On confond souvent homme politique et homme d’Etat. Ce sont deux notions radicalement différentes et leur confusion est la source de bien des difficultés, comme celles que l’on ressent actuellement dans notre pays.
Un homme politique conduit une politique accordée à sa nature profonde. C’est pourquoi, les hommes n’étant que des hommes, la politique est le théâtre de tant de manoeuvres, de calculs, de compromissions, d’intrigues, de coups bas, de trahisons. Pour s’en convaincre, il suffit de voir ce qui se passe autour du Modem ou d’analyser les ralliements ayant suivi l’élection de notre Président.
Dans le cas d’un homme d’Etat, ce n’est plus un homme qui inspire une politique mais plutôt un Etat qui grandit un homme. Alors que l’homme politique n’est comptable que devant ses électeurs, l’homme d’Etat répond d’un pays tout entier. Ceci suppose qu’il n’y ait pas un abîme entre les exigences de la charge et la nature de son titulaire. C’est malheureusement le cas de notre pays aujourd’hui.
Nombreux sont ceux qui se sont laissé abuser et certains commencent maintenant à mesurer l’étendue de leur erreur. Face à une nation consciente de la nécessité de réformes, l’admirateur d’Elvis Presley a réussi à l’emporter. Pour ma part, je n’avais pas eu à attendre la campagne présidentielle pour saisir l’inadéquation de ce candidat avec le poste qu’il briguait. Lorsqu’en juin 2006, devant la presse convoquée, notre ministre de l’intérieur avait scellé dans une pirogue sur le Maroni avec son épouse revenue le pacte qui devait leur conférer d’ici la présidentielle l’honorabilité d’un couple uni, tout cela aux frais d’une République bonne fille, il était évident que cet homme était davantage porté à subordonner l’Etat à sa personne que l’inverse. Et lorsque, à la Courneuve, emporté par l’atmosphère, il n’avait pas su se maîtriser, recourant à des termes inappropriés pour qualifier une situation certes inacceptable, il avait démontré qu’il était incapable d’incarner en toutes circonstances un Etat.
D’où cette question : comment a-t-il réussi à gagner l’élection présidentielle ? Eh bien, tout simplement, abstraction faite des qualités ou absences de qualités de ses adversaires, parce que certains électeurs sont surtout sensibles aux séductions du monde du spectacle et apprécient de voir la politique se confondre avec lui. Mais cela est une autre histoire, que je considérerai peut-être dans un prochain billet.