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Quand Causette appelle une atteinte sexuelle une « liaison amoureuse ».

Publié le 28 juin 2013 par Juval @valerieCG

Causette,

Grâce à toi, aujourd’hui, j’ai appris que j’étais musulmane. Selon toi, il y a un lien direct entre le fait d’être choqué par l’agression sexuelle d’une gamine de 14 ans par sa professeur et la religion musulmane. Comme tu le dis : « dans les familles musulmanes du quartier, où la virginité au moment du mariage a toujours du sens,  une affaire comme celle-là ne passe pas« . J’ai bien compris que ta journaliste, Stéphanie Maurice, avait mené une enquête sociologique de terrain pour conclure que le musulman ne saute pas de joie quand il confie sa fille à un prof qui en abuse. Je vais t’apprendre une chose étonnante ; le non-musulman non plus. Chez peu de gens, ces « affaires là » « passent », en fait.

Tu nous as vus un peu énervés sur twitter suite à ton article (à lire en trois parties ; il relate la même histoire que celle dénoncée par Gaëlle-Marie Zimmerman) et tu t’es fendue d’un petit communiqué pour nous expliquer.

Tu nous as évidemment causé droit : « Pour information, cette affaire sera jugée le 23 septembre en correctionnelle : si elle avait, aux yeux de la justice, relevé de la pédophilie, elle aurait conduit l’enseignante face à une cour d’Assises. Or, c’est l’ »atteinte sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité » que le parquet a retenue. » Oserais-je te rappeler que la « pédophilie » n’existe pas dans le droit pénal français. Oserais-je également souligner qu’il n’est pas rare de voir correctionnaliser une affaire ? Te dirais-je enfin  que l’atteinte sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité n’est pas pour autant, une relaxe ?

Tu dis également que tu respectes la déontologie journalistique et que « Rien dans cet article ne suggère que Causette cautionne cette histoire. » et « en plus, seule l’enseignante emprunte au champ lexical de la passion amoureuse, lequel n’apparaît donc dans l’article qu’au détour de ses citations.« . De deux choses l’une Causette, soit tu nous prends pour des connes, soit tu ne relis pas tes articles, soit la professeure est en fait embauchée chez toi car il me semble qu’il y a bien plus que deq citations qui « empruntent au champ lexical de la passion amoureuse« .
Quelques menus exemples. Un détail, le titre. Oui désolée quand on intitule un article parlant d’une agression sexuelle « une liaison particulière, j’ai le regret de te dire que cela n’est pas neutre. Quand on continue en parlant de « passion particulière » « amante« , de « liaison amoureuse » ou d’ »amours illicites« . Quand on parle de « mots qui claquent durs » également, pour parler d’un chef d’accusation (indice : « dur » est une prise de position). Quand on parle d’ »écrits trop tendres », alors qu’il est question de SMS à connotation sexuelle envoyés par la professeur à son élève.
Comme tu l’avoues toi même, toujours dans la plus parfaite objectivité qui te fait tant honneur, « ce serait si tentant de tirer les comparaisons, entre amour de cinéma et passion réelle. Si romanesque« .

Il ne viendrait à l’idée de personne,  Causette, d’assimiler l’hétérosexualité à l’agression d’une gamine par un professeur masculin. Alors pourquoi instrumentaliser l’homosexualité ? Pourquoi dire que cette histoire a quoi que ce soit à voir avec une histoire homosexuelle ? Pourquoi laisser entendre que ceux qui ne tolèrent pas cette histoire là, seraient homophobes (et musulmans hein evidemment) ? Homophobe de penser qu’une gamine de 14 ans n’a pas à avoir des relation de quelque ordre que ce soit avec quelqu’un de deux fois son âge qui plus est son professeur ? Vous rendez un bien mauvaise service aux homosexuelles en laissant entendre que leur combat de ces derniers mois à quoi que ce soit à voir avec cette saloperie.

La culture du viol c’est aussi cela. Le sexisme c’est aussi cela. C’est laisser entendre qu’une femme agresseure, cela n’est pas pareil. C’est presque plus doux, presque tendre. Elles s’embrassent, juste non au fond c’est cela ?
Ce genre de textes envoie un triple message :
- qu’il est licite si on éprouve des sentiments envers une mineure (sous son autorité ou pas) d’y succomber (c’est si bô l’amour)
- qu’au fond les ados abusés par des personnes exagèrent lorsqu’ils parlent d’agression. Tout le lexique que VOUS utilisez occulte le chef d’accusation pour laquelle cette femme est mise en examen.
- que l’homosexualité a quelque chose à voir avec les atteintes sexuelles sur mineur

Oseriez vous Causette, nous faire un merveilleux article si plein de neutralité, sur un professeur mâle de 30 ans se répandant sur son côté fleur bleue et sa fragilité alors qu’il a eu des relations sexuelles avec une mineure de moins de 15 ans.


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