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Batho et les vers de gouvernement

Publié le 03 juillet 2013 par Mister Gdec

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La nuit porte conseil, dit-on. J’ai choisi volontairement de lui laisser le dernier mot hier soir afin de prendre la distance nécessaire que je me sentais devoir adopter vis à vis du limogeage brutal de Delphine Batho. Le danger en l’espèce était bien de me laisser emporter par mon humeur. J’ai d’ailleurs été plutôt amusé par les réactions à chaud de tout un tas de gens, à gauche comme à droite,  qui se découvraient soudain une conscience écologique à bon compte sur le dos de cette débarquée, quasi manu militari. Certaines télés se sont d’ailleurs fait un plaisir de montrer des images de collaborateurs de la ministre qui quittaient leurs bureaux du Boulevard St Germain avec des cartons dans les bras. Misère du journalisme français.

En fait, je ne sais trop quoi penser de cette décision, sinon qu’il m’apparait assez paradoxal d’être plus violent avec une ministre en somme plutôt isolée, à l’action ministérielle assez mince (au dire de beaucoup, malgré son caractère bien trempé, qui lui vaut ce désagrément), qu’avec d’autres qui ont fait bien pire en matière de critique, tant du gouvernement et de son président, que de cette détestable politique d’austérité que nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer.  (Mais il parait qu’il ne s’agit pas d’austérité, mais de rigueur, me dit-on dans l’oreillette du côté des blogueurs solfériniens…  Ce que wikipédia qualifie d’euphémisme de bienséance. Belle découverte : je ne suis pas bienséant).

je n’ai pas de sympathie particulière pour une femme dont j’ai souligné la médiocrité et l’incohérence de l’action en son temps ici même, et qui ne s’est pas distinguée avant cet événement par une préoccupation écologique majeure, elle qui rappelons le tout de même (je n’ai pas la mémoire courte en la matière) est par exemple plutôt favorable au nucléaire.  L’écologie n’est d’ailleurs pas son ministère d’origine, si l’on veut bien s’en ressouvenir… (cf. son éviction du Ministère de Taubira au bout de tout juste un mois pour cause de relations difficiles… Voir ici son pédigrée).

Pourtant, par delà le fait brut, je ne peux que déplorer le très mauvais signal qui vient là d’être donné. Mauvais signal parce qu’on donne l’impression de sanctionner une femme qui a eu le malheur de dire simplement la vérité :

Avec une baisse de 7 % de ses crédits, son ministère est le plus affecté par l’austérité budgétaire programmée en 2014. En chiffres brut, c’est 500 millions d’euros en moins et un peu plus de 500 postes supprimés. (source)

Mais aussi mauvais signal pour les défenseurs de l’environnement, quel que soit le parti dans lequel ils se situent, à qui on donne l’impression (mais en est-ce seulement une ? Ou bien plutôt une réalité ?) que les préoccupations écologiques ne sont pas une priorité gouvernementale, ce qui est profondément suicidaire. Mauvais signal car c’est la deuxième ministre de l’environnement limogée en un an. Mauvais signal envers les féministes et mauvais signal pour la parité dans ce gouvernement, puisque Delphine Batho a été remplacée par un homme… (Pur produit solférinien,  au passage… ça va de soi). Dephine Batho a d’ailleurs été remplacée au pied levé avec une telle rapidité que nous sommes plusieurs à nous demander si cette décision n’était pas mûrement préméditée.

Et si le bon signal que voulaient donner les solfériniens consistait à démontrer que là où on le montrait mou, en capitaine de pédalo, François Hollande a choisi de couler la Batho – pour reprendre les jeux de mots faciles -  et donc faire preuve d’une indéniable autorité, et bien là encore, c’est un signal fort mauvais : celui de se montrer fort avec les faibles, mais faible avec les forts. On attend ainsi toujours qu’il débarque pareillement Montebourg, et qu’il fasse preuve de la même détermination à lutter contre la finance !

Mais que dire encore qui puisse sinon convaincre du moins faire sens,  face à des gens qui continuent de considérer que les préoccupations environnementales sont accessoires en regard des contraintes économiques ? C’est une position non seulement  rétrograde et absurde,  mais qui va à l’encontre de la simple préoccupation de la survie de l’humanité. Mais puisque de l’écologie, tout le monde se fout,  en prétendant assez hypocritement y être sensible tout en ne se donnant jamais les moyens politiques et matériels de procéder à une réelle rupture, que faire ? Sinon la révolution…

Quant aux cadres d’EELV, et notamment ceux qui sans honte continuent de siéger dans ce gouvernement qui les foule si visiblement aux pieds, que dire qui ne soit vain ? On aurait pu penser qu’un tel mauvais signal aurait dû les inciter à mettre fin à leur calvaire, et à quitter enfin la scène, après tant de décrédibilisation… Mais non. Comme dit Michel, c’est que la soupe doit être bonne… Qu’ils continuent donc à manger des couleuvres et leur chapeau, ils se privent dans cette occasion de toute crédibilité et je pense qu’ils vont perdre dans l’histoire un sacré paquet de militants. Leur ruine est consommée. Qu’ils boivent donc le calice jusqu’à la lie, mais ne nous demandent pas de les considérer encore avec bienveillance. Il y a par chez nous bien plus de convictions écologiques que chez ces gens là… qui sont devenus la risée de la quasi totalité de l’univers politique français. Dommage pour la défense de l’environnement, mais tant pis pour eux. Ils récoltent ce qu’ils sèment, ces tartuffes.


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