Passion // De Brian de Palma. Avec Rachel McAdams et Noomi Rapace.
Etant donné qu'il se fait rare au cinéma, j'ai peu de chances de vous parler de mon admiration pour le cinéma de Brian de Palma. C'est pour moi un réalisateur absolument fabuleux
qui a une manière de montrer la femme jamais égalé. Bien que ses derniers films ne soient pas ce qu'il a fait de plus mémorable (Femme Fatale notamment), je suis un grand fan de
ses L'esprit de Caïn, Scarface, Pulsions, Soeurs de sang, …. Bref, je ne suis pas là pour vous parler de mon amour pour
Brian de Palma mais plutôt de Passion qui revient avec justesse sur son cinéma des premiers jours. J'ai retrouvé un peu de Pulsions dans ce film
(et au fond, on sent que les deux se veulent proches). Ce que j'ai dans un premier temps aimé dans Passion c'est la manière dont l'histoire s'orchestre. Remake de Crime
d'Amour (d'Alain Corneau, avec Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier), Passion tente de son côté d'apporter la
patte De Palma avec une certaine efficacité. La mise en scène est légère, pleine de suspense et bourrée d'effets de style dont je suis tragiquement tombé amoureux il y a quelques
années de ça.
Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle
pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.
Faire un remake s'est aussi se mesurer à un film et je dois avouer que Crime d'amour est plutôt bon. J'avais en tout cas été surpris pour un film français. Brian de
Palma s'est attelé à la réécriture du scénario à sa façon, mettant en valeur les personnages féminins avec un côté particulièrement vicieux. J'ai adoré Noomi Rapace
(Prometheus, Dead Man Down) dans le rôle d'Isabelle James. Elle est tellement sensible et belle. Brian de Palma est un as. Je ne sais pas
comment il fait mais je suis bluffé. Il a su transformer ce personnage tout au long du film jusqu'à lui faire complètement perdre pied à la fin. D'ailleurs, la fin est la partie la plus confuse
du film alors que l'on parle dans tous les sens et que l'on sent tout de suite de qui provient la réécriture. J'ai aussi beaucoup aimé Karoline Herfurth (The
Reader, Le Parfum) qui m'a beaucoup surpris. A l'inverse de Noomi Rapace, son personnage se révèle au fil du film jusqu'au dénouement glacial mais
terriblement efficace.
Même Rachel McAdams (Minuit à Paris, Je te promets) était absolument fabuleuse dans ce rôle de femme fatale qui n'a peur de rien, et encore
moins d'écraser les autres. Si Passion n'est pas exempt de défauts, cela reste un très bon film et un remake intéressant. Brian de Palma n'a pas choisi de faire
du plan par plan, ou bien de reprendre l'histoire mot pour mot. Il a réadapté la chose pour se l'approprier et en faire ce qu'il en a fait. Le retour aux années 70 et à ces films de suspense qui
me manquent terriblement, j'ai été ravi. Maintenant, je ne sais pas si Passion a réellement déchainé les passions mais le processus d'inversion est si jouissif qu'il est
difficile de ressortir déçu de ce film à mes yeux. C'est du grand cinéma par la petite porte. Sans compter l'hymne aux femmes fatales que chante encore une fois Brian de
Palma.
Note : 8/10. En bref, un film sanglant et glacial. Remake de Crime d'amour il utilise le talent de Brian de Palma pour la mise en scène des
femmes afin de nous offrir une oeuvre sulfureuse et jouissive.