Retour en 1963 : « Ich bin ein Berliner »

Publié le 26 juin 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Le 19 juin dernier, Barack Obama se rendit à Berlin et s’adressa au peuple allemand à la porte de Brandebourg. Il honora ainsi le discours tenu par John Fitzgerald Kennedy cinquante ans plus tôt.

La visite de Kennedy a lieu dans un contexte particulier. En effet, entre la construction du mur de Berlin (1961) et la crise des missiles cubains (1962), les tensions entre les mondes communiste et capitaliste se font de plus en plus ressentir. La situation devient critique pour Berlin-Ouest qui est enclavée dans les territoires de la RDA.

Le président américain se déplace à Berlin-Ouest le 26 juin 1963 afin d’apporter son soutien aux Berlinois. La date choisie est des plus emblématiques, faisant référence au début du blocus de Berlin lors duquel Berlin-Ouest parvient à résister et survivre grâce à l’aide des Américains. Kennedy évoque  lors de son discours que Berlin, vitrine du monde occidental, symbolise la liberté :

 

Il ne manque pas de personnes au monde qui ne veulent pas comprendre ou qui prétendent ne pas vouloir comprendre quel est le litige entre le communisme et le monde libre. Qu’ils viennent donc à Berlin. D’autres prétendent que le communisme est l’arme de l’avenir. Qu’ils viennent eux aussi à Berlin. Certains, enfin, en Europe et ailleurs, prétendent qu’on peut travailler avec les communistes. Qu’ils viennent donc ceux-là aussi à Berlin. Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n’est pas parfaite. Cependant, nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour empêcher notre peuple de s’enfuir. (…) Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n’éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l’Histoire mais encore une offense à l’Humanité. (…) La population de Berlin-Ouest peut être certaine qu’elle a tenu bon pour la bonne cause sur le front de la liberté pendant une vingtaine d’années. Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont citoyens de cette ville de Berlin-Ouest, et pour cette raison, en ma qualité d’homme libre, je dis : « Ich bin ein Berliner ».

Bien au-delà de la guerre froide, Kennedy touche également la culpabilité et la honte des Allemands face au nazisme. Peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont découvert les camps de concentration et ont exigé des Allemands qu’ils déblayent et enterrent les corps. Cette obligation exprime une négation totale des actes germaniques de la part des Américains. En s’identifiant à un Berlinois dans son discours, Kennedy réhabilite ainsi le peuple allemand.

Il est admis que ce discours tenu à Berlin est l’un des meilleurs du président américain. Sa symbolique et sa portée identitaire ont touché les Allemands au plus profond d’eux. Pour lui rendre hommage, la place sur laquelle il a parlé a pris son nom.

Marjolaine Basuïau