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La peur irrationnelle des drones intelligents

Publié le 09 juillet 2013 par Charles Bwele @blog_e_sphere
En décembre 2012, Human Rights Watch avait publié un rapport titré Losing Humanity : The Case Against Killer Robotsdans lequel il prônait l'interdiction du développement, de la production et de l'usage « d'armes autonomes » (autonomous weapons) car « fondamentalement dépourvues des capacités humaines à effectuer des contrôles légaux et non-légaux concernant le meurtre de civils » et constituant de factoun risque accru pour les populations civiles en cas de conflit.
La peur irrationnelle des drones intelligents
Selon le blogueur, journaliste et analyste de défense Joshua Foust (American Security Project) dans The False Fear of Autonomous Weapons, aucun pays n'a entrepris de développer ou d'utiliser des robots armés complètement autonomes à ce jour. Par ailleurs, le Pentagone avait émis une directiveincitant les commandants et les opérateurs (de drones) à « exercer des niveaux adéquats d'appréciation humaine dans l'usage de force. »
Dès lors, la vision alarmiste de HRW est tout simplement à côté de la plaque. Selon Foust, la peur des robots armés est grandement imprégnée par la science-fiction hollywoodienne qui les dépeint comme un risque létal ou une menace existentielle pour l'humanité. Les aficionados de Terminator, de Matrix et de Battlestar Galactica en savent quelque chose...

Contrairement aux clichés trop souvent répandus, les états-majors et les ingénieurs en armement sont très réticents à l'idée de déléguer la décision de faire feu à la machine seule - aussi intelligente soit-elle, tant par obsession du contrôle ou de la discipline que par crainte d'un bogue.

En outre, les frappes aériennes (de chasseurs/bombardiers comme de drones) relèvent en arrière-plan d’un véritable processus impliquant des états-majors, des conseillers politiques et des conseillers juridiques; ceci afin d'assurer la coordination opérationnelle des armes (infanterie, artillerie, véhicules, aviation, marine) lors d'une campagne militaire, d’affiner l’efficacité des attaques au sol, de veiller à leur conformité aux règles d’engagement, et d’éviter autant que possible de tragiques bavures et donc de fâcheux incidents sur le plan politique comme médiatique.
Bon nombre des pourfendeurs de drones ignorent cette réalité d'arrière-garde et omettent trop souvent (et volontairement ?) ce fait incontestable : un bombardier ou un chasseur cause beaucoup plus de victimes et dégâts collatéraux qu'un drone.
La peur irrationnelle des drones intelligents
Jetez un oeil à n'importe quel documentaire TV du dimanche soir sur la guerre du Vietnam, du Golfe ou d'Afghanistan...
Dès lors, je m'interroge sur la sincérité des militants anti-drones : pourquoi sont-ils aussi incisifs envers des machines de mort radiocommandées (ou supervisées) et plutôt cléments envers des machines de mort pilotées ? Seraient-ils satisfaits si les Etats-Unis recouraient à des bombardiers (B-2, B-52) ou à des chasseurs (F-16, F-18) plutôt qu'à des drones Predator contre les huiles d'Al-Qaïda ? Comment discriminent-ils les drones des nombreux systèmes d'armes (missiles, torpilles, anti-missile Patriot, anti-roquettes Iron Dome) qui fonctionnent à l'identique depuis belle lurette c-à-d traquent automatiquement leurs cibles dès leur mise à feu par des opérateurs humains ? Leur féroce opposition aux drones (américains) dissimulerait-elle quelque règlement de comptes avec la politique étrangère ou contre-terroriste d'Oncle Sam ?
Au-delà de ces psychologismes, le drone n'est que la continuation à l'ère informationnelle d'une quête commencée à l'âge de la pierre taillée : celle consistant à atteindre l'ennemi sans s'exposer ou en conservant / augmentant la distance. La preuve par la lance, l'arc, la catapulte, l'obus, l'avion, le missile... et la cyberattaque ?

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