C'était il y a seulement un peu plus de 2 ans, le président Sarkozy décidait de réformer le système de retraite alors qu'il avait promis de ne pas le faire durant son son mandat. Après un simulacre de concertation avec les syndicats, le projet de loi gouvernemental fut sans surprise, l'effort pour tenter de combler le déficit des caisses de retraites publiques serait porté presque entièrement par les salariés, notamment par un recul de deux ans de l'âge de départ à la retraite, et la part serait faite aux caisses complémentaires, dont le PDG de la principale en France n'est autre que le frère de Nicolas Sarkozy. Des millions de manifestants dans les rues à plusieurs reprises, 70 % de Français refusant ce projet, des économistes renommés démontrant qu'il n'était pas viable, rien n'y a fait, la loi est passée en force. Je me souviens encore, en ce début d'année 2012, de Mme Pécresse, argumentant pour la campagne électorale, que Mr Sarkozy avait sauvé le régime de retraite par répartition, alors que les socialistes n'avaient jamais rien fait (ce dernier point n'est d'ailleurs pas faux).
Tout cela, c'était hier ! Il aura fallu seulement deux ans pour que ce que disaient les millions de manifestants s'avèrent vrai : cette nouvelle loi ne servait à rien, si ce n'est à donner des gages au grand capital avant une échéance électorale qui s'annonçait mal partie.
Il a fallu seulement deux années avant que la droite libérale ne remette le couvert et repasse à l'attaque. Cette fois-ci, c'est le journal Les Echos, la doxa libérale, qui s'y colle. La réforme de 2010 n'a pas suffit, il en faudra donc une nouvelle : tiens donc ! Et forcément, les réponses apportées par le journal sont toujours les mêmes : augmenter les cotisations, baisser les pensions, ou reculer encore l'âge de la retraite, voire les trois à la fois. C'est à dire les mêmes recettes qui depuis 30 ans que l'on réforme le système ont toujours conduit à moins de droits pour les Français et n'ont jamais fonctionné. Comme d'habitude la solution qui consisterait à trouver de nouvelles sources de financement, notamment en taxant les revenus du capital ou les revenus boursiers, cette solution là n'est jamais évoquée.
En principe, François Hollande a promis une réforme pour 2013. Mais quand on voit la rapidité avec laquelle il abandonne ses promesses de campagne, quand on voit que tout est fait pour ne pas contrarier le grand capital, il y a de quoi être inquiet.