Honnêtement, ce qui se passe à l'UMP est plutôt inquiètant pour notre démocratie. Je pars du principe que le pouvoir en place a toujours besoin d'une opposition en état de marche, ne serait-ce que pour éviter certains comportements. Si au début du mandat de Nicolas Sarkozy, le PS ne s'était pas épuisé lui aussi dans des querelles internes, peut-être aurions-nous éviter l'hyperprésidentialisation du règime où les excès comportementaux de certains ministres à l'instar de Mme Dati.
Inquiétant certes, mais tout de même, comment ne pas se réjouir un tant soit peu quand on se rappelle l'arrogance et le mépris des leaders de droite en 2008 au moment du congrès de Reims. Mieux, que n'ont-ils pas dit sur l'organisation des primaires au PS, alors que maintenant ils sont tous d'accord pour reconnaître leur utilité. Seulement voilà, l'UMP ne sait pas organiser convenablement des primaires car elle n'a jamais été un parti démocratique. Rappelez-vous comment Mr Copé a été désigné la dernière fois : directement par l'Elysée sans que les militants ne soient consultés d'aucune manière ; et cela n'a choqué personne. Evidemment, on pourrait rétorquer que la désignation de Mr Désir s'est faite peu ou prou de la même manière, sauf qu'il y a quand même eu une élection et que les militants socialistes, habitués à la démocratie, ont signifié leur désaccord.
Même si ce soir ou demain, un vainqueur était désigné à l'UMP, il serait quoi qu'il en soit à la tête d'un parti profondément divisé, quasiment irréconciliable, ingérable.Un parti non seulement divisé mais qui vient de faire la démonstration que sa base militante est très très éloignée des aspirations des français de droite. En donnant la moitié des suffrages à Jean-François Copé et en validant donc sa stratégie de droitisation, les militants UMP vont à l'encontre des souhaits des sympathisants de droite, plus proches de Fillon, plus modérés et tolérants dans l'ensemble.
Evidemment, nombreux sont ceux qui pensent que tout cela profite inéluctablement à Marine Le Pen ou à Jean-Louis Borloo. C'est indéniable et termes électoraux et à plus ou moins long terme si les choses ne s'arrangent pas. Mais pour l'instant, le grand vainqueur est François Hollande. Alors qu'il est lui-même dans une position délicate dans l'opinion, sa principale opposition se retrouve dans une position encore plus délicate. Désormais, le seule opposition audible que François Hollande aura face à lui est celle du Front de gauche. L'autre grand gagnant de cet épisode grand-guignolesque.