Los Angeles 1961. Des cadavres ont été découverts, mis en scène comme des playmates du mois…
Scénario de Stephen Desberg, dessin d’Alain Queirex, couleurs de Kattrin. Public conseillé : Adultes
L’histoire
Los Angeles 1961. Dans la ville au ciel jaune et aux femmes belles à mourir, un tueur sadique rôde. Mises en scène comme des Playmates du mois, il a déjà violé et tué trois jeunes femmes. Si le vieillissant lieutenant Clegg Jordan, en charge de l’enquête, n’a toujours aucune piste, c’est au plus grand bonheur de son concurrent, le jeune (et intègre ?) inspecteur Ariel Samson. De son côté, Viktor continue se recherches pour découvrir l’identité de son agresseur. Depuis la tentative de viol, la belle Viktor vit dans un monde de silence qu’aucun psychiatre n’arrive à débloquer. Ayant reçu des lettres d’un inconnu qui affirme connaitre la vérité, contre 100.000 dollars, elle décide de coincer le maître chanteur, qu’elle soupçonne être le violeur. Pour y parvenir elle engage Juanita Jones, une belle afro-américaine, détective à ses heures et amante de l’inspecteur Jordan. L’étau se resserre et les affaires se croisent dans un jeu dangereux…
Ce que j’en pense
Huit mois seulement après la parution du premier tome de ce triptyque (voir la chronique de Miss Octobre (T1) Playmate 61), Desberg et Queireix reviennent avec la suite attendue de ce polar bien noir. Il faut dire qu’ils sont comme des poissons dans l’eau avec cette série, en forme d’hommage aux grands romans noirs américains, dans la collection « Troisième vague » du Lombard.
Dans la continuité du premier tome, les auteurs distillent l’ambiance particulière de l’Amérique « sale » des années 60. L’univers documenté est parfaitement rendu et s’accorde à merveille avec le style noir et glauque recherché.
Desberg prend son temps avec cette série. Utilisant les figures de style du genre (cadavres, flics ripoux, belles pépés, couples illégitimes), il joue avec les apparences et les faux semblants du récit. Il construit des personnages ambigus et complexes, dont il nous réveille patiemment le passé et les blessures.
L’intrigue, quant à elle avance doucement, a pas feutré, comme il se doit dans ce genre. Par pistes successives, nous nous faisons une idée de l’assassin tandis que Desberg s’amuse à brouiller les pistes, en croisant les affaires et en multipliant les interactions…
Coté dessin
Le dessin de Queireix pour « Miss Octobre » est une réussite. Avec force détail et subtilité, il réussit le pari de dessiner et typer une époque assez proche de nous. Esthétique soignée, ambiance marquée « polar noir », Queireix transforme l’essai avec ce second tome de « Miss Octobre ».
De plus, la profusion des « jolies pépés » aux formes girondes n’est pas pour me déplaire.
Seul hic, le trait sans graisse de Queireix trouve sa limite dans le « rendu » des visages : attitudes et expressions sont un peu figés.
La mise en lumière saturée de Katrynn, dans un esprit très « Troisième vague », renforce l’atmosphère et participe positivement à l’ambiance immersive de l’album.
Pour résumer
Avec ce tome 2, retrouvez Stephen Desberg et Alain Queireix dans un polar bien noir, hommage à peine voilé aux grands romans noirs américains des années 60. Cet épisode, qui restitue à merveille l’ambiance et l’esthétique de l’époque, fouille la psychologie des personnages et s’achemine doucement vers la conclusion du tryptique. Ambiance tendue et angoissante, personnages ambigus, double intrigue qui se croisent, Desberg brouille les pistes avec délice, porté par le dessin classique et détaillé d’Alain Queireix.