Alors qu’au 10 juin, 132 cas d’infection humaine au virus aviaire H7N9 ont été confirmés et que le taux de létalité atteint 28%, cette collaboration de chercheurs des Centers for Disease Control (CDC) de Beijing et de l’Université de Hong Kong, apporte une première estimation du profil de sévérité clinique du virus, un facteur majeur de l’évaluation du risque de pandémie et de l’épidémiologie de l’épidémie. En synthèse, près de 4 patients sur 10 entrant à l’hôpital pour infection à H7N9 vont décéder, 8 sur10 développer des complications très sévères.
· Un risque de mortalité plus faible que H5N1 mais plus élevé que H1N1 : Dans cette étude, Les chercheurs ont travaillé à partir des données des 123 cas confirmés en laboratoire en date du 28 mai 2013 et ont estimé le risque, en cas d’hospitalisation, d’admission en unité de soins intensifs, de décès et de nécessité de ventilation mécanique. Sur les 123 cas admis à l’hôpital,
- 30% (37) sont décédés,
- 56% (69) étaient en vie le 28 mai 2013.
- Alors que 17 patients étaient encore à l’hôpital en fin d’étude, les chercheurs ont estimé le taux de décès tous âges confondus à 36% lors de l’admission à l’hôpital.
- La mise sous ventilation assistée concerne les 2/3 des patients admis, la prise en charge en unité de soins intensifs ou la ventilation mécanique ou le décès, plus de 8 patients sur 10. En synthèse, près de 4 patients sur 10 entrant à l’hôpital pour infection à H7N9 vont décéder, 8 sur 10 développer des complications très sévères.
En prenant en compte toutes les données disponibles, dont celles du Réseau de surveillance chinois, -et pas seulement les données des cas hospitalisés- les scientifiques concluent
- à un taux de létalité compris entre 160 et 2.800/100.000 cas symptomatiques, soit entre 0,16% et 2,8% des personnes présentant des symptômes d’infection à H7N9.
En conclusion, le nouveau virus aviaire H7N9, présenterait, globalement un risque de mortalité plus faible que le virus H5N1 de 2003 mais plus élevé que celui de la pandémie de grippe H1N1 de 2011.
Les auteurs rappellent, sur la base des seuls cas hospitalisés, le risque de mortalité de près de 60% lié à l’infection à H5N1, et celui de 21% lié à H1N1.
· La manipulation de volailles infectées, un facteur majeur confirmé : Dans une seconde étude, publiée dans la même édition, la même équipe de chercheurs a comparé les caractéristiques épidémiologiques de l’infection à H7N9 vs H5N1. Il ressort de l’analyse de 130 patients, une plus grande vulnérabilité des hommes, des habitants de zones urbaines et la prévalence chez 3 cas sur 4 du facteur manipulation de volailles infectées. Enfin, l’étude met en évidence une progression plus rapide de l’infection à H5N1 qu’à H7N9, ainsi qu’une période d’incubation d’un peu plus de 3 jours pour H7N9.
Une résurgence d’infections à H7N9 pourrait être constatée à l’automne, avertissent les auteurs, qui confirment à nouveau la nécessité d’une vigilance poursuivie. L’OMS reste très préoccupée par les glissements génétiques déjà observés chez ces virus, avec une adaptation croissante aux mammifères et donc à l’Homme.
Sources: The Lancet 24 June 2013 doi:10.1016/S0140-6736(13)61207-6Human infection with avian influenza A H7N9 virus: an assessment of clinical severity (Visuel OMS, vignette The Lancet)
The Lancet 24 June 2013 doi:10.1016/S0140-6736(13)61171Comparative epidemiology of human infections with avian influenza A H7N9 and H5N1 viruses in China: a population-based study of laboratory-confirmed cases
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