Si ce mois de Juin est sous l’égide de la Coupe des Confédérations, le monde du football vit également pour une toute autre activité singulière : le mercato. Et il faut admettre que cette année les mouvements ne sont, pour le moment, pas encore très importants. Pourquoi ? Nous allons évoquer des pistes dans cet article. Et du côté de Milan, on échappe pas à la règle car sa santé financière est pas au beau fixe et que la route est semée d’obstacle avant de voir le moindre mouvement.
Cette année, plus que les autres, nous montrons une certaine impatience dans le mercato. Nous ne sommes que fin juin, il reste encore plus de 2 mois de mercato mais les tifosi grognent du manque d’activité. La première raison à cela est la reprise de la saison milanaise légèrement prématurée mais pas sans enjeux avec le tour préliminaire pour se qualifier en Ligue des Champions. En effet, les matchs commenceront dès le 23 août avec une double rencontre pour déterminer les clubs qui pourront finalement participer à la phase de poules. Le Milan AC sera tête de série comme nous l’avions expliqué ici mais un accident ne peut être écarté et pour réduire les risques, on souhaiterait que la quasi-totalité du mercato soit bouclé avant cette date. Or quand on connait la propension de Galliani à agir uniquement 3 jours avant la fin du mercato… Mais cette impatience est aussi la conséquence de notre saison dernière où nous avons eu un groupe totalement transformé et qui n’a vu ses renforts qu’arriver à la fin de l’été (ou même en hiver pour Balotelli) et cela a clairement empêché le groupe d’apprendre à se connaître et comprendre Allegri. Ainsi les résultats du début de saison furent catastrophiques et les tifosi pensent, à raison, qu’avec les nouveaux joueurs présent pour la préparation milanaise, on minimise les risques de dérapages incontrôlés lors du départ du championnat car tout le monde a pu avoir le temps de se connaître sur et en dehors des terrains.
Mais cette impatience, si elle est compréhensible, n’est cependant pas réellement appropriée à la logique du marché actuellement. Entre les compétitions internationales (Euro espoir, Coupe du Monde des -20 ans, Coupe des confédérations…), les joueurs ne souhaitent pas se disperser et préfèrent se concentrer sur le football tout en sachant qu’ils auront largement le temps de voir les offres une fois les compétitions terminées. Pour ceux qui ne sont pas sélectionnés dans ces compétitions, la problématique reste plus ou moins la même car beaucoup sont parti en vacances et ne souhaitent pas encore se préoccuper d’une éventuelle signature dans un autre club. Ainsi les agents sont régulièrement sondés, les discussions avec les clubs s’entament mais il n’y a que peu de choses de concrètes et les journaux tentent d’extrapoler au maximum les bribes d’informations qu’ils ont pour vendre, toujours vendre…
De plus, en cette période, il est encore difficile de conclure quoi que ce soit en ce qui concerne les transactions et tout le monde à le même problème (excepté les clubs qui vivent sous perfusions de richissimes mécènes – pas emprisonnés – et qui ne discutent pas sur les prix) : vendre avant d’acheter ! Et pour le Milan AC, ce n’est même pas forcément vendre mais au moins alléger l’effectif qui est nécessaire. Galliani est clair : « personne ne vient si personne ne part ». Et le Milan est au moins clair sur une démarche : sa santé financière ! Berlusconi n’étant plus une solution de secours pour tenir à flot, le club n’a d’autres solutions que se subvenir à ses besoins par lui-même et uniquement par lui-même. Fini les « cadeaux », fini les achats en espérant des retombées marketing… Milan se base sur du concret et ne veut absolument pas flirter avec la ligne rouge ! Et là encore nous allons payer cette année les erreurs des campagnes précédentes.
Milan a trop de joueurs ! C’est un fait malheureusement bien connu. S’il y a 2 saisons c’était une nécessité à cause des blessures, aujourd’hui c’est totalement inadapté ! Ainsi, on se retrouve avec des postes triplés voire quadruplés (De Sciglio, Constant, Antonini, Didac Vilà, sans même évoquer Bonera qui peut dépanner) mais avec un véritable manque de qualité dans certains secteurs. La politique du « paramètre zéro » montre toutes ses limites ! D’autant plus quand cette politique se fait sans l’avis de l’entraineur… Si miser sur Traoré aurait pu relever d’un véritable coup de poker si Allegri l’avait un temps soit peu pris en considération, il était inconcevable de l’engager sans même que le staff ne le connaisse. Au final, il prend une place au milieu de terrain mais également un salaire (certes pas énorme mais qui pourrait servir à bien d’autres choses). Et il n’est pas le seul : Emanuelson, Taiwo, Zaccardo, Robinho, Bojan etc. Le Real Madrid par exemple, ne tourne qu’à 23 joueurs, jeunes compris… Le Milan lui peut tourner à 30 joueurs sans que cela ne choque !
Il faut donc alléger le groupe pour de multiples raisons : masse salariale, bonne ambiance dans le groupe (il n’est jamais agréable de passer son année en tribunes…), facilité de transmission des consignes lors des entrainements, et j’en passe. Sauf que Milan rencontre des difficultés dans cette démarche. Pourquoi ? Deux raisons principales à cela :
1) Les salaires : le fait de supporter Milan depuis plusieurs années (ou même plus pour certains) nous a fait perdre quelque peu le sens de certaines réalités sur les salaires. Dans une période faste, un salaire de 5 millions semblait presque normal, voire léger pour les champions que nous avons pu avoir durant la dernière décennie. Ainsi, voir Traoré avec un salaire de 0,8M par an semble dérisoire… Pourtant cela correspondrait presque à un joueur des mieux payés d’un club de milieu/bas de tableau auquel il pourrait prétendre. Et le désaccord entre Santos et Robinho est également sur ce point. Quand nous avons signé Ibra à 9 millions par an, nous n’avons pas été choqués par les 4 millions annuels de Robinho et pourtant ce sont eux qui empêchent la vente de ce dernier. Impossible de revendre des joueurs avec un tel salaire ! Et rien ne force ces joueurs à devoir accepter de baisser leurs prestations salariales (quand le club a signé le contrat, personne n’a mis un pistolet sur la tempe des dirigeants…)
2) Le manque de valeur : l’autre souci c’est que vendre un joueur arrivé gratuitement est souvent difficile quand il a passé une saison blanche. Comment justifier la valeur d’un Traoré sur le marché des transfert ? Milan l’a eu gratuitement grâce à sa situation contractuelle mais vu qu’il n’a absolument rien montré, comment Milan pourrait le vendre ? Même en ce limitant à un million cela semble trop considérant les garanties sportives que le joueur peut apporter. Parfois des prêts peuvent être envisagés (comme Taiwo et Emanuelson) mais les options d’achats sont rarement levées et il ne reste plus qu’à attendre leur fin de contrat inéluctablement.
Pour conclure, si on peut finalement comprendre cette « sagesse financière » de la part du Milan qui cherche surtout à se pérenniser après des années d’excès et donc à n’agir qu’une fois les fonds réellement débloqués, nous attendons surtout une chose de la part du club : investir peu, mais investir dans ce en qui on croit réellement ! Il faut rendre la totalité de ce groupe opérationnel et impliqué dans la saison à venir, quitte à devoir faire quelques sacrifices car au final, s’il y a une chose que nous craignons, ce n’est pas l’absence d’arrivées, mais la possibilité de départs de nos joueurs les plus prometteurs et que l’Europe semble courtiser (El Shaarawy et De Sciglio notamment).