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Radioscopie des galeries d’art contemporain en France

Publié le 11 juillet 2013 par Aicasc @aica_sc

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Les galeries d’art contemporain jouent un rôle essentiel dans l’émergence et la construction de la notoriété des artistes et donc dans  la vitalité de la scène artistique française.

Cependant, de nos latitudes, il n’est pas aisé pour un artiste ou un amateur d’art de décrypter la réalité de ce secteur du marché de l’art, d’analyser le rôle d’une galerie d’art contemporain, de comprendre son fonctionnement.

 Une étude du département des études, de la prospective et des statistiques du Ministère de la cultureréalisée en 2012 par François Rouet et téléchargeablesur le site http://www.culturecommunication.gouv.fr/deps propose une analyse éclairante et précise de leur activité. Le blog de l’Aica Caraïbe duSud vous en présente un condensé en vous invitant à consulter ce numéro de douze pages agrémentées de nombreux graphiques.

 Comment distinguer galerie d’art et galerie d’art contemporain ?

Le marché de l’art contemporain s’organise autour de ce qui a été dénommé la convention d’originalité suivant laquelle la valeur des oeuvres dépend de leur caractère novateur. Cela le distingue d’une production et d’un marché artistiques qui, pour être également contemporains, relèvent plus d’une convention que l’on pourrait qualifier d’artisanale, s’attachant à la bonne facture, aux qualités émotionnelles et décoratives, au rendu de l’éventuel sujet.

Cette enquête s’est intéressée aux galeries d’art répondant à ce critère, actives sur le premier marché, c’est-à-dire sur la vente des œuvres qui sortent de l’atelier d’artistes en activité. Elle a ensuite cherché à cerner le travail de promotion : financement de la production d’oeuvres, organisation de première exposition d’artistes, présence dans les foires internationales.…

A partir de ces critères 2191 galeries d’art contemporain ont été identifiées en France.

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Répartition géographique

Les galeries d’art contemporain sont très inégalement réparties entre les régions : cinq régions seulement (Île-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’azur, Bretagne, Rhône-Alpes, Aquitaine) regroupent près de 80% des galeries d’art contemporain en France. Et la seule région Île-de-France (y compris Paris) comporte 1 151 galeries d’art contemporain, soit 53% du total.

Les galeries parisiennes se concentrent principalement dans trois quartiers, les 3e, 6e et 8e arrondissements, qui accueillent ainsi plus de 52% des galeries de la capitale mais totalisent, d’après l’enquête, 82% du chiffre d’affaires total de ces galeries.

Chiffres d’affaire

Le chiffred’affaires moyen des galeries parisiennes atteint 1,15 milliond’euros contre tout juste 241 000 euros en région. Lesgaleries parisiennes réalisent ainsi 86% du montant du chiffre d’affaires national.Parmi les galeries franciliennes, plus de la moitié ont un volume d’activité inférieur à 300 000 euros, et un tiers entre 300 000 et 1 000 000 d’euros. En revanche, 5% des galeries parisiennes réalisent plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, un montant que n’atteindrait aucune galerie en région.

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Présence au niveau international

La présence sur le marché international passe le plus souvent par la participation à des foires ou salons à l’étranger. Le fait de participer au moins à deux foires à l’étranger en 2011 introduit un clivage significatif entre galeries : celles n’ayant pas exposé à l’étranger en 2011 lors d’unefoire ou salon et celles qui ne l’ont fait qu’une seule fois réalisentrespectivement un chiffre d’affaires annuel moyen de368 000 euros et de 462 000 euros. À l’opposé, les galeriesprésentes sur au moins deux foires ou salons à l’étranger– soit une présence internationale déjà affirmée – ont unchiffre d’affaires moyen de 3,3 millions d’euros, ce quiprouve l’importance de la demande  internationale dans levolume global d’activité des galeries d’art contemporain.

Là encore, la fracture entre Paris et les régions est manifeste : la proportion de galeries  participant aux foires et salons d’art contemporain (nationaux et internationaux) est nettement supérieure pour les galeries de Paris et d’Île-de-France (68%) par rapport à celles établies en région (40%).

16 % des galeries déclarent avoir plusieurs lieux d’expositions dans des villes différentes, en France ou à l’étranger. Ces galeries, minoritaires mais néanmoins importantes, présentent, sans surprise, des taux de participation aux foires et salons internationaux quatre fois supérieurs aux autres.

La présentation d’artistes étrangers est très fréquente puisqu’elle concerne près de quatre galeries sur cinq. Elle est, là encore, corrélée à un volume d’affaires élevé puisque le chiffre d’affaires moyen de ces galeries est de 930 000 euros contre 190 000 euros seulement pour lesgaleries proposant exclusivement des artistes français.

A l’inverse, les galeries proposant exclusivement des artistes français sont majoritairement des galeries de province, dont l’offre est très souvent composée d’artistes régionaux, moins cotés,de faible renommée, et conséquemment, moins chers.

Deux types de galeries

Un premier axe oppose les galeries d’art contemporain francilienne à celles situées en région : les premières se caractérisent principalement par un volume d’activité annuelle de plus d’un million d’euros, et une forte participation aux foires. Au contraire, les galeries en région dégagent un volume d’activité annuel moyen de moins de 300 000 € et sont, pour la plupart, absentes des foires et salons.

Un deuxième axe distingue les galeries selon leur ancienneté : les galeries exerçant leur activité depuis plus de quinze ans sont tournées vers le marché international, et ont une forte activité de soutien financier et de promotion de leurs artistes. Les galeries de moins de dix ans, en revanche, dégagent un volume d’activité annuel moyen plus faible (de 300 000 € à un million d’euros).

Un nombre restreint de clients

On note cependant que pour près de 40% des galeries interrogées, les cinq plus grands collectionneurs génèrent plus de 50% du chiffre d’affaires, ce qui induit une forte dépendance de la grande majorité des galeries à un nombre restreint de clients collectionneurs privés et peut être le signe d’une fragilité économique.

Cette étude analyse d’autres paramètres comme le nombre annuel d’expositions, le nombre de salariés, la précarité des emplois, l’activité de second marché.


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