Quelle semaine que celle qui voit s'effondrer, dans le ridicule, les démocraties issues des deux révolutions du siècle des Lumières : la démocratie française et la démocratie américaine.
La démocratie américaine d'abord. Celle d'un pays et d'un peuple unis autour d'une Constitution dont le sens et les institutions ont été peu à peu pervertis. Pervertis par l'argent roi qui à travers les lobbies fait depuis longtemps les carrières politiques avec une accélération provoquée par la révolution conservatrice des années 1980 (n'oublions pas qu'Obama, lui-même, a été élu et réélu grâce à Wall Street) . Pervertis par une conception impérialiste et paranoïaque de la politique étrangère bien avant le 9 septembre 2001 qui aura accentué ce travers et, via le Patriot Act, réduit drastiquement les libertés des citoyens américains et autorisé PRISM. Pervertis par le productivisme puis le consumérisme qui aura transformé le rêve américain de bonheur public en ce cauchemar du toujours plus d'avoirs privés étendu à l'ensemble du monde. Avec le traitement infligé à Snowden (après Manning et Assange) cette semaine aura confirmé qu'il y au moins autant à craindre en manière de totalitarisme des Etats-Unis que de l'Iran et de la Corée du Nord.
La démocratie française ensuite. Empêtrée dans un régime bonapartiste, la Vème République, qui aura vu se couler, dans des habits bien trop grands pour eux, des politiciens médiocres pour aboutir avec Hollande aux mêmes travers qu'un Daladier ou un Mollet mais avec des pouvoirs sans limites. Empêtrée aussi dans la professionnalisation à outrance de la politique et la confiscation par une caste de l'ensemble des situations juteuses de pouvoir. Empêtrée aussi par la mainmise des milieux d'affaire sur le système médiatique. Empêtrée enfin par un système judiciaire sans moyens et soumis à toutes les influences politiques. La journée d'hier a démontré, avec le refus d'accueillir Snowden (après la scandaleuse interdiction de survol de l'avion du Président bolivien), la condamnation de Mediapart, l'invalidation des comptes de Sarkozy et le lynchage médiatique de Delphine Batho, que notre démocratie avait disparu et que nous étions dirigés par un monarque élu qui ne se rendait même pas compte qu'il était nu.
Il ne nous reste plus qu'à rejoindre Egyptiens, Brésiliens, Portugais, Espagnols, Tunisiens...dans la reprise en main de notre destin.