En déclarant hier que le gouvernement ne ferait le droit de vote pour les immigrés que lorsqu'il aurait une majorité claire au Parlement, le Président de la République a procédé à son enterrement pur et simple, puisqu'il est clair que même si une partie de la droite pourrait se rallier à ce projet, elle n'en fera pas le cadeau au PS à quelques mois des élections municipales. Ensuite, nous entrerons dans la pré-campagne présidentielle, et il sera trop tard.
Pourtant, la réalisation de cette promesse est une nécessité politique. Tout d'abord parce qu'il s'agit d'une promesse et qu'il en va de la crédibilité de la parole politique. Mais aussi parce qu'il s'agit d'une question d'équité et de justice.
J'entends l'argument de la droite (si,si, il m'arrive d'entendre ce que dit la droite !) qui considère que le droit de vote doit être lié à la nationalité, sachant que l'on peut, sous réserves de conditions, devenir Français. Cet argument serait recevable s'il n'y avait le droit européen. En effet, désormais n'importe quel citoyen de l'Union peut voter aux élections européennes en France, mais également aux élections municipales, créant ainsi une inégalité de fait avec les étrangers non européens. Par simple souci de justice, accorder le droit de vote aux immigrés devient donc une nécessité.
Mais, pour un gouvernement de gauche, cette question dépasse la notion de justice. Elle devient une question politique. François Hollande et sa majorité PS devraient se rappeler que de nombreux enfants d'immigrés ont la nationalité française et ont voté massivement pour la gauche, très souvent en raison de cette promesse. Ne pas la tenir serait un mauvais message que l'Etat français leur enverrait, encore un signe supplémentaire qui leur indiquerait qu'ils ne sont pas forcément désirés.
Oui, la question du droit de vote des immigrés est une question divise, surtout après 5 années de sarkozysme. Au-delà du Parlement, le chef de l'Etat a encore le choix du référendum. Outil compliqué à mettre en place car le résultat en sera irrévocable, mais il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps une majorité de Français y étaient favorables. Alors ? si on y croit vraiment, une campagne ça se mène... et ça peut se gagner.