Selon le gouverneur de la banque d’Angleterre, il y a quatre options de sortie de crise de l'euro.
Un article d'Open Europe.
Le Financial Time a récemment publié un long et intéressant entretien de Mervyn King, l’actuel gouverneur de la banque d’Angleterre, avec le journaliste Martin Wolf. De nombreux sujets d’actualité ont été traités, mais c’est un court échange sur la zone euro qui a sans surprise retenu notre attention. Interrogé sur les solutions à apporter à la crise de l’euro, King a résumé brièvement les options, et ce, sans avoir recours aux termes techniques propres aux personnes directement impliquées dans la crise.
Je pense, qu’il y a quatre solutions. La première est de continuer avec le chômage massif dans le sud. Le but étant de déprécier les salaires et les prix jusqu’à ce qu’ils soient à nouveaux compétitifs. La deuxième est de dire : pour nous débarrasser de ces déséquilibres de compétitivité, nous avons besoin d’inflation en Allemagne. Cela semble peu attrayant, en particulier pour les allemands.
La troisième est d’abandonner l’idée de restaurer rapidement la compétitivité et d’accepter que nous sommes dans une union européenne des transferts. Cela nécessite que les pays du nord donnent de l’argent au pays du sud, tandis que les pays du sud acceptent que des conditions leurs soient imposées pour limiter la taille des transferts.
La quatrième est de changer les conditions d’adhésion. À l’heure actuelle, j’ignore quelle est la meilleure solution. Cela va dépendre de leurs objectifs politiques. Mais d’un point de vue économique, la réponse à apporter devrait ressembler à une combinaison de ces quatre solutions.
Comme je l’ai dit, une réponse concise et précise de King. Bien entendu chaque solution peut être nuancée et modifiée, mais les principes généraux sont là. Cependant nous pouvons pousser l’analyse plus loin. L’option une (qui est actuellement mise en œuvre) n’apparaît guère acceptable politiquement ou socialement. Des pays comme la Grèce, le Portugal ou Chypre auront des difficultés à redevenir compétitifs de cette manière. De plus cela n’effacerait pas les failles de la zone euro, la laissant incroyablement vulnérable aux futures crises.
Même si elle était acceptable politiquement, il est peu probable que l’option deux suffise à résoudre la crise. Si certains aspects de cette solution sont probablement nécessaires pour la zone euro, ils sont loin de suffire à résoudre la crise. Cela pourrait en outre créer une « union de la non compétitivité », chose que l’Allemagne craint le plus ; en effet, même si les déséquilibres de la zone euro s’en trouvaient diminuer, la compétitivité de l’union européenne en souffrirait dans son ensemble. De plus nous ignorons toujours à quel point la croissance des pays en pleine crise économique bénéficierait d’une telle approche – comme nous le discutons ici. Et une fois encore cette solution ne résout en rien les problèmes institutionnels.
Cela nous laisse donc avec les options trois et quatre – ce que nous avions déjà noté.
En préalable à toute résolution de crise des choix fondamentaux doivent donc être fait dans la zone euro. Espérons que certains dirigeants de la zone euro liront l’interview de King.
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Sur le web. Traduction : Émeric T. pour Contrepoints.