Eléments et réflexions pour une réponse délicate à une question à laquelle peu d'esprits veulent répondre…

Par Mauss

Depuis pas mal de temps, j'aime "ouspiller" quelques pointures de la critique officielle, européenne ou américaine, afin que l'on m'explique pourquoi un 17/20 (ou 95/100) attribué à un cru de Pomerol est différent (donc ne peut être comparé) à une note équivalente mise à un cru du Beaujolais ou du Roussillon ou de la Loire.

On me voit venir avec mes grands sabots du style "en passant par la Lorraine"…

Par principe, je refuse d'entrée une réponse du style : "c'est une évidence". Non : il me faut des arguments.

Bon, comme personne ne se bouscule au portillon, j'y vais de ma petite analyse en phase naissante de constitution.

A : Nature des vins

On peut probablement initier une sérieuse discussion en essayant de distribuer les multitudes de vins produits sur cette planète en catégorie de style.

Exemples : on a des vins manifestement élaborés sur les fraîcheurs du fruit, auxquels le temps - sauf exceptions rarissimes - n'apporte pas grand chose supplémentaire. Et donc on a à l'inverse, des crus qui ne s'expriment pleinement qu'après de longues années en cave, et sur des évolutions de saveurs bien plus complexes et fondamentalement différentes.

B : Apport des vins

Poussons un peu le bouchon, et on discutera alors du fait que certains vins sont là pour nous offrir un plaisir immédiat, des joies simples, une approche facile sur des saveurs évidentes. Alors que d'autres ne se découvrent à nous qu'après une attention minimale, avec un bagage à acquérir préalablement, sur des saveurs plus subtiles - disons moins immédiates et plus complexes - et qui génèrent en nous le secteur des émotions plutôt que celui des plaisirs communs.

Si on s'appuie sur ces deux approches en les associant, on peut alors, sans froisser les grands producteurs qui habitent dans chaque région, quelque soit sa réputation, comprendre pourquoi un 17/20 à Pauillac ou Gevrey est bien différent d'un même score en Minervois ou Beaujolais.

Bien.

Si tout le monde s'accorde plus ou moins sur ce qui semble être des évidences, une fois écrites et conceptualisées, on ne va pas faire un caca nerveux pour exiger de la critique une classification sur 3 ou 5 de toutes les appellations reconnues.

Mais c'est peut-être une facilité qui n'est pas satisfaisante.

On a donc compris qu'on a ici sur ce billet que l'ébauche d'un début de discussion sur le sujet, et je ne doute pas que certains commentaires vont apporter d'autres éléments qui devront connaître analyses et développements.

Sûr que cette présentation est biaisée car on y retrouve, jésuite que je suis, cette approche simplificatrice de notation que j'appelle de mes voeux pour l'amateur moyen, à savoir lui dire sur une échelle basique, si un vin apporte du plaisir ou des émotions, chacun se rappelant l'habituelle comparaison musicale qui est mienne : Rossini apporte du plaisir alors que Wagner ou Bach apportent de l'émotion. Avec naturellement toutes les nuances que chacun peut mettre en place simplement en fonction de ses goûts, ses préférences et son éducation.

Tout cela est brut de fonderie, issu d'un premier jet. Certains mettront cela aux oubliettes, d'autres rigoleront en sourdine : il n'empêche. J'aimerai que les critiques officiels aient autant de respect pour le travail d'un Jean Marc Burgaud ou Bouland à Morgon que pour le travail d'un Cuvelier à Léoville-Poyferré ou d'un Trimbach à Ribeauvillé.

Et - allez savoir pourquoi - j'ai l'impression, de temps en temps en lisant celui-ci ou celui-là, que ce n'est pas le cas. D'où ce billet.

ALLEZ SAVOIR POURQUOI…

Pourquoi ai-je besoin d'écrire ici une histoire qui fut bien mieux dite dans un film de haute tenue ?

C'est l'hiver, il fait froid. Un oisillon épuisé et frigorifié tombe de son nid.

Un passant qui le voit quasi mourant sur le chemin et qui voit également une belle bouse de vache toute chaude à côté, prend délicatement le petit zozieau, et lui fait un petit nid dans cette bouse bien chaude.

L'oisillon, rapicoté par cette douce chaleur, se met à faire cui-cui. 

Un chat méchant, qui entend cette musique rare en hiver, lui saute dessus et le dévore aussi sec.

Leçon de choses :

a : ce n'est pas parce que quelqu'un te met dans la merde qu'il te veut forcément du mal

b : ce n'est pas parce que quelqu'un te sort de la merde qu'il te veut forcément du bien

c : quand tu es dans la merde, ferme ta gueule !