Bon, vous allez me dire « Mais pourquoi aller voir ça ? », vu que ce film a été conspué côté public comme côté critiques, à peu près partout dans le monde. Eh bien tout simplement parce que son réalisateur, M. Night Shyamalan, est l’un de ceux en qui on a longtemps cru, et que pour ma part, je n’ai pas tout à fait perdu espoir de le voir faire de nouveau un grand film – j’avais d’ailleurs beaucoup aimé Phénomènes, dont le souvenir reste assez fort dans mon esprit.
On peut retrouver, ça et là dans After Earth, une petite patte qui prouve qui est derrière les manettes : quelques idées de mise en scène et de cadrage assez inhabituels et réussis (malheureusement j’en ai déjà oublié la moitié, 10 jours après avoir vu le film, mais je pense à ce moment où le fils se fait traîner par l’aigle géant – mais on ne le sait pas encore – et où on ne voit que les herbes), et puis aussi cette omniprésence des écrans à travers lesquels le réel est vécu (comme dans Signs, comme dans Phénomènes). On retrouve aussi une sorte de suite de l’idée développée dans Phénomènes, à savoir cette nature devenue hostile pour l’homme.
Malheureusement, le tout est plombé par un scénario assez insipide et à la moralité plutôt douteuse dont le principal concept est : « La peur, c’est mauvais ». Effectivement on ne s’étonne pas que le film ait été suspecté d’être pro-Scientologie. Ce personnage de père avec le fantasme sécuritaire ultime pour un parent (avoir une caméra qui suit son enfant, partout, pour surveiller les dangers, pouvoir suivre ses fonctions vitales sur moniteur en permanence, et pouvoir lui donner des conseils à tout moment par micro) est assez malsain, et le duo père-fils Smith n’arrange rien. Will Smith s’octroie (l’histoire est de lui à la base) un rôle de grand mutique, grand insensible-mais-quand-même-un-père-et-avec-des-traumas ; alors pourquoi pas, mais c’était peut-être surestimer sa propre maturité d’acteur. Là où il se croit minimaliste, c’est plus souvent le néant du jeu. Le masque inexpressif. Mais c’est plutôt correct dans l’ensemble, surtout face à cette catastrophe ambulante de Jaden Smith, qu’on avait pourtant trouvé mignon et naturel dans The Pursuit of Happyness… mais là, c’est affreux, beaucoup d’efforts, de crispation du visage, et on n’arrive pas à savoir si on l’a forcé à être là ou bien s’il se croit absolument génial de souffrance intérieure. (Bon, je suis peut-être aussi influencée par le fait que je lui trouve une vraie tête à claques, du coup j’aime beaucoup le passage où il est tout boursouflé tout bouffi tout affaibli).
Sinon, on se demande quand même pourquoi les humains n’ont pas créé de combinaison vaguement hermétique pour combattre les Ursas, vu qu’une simple bulle en verre suffit à stopper les phéromones de la peur ? Passons, passons.
Quelque chose se passe au moment où le fils se rebelle contre son père au sommet d’une falaise : mais ce n’est pas tant dans l’émotion du discours du fils (gâchée par le jeu de Smith junior) que dans cette affreuse impossibilité qu’ont père et fils à communiquer, et dans cet aveu horrible que le seul moment où finalement le fils arrive à s’exprimer, c’est lorsqu’il est à des kilomètres de son père. Et ce dialogue échoue totalement. (Je ne suis pas sûre d’ailleurs que ce soit le message voulu).
Dommage, il y avait du style, et même parfois une pointe d’émotion…mais ce sera bien vite oublié.
Note : 3/6