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DSK, Cahuzac: le psy-show raté de 2 parias.

Publié le 27 juin 2013 par Juan
DSK, Cahuzac: le psy-show raté de 2 parias.
Quelle brillante journée ! Mercredi 26 juin, l'actualité est judiciaire et people. Le spectacle est au Parlement. Un mauvais psy-show voyeuriste qui obsède ou indiffère. Les vedettes s'appellent Dominique Strauss-Kahn et Jérôme Cahuzac.
"Il professore"
Le premier vient au Sénat. Il n'y avait pas mis les pieds depuis des lustres, plusieurs années, du temps où il était ministre. Le site Marianne.net défend l'idée que l'opération est trop belle pour n'être autre que de la communication.  DSK vient en tant qu'ancien directeur général du FMI, et donc qualifié d'"expert", dans le cadre d'une autre commission d'enquête parlementaire sur le rôle des banques dans l'évasion des capitaux. Celle-là est présidée par un autre UMP, François Pillet, l'invitation émane de son vice-président, le communiste Eric Bocquet.
Vers 15H, DSK est bien là, sur les bancs d'une salle du Palais Bourbon, filmé de près, retransmis en direct par Public Sénat. Il a le regard sûr de lui, le terrain est favorable. Il est ravi qu'on l'attende et l'écoute. Il donne ses avis comme autant de leçons à un pouvoir qu'il voyait sien. "La volonté d'harmonisation fiscale me semble beaucoup plus forte dans les discours que dans les actes." Sans rire... Le gars a été patron du FMI, propulsé là avec le soutien d'un Nicolas Sarkozy qui voulait neutraliser sa nuisance politique, et qu'a-t-il fait sur les sujets majeurs qu'il évoque ?  "Je ne veux pas choquer... disons que... le gendarme n'est pas assez armé." La remarque, à propos de ces établissements financiers qui semblent hors de contrôle efficace, est croustillante. Il poursuit ses leçons, puisqu'il parait que la régulation est si facile: "ceux des États qui veulent avancer peuvent avancer."
On retient ses propos effroyables de résignation cachée.  Il n'apprécie pas qu'on désigne la finance comme ennemi. Il préférerait qu'on s'attaque aux financiers. Toujours cet abus de formules pour masquer l'impuissance: " incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons, en Europe en général et en particulier dans notre pays, a pour moi à peu près la même pertinence qu'incriminer l'industrie automobile quand on parle des morts sur la route."
Sans rire... qui avait omis d'installer des radars automatiques ?
"C'est psy-show!"
L'expression est d'Anne Rovan, journaliste politique au Figaro. Elle suit l'actualité du gouvernement et du Parti socialiste. Au Figaro, on mutualise comme on peut. Elle commente sur Twitter l'audition d'un autre champion déchu. 
#Cahuzac C'est pas une commission d'enquête, c'est psy show...
— Anne Rovan (@AnneRovan) June 26, 2013

