Dans son livre "Urgences françaises", Jacques Attali est capable du pire comme du meilleur. Le meilleur : la description de la ruine et la nécessité de réformer. Le pire : les causes de la ruine et la plupart des réformes proposées.
Par l'Aleps.

Il faut agir maintenant. Après, il y aura les élections municipales, européennes et puis, ça y est, on se dirige en ligne droite vers les présidentielles. Or, pendant cette période, aucun exécutif n’a jamais fait de réforme. D’ailleurs, pour Attali, en France on n’a plus réformé depuis 1983. Mais il se garde bien de rappeler la catastrophe économique à laquelle ont mené les mesures socialistes de 1981 dont il est l’auteur…
De courte mémoire de son passé, Attali aime bien en revanche la prospective et annonce drames et crimes pour les années à venir. Il y a la touche « développement durable ». En 2030, la température de la planète aura augmenté en moyenne d’au moins un degré environ, on connaîtra la guerre de l’eau, etc… Il y a aussi la touche alter-mondialiste. Une possible vaste dépression guette le monde. Pour lui, c’est la crise idéologique et politique qui expliquerait les crises économiques et écologiques. Ce serait la victoire du marché et de l’individualisme qui entraînerait les déréglementations partout car « aucun État de droit planétaire ne vient réguler le marché ». La mondialisation fonctionne sans « globalisation de la règle du droit » et le « triomphe de l’individualisme conduit à celui de la réversibilité, de la précarité, du court terme et de la déloyauté… » D’après l’auteur, « plus l’homme verse dans l’individualisme, moins il est enclin à prendre en compte l’intérêt des autres »… Jacques Attali veut bien réformer mais il se méfie des « lois du marché » et du libéralisme sauvage.
Après avoir rappelé les atouts de la France avec plus ou moins de convictions (personnellement pas très convaincu par le français comme « langue de communication mondiale » ou par les « leaders mondiaux dans les industries et les services »), il insiste sur la France qui « s’enfonce ». Beaucoup plus convaincant. Chômage, gaspillages, école en perdition, élites qui partent…, tout est dit. Et néanmoins la France n’aime pas les réformes. Elle aime les révolutions. Sommes-nous à ce stade-là ? L’auteur le pense (je suis beaucoup moins convaincu car, malgré la situation, nous ne sommes pas vraiment comme avant la Commune ou comme 1788-89). Pour l’immédiat, Attali redoute la révolution – dans un mois ou dans un an – et il pense qu’il vaut mieux réformer comme l’ont fait d’autres pays. Et l’auteur de rappeler les réformes en Suède, au Canada, en Allemagne et…au Mexique. Pour la France, il propose dix chantiers, dont la pertinence et la cohérence ne sont pas évidentes pour le lecteur libéral. Il privilégie toujours la création d’organismes publics de contrôle et d’orientation (un genre de planification « à la française »), mais il est aussi en faveur de vrais référendums, de certains allègements fiscaux, et de comptes retraites individualisés (mais par répartition) et contre le financement des syndicats. Attali veut aussi plus d’investissements publics au service de la francophonie, le renforcement de la « gouvernance européenne », « l’union bancaire » qui contrôlerait les banques de la zone euro, la relance par les investissements dans l’économie « durable », plus de pouvoirs à la BCE pour maintenir l’inflation entre 2 et 5 %, imposer de nouvelles normes aux marchandises extra-européennes,
Nous sommes d’accord sur les mesures qu’il préconise concernant le financement des syndicats et la fin des différentes rentes mais faut-il réaffecter les 40 milliards d’euros d’aides au logement et à la construction de logements sociaux ? Et que veut dire « développer les nouveaux réseaux de l’économie positive » ?
Tout n’est pas très libéral… Loin de là. Et puis, avant d’aller chez le chirurgien, on consulte d’abord le généraliste. Est-ce qu’il nous prescrit des dizaines de médicaments ou bien seulement 2 ou 3 ? Le médecin qui fait une ordonnance avec une liste interminable de médicaments, il vaut mieux s’en méfier…. Attali devrait revenir à la chirurgie, et extraire du corps politique français le cancer du collectivisme et de l’étatisme.
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