En 1185, le paysage politique du Japon avait complètement changé (lire Histoire des Sohei 1) avec la victoire temporaire de Taira Kiyomori. La destruction des temples de Nara, avait
permis à ceux de l’Enryakuji de Kyoto de rester les seuls maîtres du Bouddhisme a posséder une force armée, les Sohei. Mais la première leçon que tout moine bouddhiste apprend est que rien ne
dure et que tout change : telle est la loi de l’impermanence. Ainsi, tout ce qui est Yang deviendra Yin et tout ce qui est au sommet est appelé à retomber. Voici la suite et la fin de
l’histoire de terribles moines guerriers du Japon, les sohei.
On pourrait croire que l’incendie et la destruction des temples de Nara marquent la fin de l’ordre des sohei, en tant que force combattante. En effet, l’influence et le prestige militaire de l’Enryakuji étaient trop grands pour pouvoir se confronter à lui, et il n’y eut plus d’armées de moines guerriers dans les affrontements de l’époque, sauf quelques petits groupes qui n’eurent pas d’impact décisif sur le sort des batailles. Là aussi, on peut être étonné que l’Enryakuji fût épargné par les vainqueurs de la guerre du Gempei, à savoir les Minamoto, alors que le temple avait clairement soutenu les Taira. La raison se trouve dans un geste de bonté et, sans doute aussi, de calcul politique. En 1183, alors que les Taira semblait victorieux, Kiso Yoshinaka qui était l’un des grands chefs du clan Minamoto, fut blessé. Ce furent les moines de l’Enryakuji qui le soignèrent et le protégèrent au sein de leurs monastères. En souvenir, les Minamoto ne détruisirent pas le mont Hiei et ses innombrables temples.
Yoshinaka Minamoto
Les Minamoto s’installèrent dans une nouvelle capitale, Kamakura, afin de ne pas être associés à l’ancienne capitale
(Nara) et à la nouvelle (Kyoto). Ils se donnèrent le titre de shogun (dictateur militaire), supplantèrent le pouvoir impérial, mais ne restèrent pas insensibles à leur salut. C’est pourquoi ils
furent également les fervents mécènes de la reconstruction des temples de Nara. Avec la reconstruction des temples, comme toujours la confiance et l’arrogance revinrent sur le devant de la scène.
Des disputes sur des titres et
Temple Zen de Tenryuji, à Kyoto
Pour indiquer clairement leur favori, ils convertirent l’un des palais impériaux à l’ouest de Kyoto en monastère Zen : le Tenryuji. Celui-ci fut achevé en 1344. Dès l’année suivante, les moines de l’Enryakuji, avec le support de ses anciens ennemis (Taodaiji, Kofukuji) fit une démonstration de force dans les rues de la capitale. Mais les menaces du shogun furent suffisantes à ramener tout le monde dans ses temples. Mais ce ne fut pas toujours le cas. En 1367, le temple Zen de Nanzenji avait érigé une douane dans la province d’Omi, afin d’obtenir des taxes pour reconstruire la porte principale de leur temple. Ce type de taxe routière était courant et l’Enryakuji possédait sept portes qui faisaient office de douanes au pied du mont Hiei, près de Sakamoto. Un novice du mont Hiei, refusant de paye la taxe imposée par les moines zen, fut tué sur place. Il n’en fallut pas plus pour que les sohei sortent et aillent se battre.