Le même jour en effet, Jérôme Cahuzac déboule à l'Assemblée, auditionnée par une commission d'enquête présidée par le député  Charles de Courson (UDI). Quelques heures plus tôt, l'un des participants, Daniel Fasquelle, député-maire du Touquet est trop impatient, au micro de France Inter devant Pascale Clark. Rendez-vous compte, explique-t-il la voix émue d'indignation, François Hollande savait depuis le 15 décembre que Cahuzac était coupable et il n'a rien fait ! Il a des "nouvelles" questions... Fichtre... Sur son blog, le député s'interroge: "qui savait au plus haut niveau de l'Etat, sur l'origine des fonds placés sur son compte à l'étranger ainsi que sur l'existence d'autres comptes ?" Le même député précise qu'il ne vote pas le texte sur la transparence de la vie politique... Il paraît que c'est un "texte de circonstances."
Ah... Voici où en sont les députés UMP après 10 années de sarkozysme émotif.
On se remémore le fil des évènements... On se souvient alors que la source de l'époque était l'opposant local de Cahuzac, Michel Gonnelle; qu'une expertise de la fameuse bande enregistrée avait été demandée à la justice dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 4 janvier, quatre semaines après le déclenchement de l'affaire.. Mais pour ces UMP/UDI, si patients durant les affaires Woerth, Bettencourt, Sarkozy et compagnie, François Hollande aurait du sans doute excommunier illico presto son ministre du budget et sur la simple foi d'une dénonciation locale.
Sur le fond, nos députés enquêteurs cherchent à savoir (1) si la fraude de Cahuzac était connue des autorités avant les révélations de Mediapart (i.e. le 4 décembre 2012); (2) si les autorités ont agi pour la cacher.
A 16h30, Jérôme Cahuzac prête serment devant la commission. Son intervention "live" est retransmise par La Chaîne Parlementaire, LCI, i-Télé, BFM-TV. Ses premières réponses sont brèves, très brèves. Il refuse tout propos liminaires. Son timbre est posé.
Cahuzac confirme avoir été informé du sens de la démarche et du contenu général des vérifications demandées par la France à la Suisse quand il était ministre. On le savait... Il explique n'avoir rien bloqué, rien exigé. Et sa "tutelle" ne savait rien, assure-t-il.
"Pierre Moscovici ne m'a jamais informé de cette procédure. (...) A fortiori, il ne m'a pas communiqué les termes de la demande formulée par l'administration française à son homologue helvétique."
On se souvient que la nouvelle avait fuité très vite dans la presse (le JDD en l'occurrence). Cahuzac ne sait pas qui en est l'auteur. "Je m'interroge". Il complète qu'il croit la banque UBS quand celle-ci a confirmé qu'il ne détenait pas de compte chez eux dans la période visée par l'enquête. Il refuse de répondre à une autre question: avait-il un compte chez Dominique Reyl, cette autre banque plus discrète et si proche de l'UMP locale ?
Le show se poursuit, chaque député pose une ou plusieurs questions. Cahuzac répond mais ne nous apprend rien. Il refuse parfois de répondre quand il pense que c'est du ressort de l'instruction judiciaire en cours. La séquence vire à des Confessions intimes ratées. Il y a ceci : "Je n'ai pas dit la vérité à mon avocat, je n'ai pas dit la vérité à mes amis, je n'ai pas dit la vérité à  mes collègues." Il y a aussi cela: "Il y a deux tabous que je n’ai pas transgressé, je n’ai jamais juré ne pas détenir de compte sur la tête de mes enfants, et deuxième tabou, mentir à l’administration dont j’avais la charge, m’a semblé impossible." Cahuzac s'affirme "victime" de lui-même.
Pourquoi le croire aujourd'hui ? "Je crois que vous avez davantage la réponse que moi-même".  Il y a des députés de tous bords dans la commission. Les socialistes paraissent aussi froidement énervés et revanchards que leurs collègues de droite. Les premiers ont été trahis, les seconds sont soulagés.
Selon Cahuzac, la justice a pu faire son travail.  Ni Hollande, ni Ayrault ni Moscovici n'ont été informés de son mensonge avant qu'il ne dévoile publiquement, explique-t-il. ""J'ai indiqué avoir menti à la représentation nationale, au premier ministre et au président. Je n'ai plus en mémoire le moment où Pierre Moscovici et moi-même avons abordé cette affaire, mais je ne lui ai pas non plus dit la vérité."
Il se défend d'avoir utilisé lui-même quelques informations fiscales sensibles sur ses opposants. Président de la Commission des finances avant d'être ministre, il explique qu'il fallait bien vérifier les dires des ministres Woerth, Baroin ou Pécresse: "Les infos fiscales dont je disposais ne correspondaient qu'à un petit nombre de cas..." On est presque rassuré...
Je reçois un coup de téléphone de Matignon. "Le premier ministre veut vous parler"
Je l'entends me dire : "Allo... Bernard ?"
Je lui réponds: "Non Monsieur le premier ministre, ça c'est le nouveau ministre du Budget"
Il se permet un mensonge: "ce sont moins les journalistes de Médiapart que les services du procureur qui ont découvert la vérité". Il oublie, rappelle Charles de Courson, que Mediapart avait saisi la justice.
Et oui... Finalement, Jérôme Cahuzac est toujours dans sa bulle.
Le vide et l'ennui.
Le matin même, on avait appris que Nicolas Sarkozy avait généreusement abondé de 250.000 euros la réserve parlementaire du député Cahuzac quand il était socialiste d'opposition.
Quelle attention...


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