Matinée folle de sur-excitation, de résultats sur des écrans, sur des tableaux, sur des listings avec des lignes impossibles à lire de près comme de loin, quelques pleurs, beaucoup de rires, de larmes de joie, de hurlements, de parents en transe. C'est fait avec mention, retour à la maison, coup de fil aux parents, à la grand-mère, au grand-père au fond du jardin dans le potager, tout le monde est heureux.
Moi aussi.
Je vais enfin prendre un peu de recul, regarder la vie avec mes futures études d'architecture, une voie qui me tentait depuis le début malgré l'engorgement éternel depuis des décennies de cette filière, malgré aussi le vide en réelle urbanisation durable de nos villes et villages, de nos futures mégalopoles. J'adore dessiner, depuis mon plus jeune âge, depuis les animaux, depuis les bandes dessinées copiées, depuis les portraits en classe, les séances en famille avec ma mère, styliste repentie, devenue fonctionnaire amère.
Mais elle m'a donné des coups de main, des idées et surtout la souplesse de mes coups de crayon avec le temps. Beaucoup d'inné, de facilité naturelle, mais aussi un coup d'oeil, des dizaines d'expositions, des centaines de livres, des instants de contemplations, de vide intérieur pour absorber la substance des traits, des coups de pinceaux, des couleurs et des non-couleurs, des contrastes nés de rien et si indispensables à la vie de l'oeuvre dans nos yeux. Oui elle m'a donné sa force, son envie, et une part de sa technique.
Portraits photo, portraits en aquarelle, portraits en sanguine, toujours avecla touche de l'artiste.
Je caresse la feuille, je m'évade car aucune pression ne me retient maintenant. La lumière est bonne, le modèle est dans ma tête, un croquis, un trait, deux, d'autres encore.
Sa chevelure naît sous mon inspiration, je crée une forme, une silhouette, une allure. Un coup de vent dans les cheveux, le visage, les yeux, un coup de gomme pour le nez, ses lèvres, elle est là. je la vois, elle me sourit. Encore des traits, du recul, une pause car je souffre sereinement quand je dessine, c'est un effort intense mais si libérateur.
Lui, mon ami blogueur, il fait de même, il cache ses dessins pour ne montrer que ses mots, pour cacher d'autres maux peut-être.
Lui aussi dessine, peint, et photgraphie. Il aime déguster une forme, la sublimer pour en tirer non pas une forme de sylphide, mais des rondeurs déséquilibrées, des femmes, des vraies femmes. Il aime ces excès, des formes présentes, des harmonies d'ensemble, des dessous aperçus, des robes oulantes ou flottantes, il aime deviner et faire deviner.
Juste avec ses mots, ma pause est finie, je retourne à mon chevalet.
Elle m'attend sans bouger, ma créature, mon dessin alangui sur le papier.
Encore des minutes ou des heures, je vais refaire, reprendre, corriger, ré-interprêter, revoir, dessiner encore. Un été pour cela, de la lumière, de l'eau, le vent par la fenêtre.
Que la vie est belle ainsi !
Nylonement