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André Pieyre de Mandiargues nous plonge Sous la lame

Publié le 04 avril 2008 par Ariane_

Sous la lame Voilà l’un des recueils de nouvelles de Mandiargues, écrivain de la deuxième moitié du XXème siècle, passionné par l'inconscient, l'imaginaire, et le surréalisme.

J’avais le souvenir, assez confus, d’avoir lu il y a plusieurs années une nouvelle extraite d’un autre recueil : Le Musée noir, qui m’avait fortement marquée. Aujourd’hui, je me souviens seulement de l’amour qu’une petite fille portait à son lapin, et des conséquences de la disparition de ce lapin.
Une nouvelle fleur bleue ? Pas du tout.
Et Sous la lame s’avère bien plus poisseux et malsain. Le titre en lui-même est déjà révélateur : chacune des six nouvelles va mettre en scène la tentation du meurtre après, ou avant la tentation sexuelle.
Le schéma est simple : un homme, souvent bourreau, une femme, souvent victime, même si la nouvelle intitulée Miranda sauve la femme de son statut de suppliciée.
Pourtant, elle reste en général faible, prisonnière de l’imagerie associant les serrures et les portes à un possible acte sexuel. Le couteau, d’ailleurs, ne représente rien de plus que le sexe masculin, liant intimement meurtre et sexualité. La plume de l'écrivain, sous cet angle là, abuse à son tour la page blanche.
Mais le charme noir ne prend pas. Les personnages restent distants, englués dans leurs rêves, leur inconscient, et leurs pensées. Abel Foligno, protagoniste de la nouvelle la plus longue : Mil neuf cent trente-trois, en est l’exemple le plus abouti, car comment s’attacher à un homme qui mange des tripes et fantasme des suites malsaines aux rencontres féminines qu’il effleure, et laisse partir, s’il ne fuit pas lui-même ?
Les nouvelles, les unes à la suite des autres, s’intéressent à repousser constamment la rencontre, si bien que dans La Spirale, ou L’hypnotiseur, la nouvelle s’arrête avant les atrocités prédites. Pas plus mal, finalement, puisque Peau et Couteau, ou Miranda, laissent s'engluer la perverse impression que des mots, des phrases, les uns à la suite des autres, peuvent créer le malaise.
Alors, trop violent, ou pas assez ?
Difficile de répondre.
Reste que, si la trame, les personnages et l’atmosphère m’ont déplue, le style de Mandiargues est à la hauteur de mon souvenir : longues phrases oniriques, quelquefois précieuses, au rythme allongé et tenace, mots exotiques et magiques encore jamais lus ni entendus.
Un recueil qui ne peut laisser indifférent. A tester.
« Comme dans le rêve, Zoé ne prononce aucun mot, elle ne fait aucun mouvement (quoique le pouvoir ne semble pas lui en avoir été retiré), et comme elle le souhaitait elle voit l’autre s’asseoir sur le banc juste à coté de sa tête. Là se borne la similitude, car le haut visage, entouré pourtant d’une flottante chevelure brune, est celui d’un homme et non pas d’une femme, et ses yeux ont une maligne couleur verte et non pas un innocent bleu, et son sourire est changé en rictus par le manque de deux incisives à la mâchoire supérieure. ».
Le Songe et le métro

« Son teint rose, couperosé même ; à cause de cela le miroir de la lame lui montre une sorte de saucisse humaine, un curieux compromis entre la pièce de charcuterie, la face d’homme et l’holothurie, sympathique échinoderme vulgairement appelé, sur les cotes méditerranéennes, étron de mer. ».
Peau et couteau


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