Sous l'œil de la république
Jeudi soir un conseil municipal tristounet, avec un ordre du jour assez rébarbatif... Sauf qu'au dernier moment le Maire a fait ajouter un « rapport sur table ».
Rapport sur table
Un « rapport sur table » est un rapport ajouté au dernier moment, qui n’est donc pas à l’ordre du jour, généralement utilisé dans des cas d’urgence (quand on ne peut pas attendre le prochain conseil municipal le mois suivant).
Mais là ce rapport était un peu particulier, puisque éminemment politique, le Maire y proposait de retirer la fonction d'adjoint à l'un de ces adjoints : Serge Lebreton, adjoint au personnel et à la Démocratie Locale.
C’était l’issue d’une tragédie d'une semaine, de plusieurs mois, voir de quelques années…
Le divorce politique du Parti de Gauche et de la majorité municipale
Les élus du Parti de Gauche l’ont été en 2008 sous la bannière de la liste « Changeons Cognac » menée par Michel Gourinchas.
Au cours de la mandature des divergences sont apparues, qui se sont creusées depuis que François Hollande a été élus président. Le PG critiquant vertement la politique austéritaire mené par le gouvernement, la ligne social-libérale assumée par le gouvernement (mais discuté en interne au PS) et une certaine impression de peu de changement… finalement.
C'est dans ce contexte que le 7 mars dernier, Michel Gourinchas annonce dans la presse son intention de se représenter pour un 2e mandat, sans les élus du PG (ni au 1er, ni au second tour précise-t'il) et en ouvrant sa liste au gens de sensibilité de droite... Les tensions internes, ne font depuis lors que ce renforcer, alors que le maire refuse de rencontrer depuis les élus du PG... Il est a ce moment bien évident que si le divorce n’est pas consommé, la rupture elle existe belle et bien.
Le lundi 10 juin, le Front de Gauche (qui rassemble le PG et le PCF local) organise, comme a son habitude, son assemblée citoyenne mensuel (au bar Le Cosy) avec un sujet délicat : « Bilan de la mandature et perspectives pour un projet municipal ». Étonnement, la presse est présente et fera un compte-rendu mettant en exergue les critiques formulées ce soir-là par les élus PG et PCF présents et pas le contexte, ni les choses positives.
C’est là dessus que le maire décide, avec une équipe réduite de retirer leurs délégations a 2 élus frondeurs, mais pas à tous (on ne sera jamais pourquoi).
A ce stade du récit, il convient de rappeler quelques règles de fonctionnement d’un conseil municipal :
- Les 33 élus ne peuvent être en aucun cas être démissionner par le maire, ils ont été élus par le peuple,
- Certains ont ensuite été élus par leurs pairs (lors du 1er conseil municipal) comme "maire-adjoint", ils ne peuvent être démis que par un nouveau vote,
- Certains ont reçus ensuite des délégations de la part du maire, qui peut les retirer.
Le maire s’il peut retirer des délégations comme bon lui semble, ne peut pas retirer unilatéralement la fonction de "maire-adjoint", cette fonction ayant été voté, elle doit être a nouveau voté en conseil pour être maintenue ou retirée.
Quand au statut d'élus, il est irrévocable ; et il n'y a que l'élu lui-même qui peut démissionner (il est alors remplacé par le candidat non élus suivant sur la liste qui s'était initialement présentée ; lorsqu’il n'y a plus de remplaçant, il y a alors élection anticipée).
Serge Lebreton, Jean-Marie Masson et Sylvie Mamet ont fait des interventions pour expliquer leurs positions et affirmer leurs choix.
A noter que la mesure de retirer les délégations a été mené contre Serge Lebreton et Jean-Marie Masson et que Sylvie Mamet et Brigitte Bonneau (absente pour raison professionnelle) ont elles, démissionnées de leur délégation par solidarité. Que les élus PG ont aussi quitté le groupe de la majorité pour former un groupe autonome.
Et que ensuite le maire a fait ajouter à l'ordre du jour, un vote pour retirer la fonction d’adjoint à Serge Lebreton, ce qui est l'objet du vote qui suit.
