Les virus respiratoires sont une menace émergente pour la sécurité sanitaire mondiale et ont conduit à des épidémies mondiales avec une morbidité et une mortalité importantes et des conséquences économiques, écrivent ces auteurs du Welcome Trust et du Ministère de la Santé d’Arabie Saoudite, dans le New England Journal of Medicine. Leur étude, qui fait avancer la recherche sur le nouveau virus, responsable au 18 juin de 64 cas confirmés en laboratoire, dont 38 décès, soit un taux de mortalité de 59%, décrit le processus de transmission d’humain à humain de Mers-CoV en établissement de santé, estime la période d’incubation et précise les caractéristiques cliniques de la maladie. Mers-CoV, dont l’hôte naturel et le réservoir restent inconnus, reste un grand défi pour l’Hôpital qui pourrait être « un terrain de jeu » privilégié du virus.
En 2003-4, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) faisait 8.096 cas confirmés et 774 décès donc un taux de mortalité estimé, proche de 10%, déjà exceptionnellement élevé par rapport de celui la plupart des infections virales. Depuis, en septembre 2012, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) signalait 2 premiers cas de pneumonie sévère causés par un nouveau coronavirus, depuis dénommé MERS –CoV, responsable d’un taux de létalité qui approche les 60%… un virus à risque de propagation dans les établissements de santé et à taux de létalité très préoccupant, écrivent les auteurs.
Un délai de transmission plutôt court : L’étude constate, à l’issue du suivi de patients d’hôpitaux d’Arabie Saoudite, d’analyse de prélèvements et d’un séquençage et une analyse génomique en règles de souches du coronavirus, que,
· la gravité de la maladie associée à l’infection MERS-CoV est extrêmement variable, de légère à mortelle,
· Les signes cliniques de l’infection sont très comparables et semblables au SRAS, avec une première phase de fièvre très modérée, une toux plutôt sèche, puis une évolution vers la pneumonie.
· D’autres symptômes sont également constatés chez certains patients, comme des troubles gastro-intestinaux. On sait déjà que Mers-CoV infecte des lignées de cellules du tractus intestinal.
· Le taux de survie apparaît plus élevé chez les patients identifiés au moyen d’une surveillance active que chez ceux dont les cas ont été identifiés cliniquement donc plus tardivement.
· La période d’incubation serait comparable à celle du SRAS et est donc estimée, en l’état des connaissances, à 4 jours en moyenne, soit, pour 5% des cas moins de 1,8 jours et pour 95% des cas, un peu plus de 10 jours.
· Le délai de transmission de l’infection est estimé un peu plus court que pour le SRAS, soit 7,6 jours vs 8,4 jours, et la transmission de l’infection par MERS-CoV semble se produire plus tôt au cours du développement de la maladie.
Le risque de transmission nosocomiale : La transmission rapide et le taux d’attaque élevé dans une unité de dialyse des hôpitaux d’Arabie Saoudite soulèvent la question du risque de transmission nosocomiale de l’infection. Car de plus, la transmission apparaît « hétérogène », c’est-à-dire que certains patients peuvent ne pas transmettre et que d’autres peuvent transmettre à plusieurs contacts. Pour les chercheurs, le mode de transmission interhumaine, si elle est désormais évidente, reste à préciser. S’agit-il d’une transmission pendant la phase d’incubation ou lors d’une infection asymptomatique ? Tout comme le type de contact : aéroporté ou contact étroit ? Quoiqu’il en soit, c’est une raison de plus, écrivent les auteurs, de respecter toutes les mesures de prévention, comme le port de masque ou l’isolement des patients.
Les cas constatés d’infection dans la communauté ou de transmission à l’hôpital soulignent l’importance de poursuivre les enquêtes sur la source et le réservoir de Mers-CoV. Sans la capacité de prévenir l’infection communautaire, la prévention de la transmission nosocomiale reste un défi.
Source: New England Journal of Medicine June 19, 2013DOI: 10.1056/NEJMoa1306742Hospital Outbreak of Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus et OMS Point au 17 juin 2013(visuel NIH)
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