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Batho, Gattaz, Morales: l'écume des mots.

Publié le 04 juillet 2013 par Juan
Une ministre limogée qui en a gros sur la patate, un président étranger bloqué dans son avion, un patron des patrons exfiltré du 19ème siècle...
Belle brochette, ce mercredi !
Batho
Elle a prévu de s'exprimer plus tard dans la journée, vers 15 heures, une conférence de presse où elle dira "tout" sur son "limogeage", c'est-à-dire sans doute pas grand chose qu'on ne sache déjà.
Mercredi matin, la passation de pouvoirs est rapide, la ministre est émue, le citoyen s'en fiche un peu. Nos chaînes d'information en rajoutent, l'information - la vraie - est ailleurs: en Egypte, en Europe, dans la crise.
Les écologistes jouent leur carte. Ils font pression comme ils peuvent. Les médias et leurs opposants - c'est-à-dire la gauche, la droite et le reste - raillent leur manque de courage. Juger dans l'immédiat est l'une des tares indéfectibles de notre société moderne. Certains combats se jouent sur une distance. Justement, malgré ce limogeage d'une ministre isolée et non écologiste, un autre de ces collègues, Pascal Canfin, menace. EELV attend des signes vrais et rapides: un verdissement des investissements d'avenir annoncés la semaine prochaine, puis une loi sur la transition écologique. "Si nous n'avons rien d'ambitieux, il est clair que les écologistes quitteront le gouvernement" balance Yannick Jadeau. "Nous attendons vos réponses, nous attendons des actes" lance Barbara Pompili, co-présidente du groupe des députés écologistes, à Jean-Marc Ayrault lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée.
Résumons: Hollande n'avait pas d'autre choix que de virer la trublionne. Les Ecologistes ont eu raison de profiter du couac pour se manifester, mais politiquement tort sur le fond des arguments: tout le monde se fiche des investissements d'avenir. Le concret écologique, ça doit être maintenant - logement, fiscalité, transports collectifs.
Morales humilié
Mercredi, une rumeur attribuait à un avion bolivien de transporter le nouvel héros des temps modernes au-dessus du ciel européen, Edward Snowden. Plusieurs pays européens dont la France interdisent aussitôt le survol de leur territoire au dit aéronef qui reste du coup bloqué 13 heures durant sur le tarmac de l'aéroport de Vienne (Autriche).
Mon dieu que le monde est dur, l'humiliation terrible... L'avion était présidentiel, et Evo Morales n'a pas apprécié le blocage. C'est une erreur qui permet à quelques gauchistes de couiner combien la France est aux ordres de la police d'Obama.
La France finit par s'excuser auprès de la Bolivie. A Berlin, Hollande perd quelques minutes pour se justifier: "Dès lors que j’ai su que c’était l’avion du Président bolivien, j’ai donné immédiatement mon autorisation de survol."
Résumons: il s'agissait d'un couac, d'une bévue, d'une erreur. Mais en Bolivie, quelques Boliviens pouvaient brûler notre drapeau national en signe de protestation.
Gattaz Hibernatus
Le MEDEF a un nouveau président, Pierre Gattaz, la cinquantaine rugissante. Elu avec score nord-coréen faute d'opposants - 95%. Sur l'estrade du Palais des Congrès, pour son discours inaugural, il a quelques formules terrifiantes, de la crétinerie pur jus tant elle ne ressemble à rien d'autres qu'une caricature.  L'entreprise est renommée en "entrepreneur". La novlangue pourtant vieille du MEDEF consiste à cacher l'actionnaire masqué. Pourquoi n'assume-t-il pas une réalité ?  Pierre Gattaza, donc, a la formule qui tâche. Il trouve l'anecdote familiale, sa dernière fille, nous explique-t-il, vient de passer son bac. C'est bien. Et son sujet d'économie était visiblement effroyable, elle l'a noté et répété à son patron de paternel: "Notre pays ne comprend pas ses entreprises et ses entrepreneurs, notre pays ne les aime pas suffisamment. Ma plus jeune fille vient de passer son Bac. Son sujet de sciences économiques et sociales était : 'Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être des facteurs de cohésion sociale". Ce Gattaz-là avait à défendre les "entreprises asphyxiées, ligotées et terrorisées", ou encore l'ambition de " faire baisser le chômage en dessous de 7 % à l’horizon 2020". Mais à quel prix ?  Un tarif chinois ?
En moins de trente minutes, Pierre Gattaz nous ravive la lutte des classes. Comme l'explique fort bien notre confrère Camino, ce Gattaz-là nous propose de "retarder l'âge de la retraite, de baisser les indemnités de retraite, de baisser les cotisations salariales, de baisser le nombre de fonctionnaires". Nous allons nous régaler, le rideau tombe pour ceux qui croyaient au grand consensus.
Résumons: le MEDEF venait de s'incarner dans un patron du comité des Forges. 
 


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