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Solstice

Publié le 21 juin 2013 par Rolandbosquet

solstice

   Techniquement, l’affaire ne présente rien de particulier. Les mêmes faits se reproduisent régulièrement depuis des temps immémoriaux. Vu de la terre, le soleil grignote depuis six mois sur le domaine de la lune. L’homme a souvent l’impression qu’il disparaît bien plus longtemps à cause de la grisaille du ciel. Ce n’est qu’une impression  qui l’induit en erreur. Imperturbable, le soleil poursuit inexorablement son chemin jusqu’à atteindre son apogée quelques soient les conditions météorologiques. Il faut lui reconnaître des circonstances atténuantes. Depuis les mêmes temps immémoriaux, il tente de rejoindre la belle Séléné et il n’y est toujours pas parvenu, la coquette se réfugiant, à chaque fois, dans les coulisses de la nuit. Mieux, dès le lendemain de son ultime tentative, la diablesse regagnera, petit à petit, le terrain perdu depuis les six mois écoulés. Chacun connaît, du plus modeste hameau jusqu’à la plus vaste métropole, les déboires du pauvre Hélios. Chacun sait que ses chances de séduire sa voisine de pallier sont des plus minces. Pourtant, on ne manque jamais d’allumer en son honneur de grands feux de joies sur la place du village ou le square du quartier. On sort les tables et les tréteaux, on mange, on boit, on chante, on rit, on danse. Parfois même on embrasse à pleine bouche dans l’espoir d’allécher la promise. On a même ajouté aux festivités antiques un concours de bruit. Comme si le son des cymbales pouvait suffire à repousser la nuit et ajouter ainsi aux fortunes du soupirant. Las ! Rien n’y fait. En dépit des longs solos de guitare électrique, trompettes et autres tambourins, malgré les innombrables gammes massacrées en tous lieux et sous toutes les latitudes  et nonobstant les  réveils difficiles des apprentis apollons. Le soleil a rendez-vous avec la lune mais la lune ne le sait toujours pas. Elle monte, elle descend, court de nœud lunaire en nœud lunaire, illumine la campagne ou s’accoutre en veuve noire. Placide et flegmatique, elle poursuit inlassablement son parcours noctambule sans s’en détourner un instant. Des savants lui ont envoyé des fusées habitées de petits bonhommes déguisés en Playmobil pour l’informer des aimables intentions de son soupirant. L’essai ne fut manifestement pas concluant. Des enfants se révèleraient peut-être plus efficaces. Ils réuniraient des petits lutins bleus dans quelque clairière secrète de la forêt de Brocéliande et leurs remettraient un court message rédigé en code céleste avec pour mission de le remettre en main propre à sa destinataire au cours de la nuit même du solstice. Hélas ! Rien n’est moins sûr. Le bonheur est un astre volage. Le risque demeure encore fort grand pour qu’Hélios ne le croise jamais sur son chemin. A moins que tous les enfants ainsi rassemblés n’ajoutent leur plus désarmant sourire à leur missive ! Auquel cas, tout alors deviendrait possible.

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