
Voici l'interview :
Pouvez-vous vous présenter ?
G.L : Bonjour à toutes et à tous je suis Guillaume Lapeyre, le dessinateur du manga City Hall qui est publié aux éditions Ankama. Je suis auteur de bandes dessinées depuis 10 ans. J'ai commencé avec de la bande-dessinée franco-belge avec des séries de science-fiction chez Delcourt puis j'ai rencontré Rémi, il y a un peu plus de 4 ans et demi. On a fait ensemble chez Soleil Explorers.
R.G : Salut à tous et à toutes, je suis Rémi Guérin, le scénariste de Ctiy Hall. J'ai commencé la bande-dessinée il y a 8 ans. J'ai commencé par la franco-belge puis j'ai découvert le manga grâce à Guillaume.
Quel a été le point de départ de City Hall ?
R.G. : Le point de départ a été : l'envie que j'ai eu de rendre hommage à La ligue des gentlemen extraordinaires et de créer ma propre ligue avec des personnages imaginaires. J'avais envie par-dessus tout d'avoir Jules Vernes dans cette ligue. L'histoire s'est mis en place autour de l'univers steampunk car Jules Vernes y est intimement lié. C'est ainsi que l'équipe est né.
Pourquoi avoir choisi le format manga ?
G.L. : C'est un rêve d'adolescent. Je suis un lecteur de mangas en premier même si en devenant dessinateur je me suis mis à la franco-belge et au comics. J'ai essayé de publier un manga avant mais les éditeurs n'étaient pas prêts. Ils le sont davantage maintenant car on voit de plus en plus d'auteurs français qui font du manga. Je suis très content d'en faire un car c'est un format génial car le côté série me plaît beaucoup, ce que je ne pouvais pas faire dans la bd franco-belge. Cela va être difficile de revenir à la bd franco-belge. Avec le manga tu peux tenir en haleine le lecteur et faire des finals comme dans le tome 3 où il va falloir attendre la suite même si on n'a pas envie d'attendre.
R.G. : C'est par amitié pour Guillaume car je lui fait confiance et que j'ai eu envie de la suivre. Je ne suis pas spécialement un lecteur de mangas. Ce qui nous intéressait c'est le prix pour avoir quelque chose d'un petit peu plus abordable que la bd franco-belge et aussi d'avoir plus de place pour s'exprimer avec 160 pages.
Comment s'est effectué votre rencontre avec Ankama ?
G.L. : Suite à l'arrêt de notre série chez Soleil : Explorers, on a monté un projet. Avec Rémi, on avait développait 5 histoires avec 5 styles différents. Il y avait une histoire d'aventure, une histoire fantastique, il y avait City Hall, une histoire de sport et un autre truc que j'ai oublié. Je suis monté à Angoulême en 2011 car c'est l'avantage d'avoir sur 3 jours tous les éditeurs. J'ai présenté les 5 projets à chaque éditeur présent avec l'espoir d'être chez Ankama car je surveillais ce qu'il faisait au niveau édition et je pensais que c'était là qu'il fallait City Hall en manga. C'est Ankama qui a choisi le format manga pour City Hall car tous les autres éditeurs étaient réticents au format manga. Ils voulaient que l'on mette cela en format couleur avec 46 pages mais comme on venait de sortir d'une mauvaise expérience avec ce format là, on n'était pas chaud. Ankama a accepté le format de suite.
Dans City Hall, y-a-t-il un message sur le pouvoir des mots ?
R.G. : Au départ, il n'y a pas de message particuliers cependant au fond bien sûr on demande quel message on va faire passer. Oui, aujourd'hui la lecture est un peu délaissée et j'avais envie de remettre un peu en avant ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui c'est à dire la lecture depuis que je suis enfant et de remettre en avant le pouvoir des mots. Je pense que tu peux blessé aussi bien quelqu'un avec les mots qu'avec une arme donc c'est vraiment ça l'idée : c'est de dire si vous écrivez et apprenez à le faire vous allez pouvoir faire passer des messages bien plus fort qu'autrement.
Quelles sont les différentes étapes lors de la création d'un tome ?
R.G. : Une bonne histoire n'a pas d'intérêt s'il n'y a pas de bons personnages. Avant même de créer une histoire, il faut créer de bons personnages. On peut avoir une idée de l'univers et de l'époque mais créer les personnages, les backgrounds, les relations entre eux, leurs qualités, leurs défauts, ce qu'ils ont vécu avant, ce qui fait qu'aujourd'hui ils sont ce qu'ils sont voilà avoir des personnages qui tiennent la route et qui ne servent pas l'histoire mais plutôt l'inverse. Ensuite, on les met dans un contexte et donc là pour commencer je fais histoire par tome qui est un peu conçue comme une nouvelle. Ensuite, je la découpe par chapitre puisqu'il y a 7 chapitres dans chaque tome. Je les découpe ensuite page par page. C'est ces pages là que j'envoie à Guillaume. Cela ressemble un peu à uns scénario de cinéma.
G.L. : D'abord Rémi me lit cela au téléphone. On peut déjà caler deux trois choses à ce moment là si besoin est ou je demande des explications supplémentaires. Ensuite, je fais le storyboard un croquis super léger sur du A4 en paysage sur deux pages en vis à vis. Je fais tout le chapitre d'un coup. J'envoie ensuite cela à Rémi et Elsa. J'ai parfois des retours parfois non. Après je commence à faire mes crayonnés sur un gabarit augmenté par rapport au format de l'album. Je fais 20 pages de crayonnés et d'encrage d'un coup. Ensuite, dernière étape c'est l'ordinateur et le scannage. Je mets deux trois trames, j'en mets pas beaucoup mais quelques unes de temps en temps. Je retape les dialogues. je refais les bases de noirs quand elles sont trop grandes.
En tant que manga français, est-ce dur d'arriver à se démarquer ?
G.L. : C'est un pari super risqué, je le savais, Rémi peut-être pas, moi je le savais en tant que gros consommateur de mangas. On s'en est bien sorti et on est les premiers surpris. Il y a un public pour les choses qui sont légèrement différentes. Nous on ne fait pas du shônen de base. Cela n'est pas péjoratif, je parle au niveau des codes. On propose quelque chose de différents avec un dessin légèrement différent. J'ai encore beaucoup le style franco-belge qui est là notamment sur les décors. Comme on n'est pas japonais, pour moi on part avec un handicap donc il faut donner envie aux gens plus que si on était japonais. On arrive à avoir une toute petite place. Quand on n'aura plus d'idées assez solides pour continuer on arrêtera. Je ne veux pas que mon Jules Verne parte de pays en pays contre des adversaires de plus en plus fort même si je suis client de ce genre de truc mais je n'aimerai pas le faire.
City Hall un bilan ?
G.L. : Beaucoup de fun. Énormément de travail. J'ai l'impression d'être sur un petit bateau au milieu de l'océan Atlantique avec l'horizon à perte de vue et pouvoir aller là où je voulais avec Rémi.
R.G. : Beaucoup de rencontres géniales. C'est une belle aventure. C'est une énorme surprise pour nous tout cela. C'est pleins de gens géniaux que l'on a rencontré. C'est des gens qui sont devenus fans de cet univers et qui portent les personnages avec eux. C'est beaucoup de cadeaux à travers des dessins que des gens ont pu nous faire et à travers des histoires que des gens nous racontaient.
Je remercie beaucoup Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre pour le temps qu'ils m'ont accorder.