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Le temps des Capétiens, de Claude Gauvard

Publié le 23 juin 2013 par Mpbernet

23 juin 2013

Deuxième volume de la collection « Une histoire personnelle de la France », cet ouvrage couvre la période allant de 987 à 1328. Il dépeint une région en pleine croissance économique et démographique, avec la mise en place progressive des rouages d’un Etat et l’affirmation du pouvoir royal. En nos temps de déroute économique – et politique – c’est plutôt encourageant.

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L’explosion démographique due aux défrichements est manifeste. La population est multipliée par trois, l’essor du commerce est général, l’environnement se modifie, les techniques agricoles s’améliorent. L’essor urbain, en relation avec les campagnes dont les villes constituent le débouché, prolonge celui du monde rural. Avec l’évolution sociale vient aussi le besoin de droit.

 Les terreurs de l’an Mil sont une invention de Jules Michelet. Hugues Capet fait cesser l’alternance élective entre carolingiens et robertiens sur le trône de la Francie occidentale en 987, cette principauté parmi tant d’autres.

Le sentiment religieux gagne en profondeur spirituelle. C’est le temps des grandes fondations : Bruno de Cologne, Robert d’Abrissel et Robert de Molesme puis Saint Bernard . Malgré leur souci de dépouillement, les moines deviennent des ferments de progrès technique et intellectuel, à la pointe de l’expansion économique.

Le territoire s’institutionnalise sous l’influence de l’Eglise. Les seigneurs s’ancrent dans leur territoire, les lignages s’installent, les charges s’alourdissent sur les paysans, les châteaux en pierre couvrent le pays, le droit féodal se clarifie.

Si les premiers capétiens s’attachent à conquérir leur territoire, la pensée cohérente de l’abbé Suger  constitue le fondement de l’art gothique : la lumière descend du ciel, l’Eglise est là pour la transmettre. Le clergé en est la première porte, le Roi sacré en est la seconde. Art gothique et idéologie royale vont étroitement de pair. Philippe Auguste (1180 à 1223), puis Louis IX (1226 à 1270) imposent le pouvoir royal.

Saint Louis, croisé et arbitre de l’Europe, conforte les institutions. En 1254, une grande ordonnance définit le cadre de l’administration : baillis et sénéchaux sont nommés par le roi et exercent leur action militaire, financière et judiciaire dans le cadre de leur circonscription. Le roi juge par enquêtes et sur pièces, avec les moyens de la procédure romano-canonique. Source de toute justice, c’est l’image hagiographique du souverain sous son chêne qui nous a été transmise. Le mythe recouvre la réalité.

Avec les derniers capétiens directes, que nous connaissons souvent sous le vocable de « rois maudits », on commence à empiler les réglementations sans abroger les anciennes : c’est aussi un temps de procès interminables : celui de Mahaut d’Artois, celui de Guichard, évêque de Troyes, accusé d’assassinats, et celui des Templiers. Encore des similitudes avec notre temps.

Un petit livre dense, s’attachant à éradiquer un certain nombre d’idées reçues et à conforter de grandes tendances rémanentes, une manière de reconsidérer ces temps fondateurs de la puissance étatique avec un œil moderne. Vivement l’édition du prochain opus de la série !

Le temps des Capétiens, par Claude Gauvard, aux Presses Universitaires de France, collection « Une histoire personnelle », 187 p., 14 €.


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