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Nous avons testé le marathon de San Francisco

Publié le 04 juillet 2013 par Caraporters @Caraporters

Arrivée du marathon de San Francisco 2013

Tout avait commencé sur un coup de tête, un défi après quelques années à courir et à enchaîner les distances de plus en plus longues. Et pourquoi pas un marathon ? Affronter les mythiques 42,195km qui font autant rêver que trembler.

Grenoblois de coeur installés à Montréal depuis la fin de l’été 2012, nous avions profité du rude hiver canadien pour fixer notre point de chute pour ce premier marathon. Et quoi de mieux que la résonance chaude de San Francisco pour cette l’aventure ? Les bolides survolant des rues aux allures de montagnes russes dans les séries TV, le mythique Golden Gate Bridge dont l’armature orange transperce une baie de San Francisco plongée dans un épais manteau de brouillard… « SF » a des allures de musée des rêves à ciel ouvert pour ceux qui ont pensé un jour s’aventurer dans les ruelles abruptes de la ville californienne. Et nous, on l’a imaginé à notre manière. Découvrir la ville au pas de course sur un circuit de 42,195km. Et plusieurs centaines de mètres de dénivelé positif, histoire de rajouter du piquant à l’aventure!

Quelle ambiance après les attentats de Boston ?

Préparer un marathon, c’est penser avec ses jambes et sa tête. Les semaines avant la course prennent des allures d’escalier émotionnel, où la tension et l’excitation se mélangent confusément. C’est penser marathon, boire marathon, manger marathon. Rêver marathon. Un rêve qui s’était transformé en cauchemar deux mois plus tôt à Boston, sur l’autre côte américaine, avec un attentat perpétré près de la ligne d’arrivée de l’épreuve. Bilan, trois morts, 264 blessés et le choc de voir une épreuve populaire et festive touchée en plein coeur. Ce marathon-même que nous avions envisagé de faire a eu de nombreuses répercussions et conséquences. Notamment sur la sécurité des événements sportifs aux Etats-Unis, à commencer par le marathon suivant… celui de San Francisco. Nous avons reçu par exemple une succession de mails rappelant l’obligation d’arriver longuement en avance pour parvenir à la zone de départ, hautement sécurisée.

Marathon de San Francisco 2013

La montagne aura finalement accouché d’une souris. En arrivant sur place le jour même de la course, la tension semblait assez limitée. A peine quelques commentaires dans le San Francisco Chronicle, le journal local. Une sécurité assurée en grande partie par un service d’ordre privé, des policiers visibles mais à des années lumière des panoplies aperçues à la télévision après l’attentat de Boston… Seule la voix excentrique du speaker venait rappeler régulièrement l’importance de l’hommage aux victimes de l’attentat.

De notre côté, pas mal d’excitation avant le départ. Et beaucoup de fatigue. Voyage, décalage horaire (trois heures de différence, ça compte pour ce type d’effort !).. et un départ aux aurores le lendemain matin. 4h30. L’heure des vérifications. Baskets, shorts, eau, gel énergétique, étirements et caméra Go Pro pour immortaliser le tout…

Marathon de San Francisco - Golden Gate

Le départ donné à 5h30, c’est parti pour les premières foulées sur les quais de San Francisco. Le soleil illumine doucement la baie californienne et l’on voit déjà des gens s’avancer sur les trottoirs pour nous encourager. Des pancartes, des cris, des encouragements… Les habitants de « Frisco » ont su réserver le meilleur accueil possible aux coureurs, même de bonne heure. Barbe hirsute, pieds nus, un SDF y va de son petit mot. « Si vous avez eu le courage de prendre le départ, vous aurez celui d’aller jusqu’à l’arrivée. » Motivation extrême.

Chaque « We’re proud of you » agit comme un accélérateur d’adrénaline, libérant les jambes et la tête. La tête, justement, sera levée bien haut accompagnée d’un sourire béat au moment de passer sur le Golden Gate, entre le 10 et le 15ème km. Certains s’arrêtent, demandent à être pris en photo avant de repartir dans leur périple pédestre. Nous, on regarde, on se dit que c’est quelque chose de grand de pouvoir être là.

Le mur, le vrai

Les kilomètres passent. Le parc du Golden Gate est le théâtre des premiers moments de doute. Un faux plat montant qui n’en finit plus et des boucles qui donnent le tournis… Les encouragements sont toujours aussi forts mais on semble moins les entendre. Comme si une bulle se formait petit à petit autour de nous, les minutes passant.

Km 30. Les amoureux du marathon en avaient souvent parlé. Le fameux mur, celui où le corps et la tête peuvent parfois lâcher. Ca tient pour nous mais ça commence à être dur, d’autant que le parcours offre des lignes droites interminables. Au loin, on voit les coureurs. Tout petits. Les jambes disent oui, la tête dit non. Ou l’inverse. Tout s’emmêle l’espace de quelques instants avant une gorgée d’eau salvatrice.

Continuer, ne pas lâcher si près de l’arrivée. Un oeil sur la montre, l’autre sur le bitume. Km 40. Plus que deux. Non, encore deux. Un groupe de rock bat la cadence le long du parcours. Le rythme cardiaque semble bien plus élevé que celui de la batterie de ce sosie de Led Zepelin. Au loin, la voix du speaker se fait entendre. Tenir, coûte que coûte. Reprendre une gorgée, fermer les yeux et oublier la douleur. La foulée n’a plus rien à voir avec celle fluide des premiers kilomètres. Les mètres semblent défiler au rythme des kilomètres. Tout n’est qu’éternité jusqu’à cette ligne d’arrivée. Dernières foulées, derrières respirations saccadées. Et la fin. Une main pour arrêter le chrono, l’autre pour récupérer la médaille.

Marathonien ! Ca y est ! Cet objectif irréel lorsque les premiers entraînements avaient commencé quatre ans plus tôt sur les quais de l’Isère à Grenoble est enfin réalisé. S’asseoir est une délivrance pour les jambes, mais la tête est légère en regardant passer les autres concurrents. Certains ont l’air encore bien. D’autres y laissent leurs tripes. Mais chaque regard croisé est l’occasion d’un sourire complice. Entre partenaires de galère, on se comprend désormais. Les minutes passent, les forces reviennent. Les images de la course défilent à toute vitesse. On repense à ce que l’on a bien ou mal fait. Pour finalement se dire que l’on a réussi. Clap de fin. Jambes en coton pour quelques jours. Quelques rues plus loin, cette question qui monte tout doucement du fond de soi : « Alors, prochain défi ? »

Julie termine 2535ème sur 5763 coureurs de ce marathon de San Francisco 2013 et 585ème féminine sur 1896. Benoît fait 692ème sur 5763 et 611ème homme sur 3867.

Marathon de San Francisco - bord de mer


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