Pour le vote, l'opposition n’a pas participé, ce qui a ramené le nombre de votants à 26 (les élus de la majorité). Le vote a eut lieu a bulletin secret (c'était déjà sous cette forme qu’avait eut lieu en 2008 le vote des adjoints, la procédure veut que l’on reprenne la même forme pour retirer la fonction).
La majorité absolue (et nécessaire) était donc de 14 (26/2 + 1) ; au final
- 15 votes pour (retirer la fonction d’adjoint)
- 7 votes contre
- 4 abstentions
Ce qui n'en fait pas un vote franc et massif et montre bien que le sujet ne fait pas l'unanimité au sein du conseil. Le maire a précisé (et fait voter) de ramener le nombre d’adjoint de 9 à 8, ceci évitant d'avoir a trouver un remplaçant, précisant qu’il assurerait, avec Mr Sedlacek, les fonctions de concernant la démocratie locale et le personnel.
Le divorce est donc prononcé.
Il semble désormais probable que le PG, accompagné du PCF et du NPA propose une liste pour les municipales 2014.
La famille de droite rassemblée ?
Si a droite les choses semblent, désormais, jouées et bien plus calme, c'est que tout a eut lieu en amont, de juin 2012 à mars 2013. Et qu'il y a eut des frictions pour parvenir a un « rassemblement » de la droite Cognaçaise, rassemblement qui n'avait pas eu lieu en 2008.
Jusqu’au bout, Jérôme Mouhot (le précédent maire) a tenté de barrer la route aux ambitions de Noël Belliot (ex. adjoint du premier), allant même jusqu’à pousser Émilie Richaud (nouvelle venue en 2008) a prendre la tête de liste. Les choses se sont apaisés, quand Émilie Richaud a décliné l'invitation.
Puis en, janvier dernier quand Noël Belliot a lancé officiellement sa campagne avec le soutien de Francis Hardy (maire de 1979 à 2001) et de Jean-Hubert Lelièvre (responsable UMP Charente).
Jérome Mouhot s'est finalement retiré en fin mars tout en continuant à critiquer Noël Belliot comme « une image trop droitière »…
Depuis Michel Jayat (lui aussi ancien adjoint) a indiqué se retirer, lui aussi, définitivement des affaires municipales.
La droite Cognaçaise sera donc mené par Noel Belliot, qui n'a jamais caché ses ambitions municipales. A priori aucun autre candidat ne semble émerger à ce stade. Mais il ne sera pas forcément soutenu réellement par l'ensemble des électeurs de droit.
La liste “Cognac d’Abord” est parti officiellement en campagne mi-mai.
Autres sujets du conseil
Peu de sujets passionnants, les 2 seuls qui retiendront notre attention sont des augmentations de tarifs :
- Hausse des tarifs des musées, qui a été l'occasion pour Noël Belliot que demander des détails sur la fréquentation des musées : 20 000 visiteurs par an pour les 2 musées et l'exposition temporaire, pour un budget annuel de 720 000 €. Gérard Jouannet a lors rappelé que le MACO (Musée des Arts du Cognac) initié par Francis Hardy était dimensionné pour recevoir 40 à 60 000 visiteurs (on en est très loin) et que le Musée d’Arts et d’Histoire s’il est peu visité est par contre très fréquenté par les écoles qui en sont friands comme outils pédagogique. L’histoire ne dit pas si les écoliers sont comptés dans les 20 000 visiteurs...
- Hausse des tarifs du théâtre, qui a été l'occasion Pour Serge Lebreton de questionner sur la part que représente la billetterie que le budget du théâtre. 10% lui a répondu Gérard Jouannet (adjoint à la culture), ajoutant que même les têtes d’affiche sont pas simples a équilibrer, prenant l'exemple du récent concert de Camille qui a couté 20 000 € et rapporter 14 000 € avec un salle portant pleine… Bien peu, ce qui conduit Serge Lebreton a proposer la réflexion sur une gratuité du théâtre pour permettre une véritable appropriation par les Cognaçais.
Il est étonnant que noter que c'est Jérôme Mouhot qui a alors répondu en bousculant l'argument, précisant que "rien n'est gratuit, ce sont nos impôts qui servent alors"… prenant alors tout le monde pour des idiots...
Avec 10% de recettes, le théâtre est donc déjà subventionné actuellement à 90%… par nos impôts.