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Où est la gauche ?

Publié le 23 juin 2013 par Pierre

Où est la gauche ?Sarkozy dehors, la gauche enfin au pouvoir. Aaaah… ça va mieux, on respire. Tout est différent, désormais.

FOUTAISES !

L’égocentrique et agité Sarkozy a laissé la place au sympathique et modeste Hollande. Les seconds couteaux bling-bling (Estrosi, Lefebvre, Dati) et vulgaires (Morano) ont dégagé. Les insupportables symboles (ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, discours sécuritaires voire racistes, bouclier fiscal) ont été remis au placard.

Et sinon, au niveau des mesures ? Le mariage pour tous. Le blocage des loyers et bientôt une nouvelle loi sur le logement. Bientôt (peut être) le vote des étrangers aux élections locales. Ah oui, les emplois d’avenir aussi. Et puis la loi sur les sites industriels rentables. Et, bien sûr, la énième réforme de l’Education Nationale. De jolis symboles d’une Gauche sociale, proche des préoccupations du peuple.

Et pour le reste ? Un bel ensemble de mesures que la droite aurait pu mettre en place :
•    Règle d’or budgétaire
•    Accord sur la flexibilité de l’emploi
•    Réforme des retraites
•    RGPP acte 2
•    Réforme des armées
•    Réforme des allocations familiales
•    Réforme de la formation professionnelle
•    Investissements d’avenir
•    « moralisation » du capitalisme avec la loi bancaire (belle fumisterie)
•    Action contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale

Chacune de ces réformes vise les mêmes objectifs : améliorer notre compétitivité et faire reculer l’Etat Providence. L’Europe aime bien (délai de 2 ans pour réduire les déficits), les investisseurs aussi (taux d’intérêts historiquement bas).

A part ça, la politique migratoire n’a pas changé (on continue comme avant à démanteler les camps de Roms, mais plus discrètement). Le projet de décentralisation apparaît totalement illisible et privé de toute vision stratégique. Les réformes européennes prennent forme (début de politique économique commune, encadrement des banques), mais dans le cadre d’un projet toujours aussi libéral (cf. le dernier projet de budget européen). D’ailleurs, tiens, on négocie un traité de libre-échange avec les USA.

Où donc tout cela nous mène-t-il ?

Globalement, si l’on met de côté les questions sociétales, le projet du PS est le même que celui du Modem et de l’UMP « courant centriste ». C’est le même modèle économique, la même Europe libérale, la même acceptation d’une société précarisée et inégalitaire. Seuls les symboles, les concepts et les références historiques changent.

Où est la gauche ?
Lisons ou relisons Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas : ce quotidien de millions de personnes, victimes d’un marché du travail qui les réduit à un esclavage quotidien pour gagner 600€ par mois, asservies à une société de consommation qui va acheter leur silence avec un Iphone ou une paire de chaussures. Qui, au PS, s’indigne de cette situation ? Qui cherche vraiment à remettre en cause cette précarité quotidienne ? Ces fléaux de la sous-traitance généralisée et de l’emploi à temps partiel ? Personne bien entendu (à part Gérard Filoche et peut être deux ou trois autres). Tout le monde se jette à corps perdu dans la course à la mondialisation, chemin le plus court pour améliorer nos parts de marché.

Le PS ne peut pas tout changer en 5 ans. Les déficits abyssaux et le climat libéral de l’Europe l’en empêchent.

Mais rien ne l’empêche de proposer ce que serait sa vision d’une société plus égalitaire, plus solidaire, et moins tournée vers le seul objectif du profit à court terme. Rien ne l’empêche non plus de :
•    Réformer en profondeur une politique fiscale toujours aussi illisible, qui profite si bien à ceux qui ont les moyens « d’optimiser » leur feuille d’imposition.
•    Construire une vraie réforme énergétique, et poser enfin les fondements d’une transition écologique qui pourrait créer des emplois locaux et permettre de nouvelles solidarités.
•    Tailler dans le vif du millefeuille institutionnel : envoyer valser l’insupportable enchevêtrement de collectivités, syndicats mixtes et autres agences locales pour tout remettre à plat, et construire un dispositif efficace. Fâcher les copains maires et conseillers généraux, mais se donner l’opportunité de repenser de A à Z une organisation territoriale plus du tout adaptée aux défis d’aujourd’hui.

Bref, une gauche moins gestionnaire et moins libérale, et un peu plus visionnaire et socialiste. C’est vraiment trop demander ?


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