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Paroles de maraudeurs : « nous avons besoin de votre aide »

Publié le 14 juillet 2013 par Asse @ass69014555

Maraude_entraides-citoyennes_paris_13 07 2013Samedi 13 juillet 2013, 20 h, rue des Vinaigriers, 8 maraudeurs bénévoles aguerris ou débutants se rassemblent...

Certains préparent une centaine de sandwichs avec le pain offert par une boulangerie voisine. D'autres trient les vêtements collectés pour charger les véhicules. La soupe et la salade de pommes de terre ont été préparées et mises en containers isothermes par Philippe un peu plus tôt.

21 h 00 : tout le monde est au départ.

A bord de deux véhicules : le « vestiaire » et la « cantine ». Kiki, Jil, Sylvie, Joseph, Franck, David, Olivier et Philippe se rendent tout d'abord à la Gare de l'Est.

Une vingtaine de repas y sont servis dans une ambiance très détendue. Car pour Entraides-Citoyennes, marauder c'est tout autant donner un peu de cette attention qu'on donne naturellement à un voisin ou un copain que de partager un café ou un repas avec ceux qui sont souvent ignorés par les passants qui contournent leur bout de carton sans les voir...

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Français, afghans, roumains, bulgares, espagnols, italiens, arabes... Ils partagent avec nous des p'tits bouts de leur histoire. Une semaine après l'autre, la confiance s'installe et nous apprenons à cerner leurs besoins, à suggérer des démarches, à orienter vers d'autres associations spécialisées.
Certains ont besoin de vêtements pour remplacer ceux qui sont usés jusqu'à la corde, pas secs après un lavage ou... volés. Et puis il y a les demandes "spécifiques" : tailles extrêmes (36 au 56), chemises pour les visites à l'agence d'interim...

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La plupart ont besoin de sous-vêtements, de chaussettes et de chaussures. Nous n'en avons JAMAIS assez à leur donner malgrè les appels fréquents à la solidarité. Les gens de la rue marchent beaucoup plus que la plupart d'entre nous et les besoins sont en conséquence.

Et puis toujours ces demandes de sacs à dos et de duvets difficile à satisfaires. Même l'été il est difficile de passer la nuit en tee-shirt ! Et ballader la totalité de ses maigres possessions dans un sac plastique n'est pas simple non plus...

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22 h 30 : pause exceptionnelle

Eric, un provincial qui vient souvent marauder à Paris, fête son anniversaire. Nous décidons de faire un saut jusqu'au restaurant où il souffle ses bougies pour le surprendre et témoigner ainsi de notre hâte de le retrouver sur les maraudes du samedi...
L'esprit de solidarité qui nous rassemble nous ressemble : intergénérationnel et pluriculturel ! Nous sommes donc à l'image de ceux auxquels nous rendons des visites hebdomadaires.

23 h 30 : Beaubourg

Au carrefour de l'art et de la galère. Un homme git sur le sol en grimaçant de douleur. Il explique qu'il a été frappé à l'abdomen. Dans la rue, on ne souffre pas que de l'indifférence mais aussi de la violence ! Appel au 115 : promesse qu'une Equipe Mobile d'Aide (EMA) dotée d'une infirmière passera.

Une dizaine d'« habitués » ont déjà « diné » servis par nos copains de l'association Dorcas. Ils viennent tout de même chercher un fruit et un cadé, récupérer des vêtements que nos partenaires maraudeurs pédestres ne peuvent leur apporter.

00 h 30 : République-Châtelet

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Les familles de roms isolées sont de plus en plus nombreuses. Elles viennent en France avec l'espoir de trouver un tout petit peu mieux que le sort qui leur est réservé en Roumanie, leur pays d'origine.

Et notre pays qui s'autoproclamme celui de la liberté, de l'égalité et de la fraternité se montre à leur égard fort méprisant du droit en traitant ces enfants, ces femmes et ces hommes en sous-européens !

Je revendique l'atteinte du point de Godwin pour répéter que le traitement de ces personnes est le même que celui réservé par les collabos de tout poil aux juifs lors de la seconde guerre.

N'avons nous donc tiré aucune leçon des horeurs de la Shoah ?

Les besoins de ces familles sont aussi très nombreuses : lait en boîte, couches dans toutes les tailles de la naissance à 24 mois, vêtements de bébé, petits jouets d'éveil...

Sept familles (près de 30 personnes)  ont reçu un repas complet, des chaussures pour les enfants, des couches, des vêtements...
Malheureusement, nous n'avons plus de produits d'hygiène. L'été, dans la rue, il y en a qui n'ont droit ni au shampoing ni au savon !

Comme le froid l'hiver, la chaleur est aussi l'ennemie des sans-abris...

02 h 30 : Palais Royal - Le Louvre

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Une dizaine de personnes ont là aussi reçu un repas. Des hommes seuls... Qui survivent au même endroit depuis des mois et des mois comme en témoigne cette photo publiée par Marianne en février dernier.

Même si on passe très tard à leur rencontre, ils tiennent à ces petits instants de partage. Les deux seules fois où nous n'avons pu nous y rendre, c'est eux qui se sont inquiétés pour nous !

03 h 30 : Debriefing - Rencontre constructive

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La fatigue commence à se faire ressentir... Mais on prend tout de même le temps de se « débriefer » : un temps de rigolade avant de se quitter et de se retrouver seuls avec tout ce vécu de misère qui nous pèse ; un temps pour réflechir à ce que nous pourrions améliorer pour mieux aider.
Dénicher plus de nourriture, plus de vêtements et de chaussures pour hommes, plus de produits d'hygiène, plus de bras et de volants pour scinder le parcours et finir moins tard...

Soudain, un homme s'approche en souriant. « Bonsoir. Je vous ai déjà croisé à Beaubourg. J'aimerai savoir qui vous êtes et ce que vous faites ».

Présentations. David est un sans-abri. Mais un sans-abri atypique. Il a vécu en Asie où il a tout perdu à cause du Tsunami et de ses conséquences économiques. Retour en France où il n'a plus rien. Il dort dehors mais « conserve une vie sociale riche ». Il raconte un peu de son expérience de la rue, du rapport avec les institutions... Il apprécie que nous soyons des citoyens et non des « professionnels de l'aide d'urgence qui doivent leur emploi à la situation des sans-abris ». Un bel échange qui n'est que le premier. On va rapidement se retrouver !

04 h 30 : fin de maraude

Dans l'Entraide Citoyenne jusqu'au bout, Olivier dépause chez eux mes maraudeurs du sud et Philippe ceux du nord. Kiki récupère sa voiture et accompagne ceux qui sont dans une banlieue proche de la sienne. Franck prend un train. Jil rentre à pied à quelques centaines de mètres.


A la semaine prochaine !

Peut-être avec vous ?

Oui, VOUS qui venez de lire ce témoignage !

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