Sur #laTAC - Fossile de primate et vers de croisés

Par Taupo



Sur le dinoblog, on pouvait lire en début de semaine qu’un fossile de la taille d’une souris faisait trembler la base des branches de l’arbre phylogénétique des primates tout en apportant des informations cruciales sur l’origine du groupe dont nous, humains, faisons partie.


Mais avant de rentrer dans les détails de la découverte, l’auteur de ce billet, Lionel Hautier, nous met en garde contre les raccourcis néfastes qui accompagnent ce genre de nouvelles. En effet, il n’est pas rare d’entendre parler à cette occasion de ‘chainon manquant’ ou encore de ‘fossile d’ancêtres’ qui sont autant de vestiges d’une vision erronée de l’évolution. Bon, il est facile de taper sur les journalistes et les médias mais il arrive aussi que les scientifiques soient coupables également. Lionel Hautier rappelle par exemple qu’en 2009, la découverte d’Ida (alias Darwinius masillae), un magnifique fossile de primate datant de 47 Ma avait provoqué un véritable schisme au sein de la communauté des paléoprimatologues.



La découverte fut extrêmement médiatisée, à grand renfort de documentaires exclusifs sur Discovery Channel et d’un logo google conçu pour l’occasion alors que les conclusions concernant la parenté de ce fossile avec notre lignée, les anthropoïdes, étaient plus que contestables.


Du coup, pas étonnant que l’annonce d’un nouveau fossile de primate, vieux de 55 millions d’années, soit accueillie par un froid scepticisme. Mais force est de constater que l’équipe sino-américaine en charge d’étudier le fossile est bien plus circonspecte puisqu’elle a pris 10 ans pour l’analyser avant de publier ses résultats dans la revue Nature.





Le nom du fossile est Archicebus et ses découvreurs pensent qu’il est à rapprocher du groupe des tarsiers, des petits primates nocturnes d’Asie du Sud-Est considérés comme le groupe frère des singes anthropoïdes. 


Le spécimen découvert mesure 71mm pour un poids estimé de 20 à 30g. L’âge ancien d’Archicebus ainsi que son anatomie permettent de dresser aujourd’hui un portrait robot plus fidèle de notre dernier ancêtre commun. C’est certes moins glamour, mais c’est plus rigoureux!

Toutes les recherches en archéologie ne se ressemblent pas. Saviez-vous par exemple qu’il existe un domaine de l’archéologie qui s’intéresse aux maladies anciennes: la paléopathologie? C’est dans un article du blog Guru Meditation que j’ai découvert le terme. Les fouilles archéologiques dont il est question dans l’article ont été effectuées à Kolones Saranda, un château chypriote du XIIème siècle construit par les croisés et détruit 30 ans plus tard par un tremblement de terre.


De manière assez surprenante, ce qui a intéressé une équipe d’archéologues de Cambridge, ce ne sont pas les monolithiques colonnes de l’édifice, mais ses latrines.


Celles-ci étaient encore pleines d’excréments séchés laissé par les croisés, ce qui représentent une aubaine pour ces chercheurs qui ont pu réhydrater les fèces et découvrir un nombre conséquent de parasites intestinaux.


Les échantillons ont en effet révélé 118 œufs de Trichuris trichiura un type de ver rond, communément appelé le trichocéphale, ainsi que 1 179 œufs du plus grand nématode, l’Ascaris lumbricoides. Il est à savoir que ces parasites ne sont transmis que par voie orofécale et qu’ils devaient représenter une lourde charge métabolique pouvant expliquer la fréquence élevée de mort par malnutrition chez les croisés.

Emission à réécouter ici.