenait que le rôle de l’État est de protéger les droits individuels et de garantir l’égalité devant la loi, et non de distribuer des faveurs à tel ou tel groupe. Par exemple, dans son célèbre discours d’avril 1865 intitulé « Ce que veut l’homme noir »,  Douglass a pu déclarer : « Le peuple américain a toujours été curieux de savoir ce qu’ils doivent faire à notre égard... Je n’ai eu qu’une seule réponse depuis le début. Ne faites rien ! Si le Nègre ne peut pas se tenir debout sur ses propres jambes, laissez-le tomber. Tout ce que je demande, c’est : donnez lui la chance de se tenir sur ses propres jambes ! Laissez-le tranquille ! ».

Le message de Douglass ne concernait pas seulement les Africains d’Amérique. Au contraire, ce message offre un critique cinglante à tous ceux qui croient que les hommes et les femmes ne peuvent pas être les maîtres de leur propre destin.

La liberté que Douglass brandissait n’était pas la liberté de « l’État-providence ». Simplement subvenir aux besoins matériels des gens n’était pas un substitut à leur donner leur liberté. Par ailleurs, « faire pour » peut trop facilement se transformer en « faire à », en réalité une occasion de faire « mal », comme le disait ce héros de la liberté. Il savait, comme le président Gerald Ford l’a bien plus tard déclaré, qu’« un État assez grand pour vous donner tout ce que vous voulez est assez grand pour prendre tout ce que vous avez ».

Il croyait fermement au « gouvernement limité », affirmant qu’il n’y avait pas « d’autorité gouvernementale pour adopter des lois, ni imposer l’obéissance à des lois qui vont à l’encontre des droits naturels et le bonheur des hommes ».

En outre, Douglass comprenait que la liberté économique est une composante essentielle de la liberté en général. Il croyait en la propriété privée et en l’accumulation du patrimoine. Quand un orateur de la Société Anti-Escalavagiste de Rhode Island compara le salariat à l’esclavage, Douglass réagit en qualifiant ces sentiments de « non-sens total », et fit valoir avec force que « le fait d’accumuler la propriété, loin d’être un péché, constitue le simple devoir de chaque homme de mettre de côté quelque chose pour l’avenir ».

Il rejetait la lutte des classes : « Je n’ai aucune sympathie pour la notion égoïste et étroite de l’économie qui suppose que chaque miette de pain qui entre dans la bouche d’une classe est prise dans la bouche d’une autre classe ». Et, tout en reconnaissant les imperfections du capitalisme dans la pratique, il voyait néanmoins ce dernier comme le meilleur vecteur de progrès individuel et économique.

En ce qui concerne la redistribution des richesses, Douglass nous mettait en garde : « Les non-producteurs reçoivent maintenant la plus grande part de ce que ceux qui travaillent produisent. Le résultat est naturel. Le mécontentement culmine dans exactement la même proportion que l’intelligence soutient l’aspiration ».

Ce ne sont pas exactement les sentiments que l’on entendrait en provenance d’Occupy Wall Street ou de l’administration Obama. En fait, les historiens modernes de gauche ont accusé Douglass d’avoir un « parti pris pro-capitaliste », selon les mots de Waldo Martin l’Université de Virginie. David Blight de Yale accuse Douglass de prêcher un « individualisme de laissez-faire ».

Peut-être. Certes, Douglass n’aurait pas apprécié l’État Léviathan actuel, qui indique aux gens comment épargner pour leur retraite, quelle assurance maladie prendre, quels organismes de bienfaisance soutenir, quoi manger, ou avec qui ils peuvent se marier. Il aurait été choqué par un État dans lequel environ 60 pour cent reçoivent plus de prestations que ce qu’ils ne paient en impôts fédéraux. L’homme qui prônait l’autonomie et le travail acharné n’aurait jamais accepté un Etat-providence qui a piégé des générations dans la pauvreté. Cet ardent défenseur de la réussite par l’éducation aurait été consterné par un système qui place les intérêts des enseignants au-dessus de ceux des élèves et qui force les parents à envoyer leurs enfants dans des écoles en difficulté. Et l’homme qui prêchait l’épargne et a écrit : « J’avais une crainte salutaire des conséquences du fait de m’endetter » se serait certainement opposé à la prodigalité d’une dette nationale de 16.700 milliards de dollars.

Un mémorial en l’honneur de Douglass aurait être érigé depuis longtemps au Capitole. Mais un hommage encore plus grand lui serait rendu si les membres du Congrès se rappelaient ce que ce grand homme a dit et ce pourquoi il s’est battu.

Michael Tanner, analyste au Cato Institute à Washington DC. Le 19 juin 2013.
Cet article a paru initialement en anglais sur le site du Cato Institute.


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