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Le mode de scrutin uninominal à deux tours est devenu une machine à conserver le pouvoir

Publié le 24 juin 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

Un aspect négligé de l’élection de dimanche dernier de remplacement de Cahuzac concerne le mode de scrutin si caractéristique de la Vème République : le scrutin uninominal à deux tours. Le point sur cette escroquerie démocratique. 

Vote

Imaginé à l’origine afin de mettre un terme « aux délices et aux poisons » du régime d’Assemblée, où les petits arrangements entre copains du scrutin de liste aboutissaient aux combines des groupes « charnières » à l’Assemblée en livrant le gouvernement du pays aux ambitions et humeurs des chefs de partis, le mode de scrutin uninominal à deux tours est devenu une machine à conserver le pouvoir sans trop de dommages et surtout à éviter les sanctions du suffrage universel ( au point que l’on a pu parler « d’une prime à la casserole »).

Pourtant « selon le caractère non régulier des choses de l’ordre pratique » pour utiliser la formule d’Aristote, les meilleures choses s’altèrent avec le temps, et ce mode de scrutin est devenu un frein à l’expression populaire. Il a eu ses vertus, à commencer par ses effets pédagogiques :

 » le déplaisir, dit Freud, est la mesure de l’éducation ».

C’est à lui que l’on doit en grande partie le rapprochement entre socialistes et communistes sur un Programme de gouvernement entre PC-PS-MRG. Le PS en a largement profité pour dominer ses alliés, puisqu’aussi bien au 2ème tour, on ne retient qu’un nom, un élu, une étiquette.

Mitterrand l’avait compris, qui en a changé en 1986 pour empêcher le RPR d’avoir une majorité écrasante et définitive en faisant entrer un fort contingent de députés FN.

Au pouvoir, le RPR de Pasqua a rétabli ce mode de scrutin tant prisé. Il semblait assurer pour toujours l’hégémonie d’un parti sur ses alliés avec de brèves cohabitations, aujourd’hui écartées, et de rares alternances.

Pourquoi ce scrutin est-il si rude ? Il contrarie les propensions françaises à l’émiettement, à l’esprit de clocher et de chapelle, qui fait que même les Trotskistes français présentent 3 candidats par circonscriptions, voire aux Présidentielles…

Le système politique dans la période actuelle pensait que ce scrutin uninominal à deux tours empêcherait le FN de devenir crédible pour deux raisons : le vote utile au premier tour ; et l’impossibilité de trouver des réserves, faute d’alliés, au 2nd tour.

Et voilà l’élection de dimanche !

Non seulement le candidat du PS a été éliminé au premier tour, ce qui représente un mini-21 Avril, mais le candidat FN a doublé ses voix dépassant la barre psychologique significative de majorité des 45 %, alors qu’un an auparavant, en juin 2012, PS et UMP  faisaient les trois-quarts des voix.

La conséquence à terme est pleinement visible : le FN , à lui tout seul, risque de tout rafler et de gouverner sans partage !

Le mode de scrutin uninominal à 2 tours a donc produit ses effets d’éducation des masses ; il permet le rassemblement des Français, qui n’ont pour tout intérêt que l’intérêt de la France, tellement moqué et galvaudé à Bruxelles ou ailleurs.

Je ne sais pourquoi, mais j’ai l’impression que le milieu politicien va réfléchir ces temps-ci à un mode de scrutin…plus juste !


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