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#Hollande, Le 14 juillet, « ce n’est pas de la magie »

Publié le 15 juillet 2013 par Juan
François Hollande parle au 14 juillet. L'exercice est sans doute l'un de ses moments d'excitation pour quelques membres du milieu politico-médiatique. D'aucuns appellent cela un microcosme. Ce microcosme-là, qui a choisi de commenter le futile et l'anecdote avec davantage d'énergie que le gravissime et le long terme, a préparé "l'évènement" de multiples commentaires.
Nous n'étions pas déçus de cette couverture du Monde, la veille, ce 13 juillet, " François Hollande affronte le scepticisme de la gauche". Nous étions déçus de la trop longue page d'intérieur expliquait ce que nous savions déjà: (1) la gauche déprime, même celle soutient Hollande, (2) l'alternative y est ridiculement fébrile, (2) une fraction majoritaire de la droite est agitée d'un réflexe bonapartiste qui conduira directement à Le Pen.
 En attendant, le Monde, par le biais de ses journalistes François Fressoz, Bastien Bonnefous, et Thomas Wieder, nous détaille les quelques réponses de trois conseillers au moins, anonymes toujours, de l'Elysée. Ces derniers font mine de ne pas s'inquiéter. On peut les comprendre. Ils n'allaient pas confier à leurs interlocuteurs que la situation est désespérée. D'autres, y compris d'anciennes ambitions déçues, s'en chargent suffisamment.
Parmi les informations les plus futiles entourant cette intervention présidentielle sans surprise, il y eut celle-ci qui pouvait nous désespérer: "Contrairement à sa promesse de campagne", François Hollande reçoit à l'Elysée les deux journalistes désignés pour le questionner. Quelle futilité ! "François Hollande a finalement décidé de se plier à l’exercice de l’interview du 14 Juillet" complète l'AFP.
L'autre futilité médiatique du moment fut de consacrer de trop nombreuses lignes à un tweet du compagnon de la ministre écologiste Cécile Duflot qui refusait d'assister à notre défilé traditionnel. Quelle affaire !
De cette intervention, on retiendra quatre choses.
1. Hollande continue de travailler son exercice présidentielle dans la lignée des institutions de la Vème République. La politique étrangère fut prédominante dans les quelque 35 minutes de paroles, ce dimanche 14 juillet: nos otages à l'étranger ("Nous faisons tout pour ramener ces otages"); les prochaines élections au Mali, après une guerre rapide et victorieuse, le maintien du budget de la Défense ("J’ai décidé de maintenir exactement le même budget pour les armées, alors que je demande des efforts à tous les autres ministères"). Dans la même tonalité présidentielle, nous eûmes un couplet sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny.
2. Hollande a répondu à quelques excitations passagères. Le limogeage de Delphine Batho, complétée par ses attaques "en deça de la ceinture" contre l'Elysée (l'ex-ministre accusa le patron de Vallourec, époux de la dircab de François Hollande, d'avoir trop visiblement oeuvré pour son limogeage) et les déclarations d'Arnaud Montebourg avaient réanimé les inévitables rumeurs sur l'exploitation du gaz de schiste " un jour si... ". Pour Hollande, la chose était claire et tranchée: "Tant que je serai président, il n’y aura pas d’exploration des gaz de schiste en France ". Sur le départ de Batho et la clémence vis-à-vis de Montebourg, le président rappelle la règle: "la seule ligne à ne pas franchir est celle de l’attaque du budget."
3. On a beau le qualifié de cerné – ce qui est vrai – Hollande s'est montré incroyablement certain. Il a même osé, ce que nous déplorons, lâcher cette déplorable affirmation: " La reprise est là ". Pour se rassurer, il y aurait une reprise de la production industrielle "depuis trois mois", une "petite reprise" de la consommation et «des embauches qui commencent à progresser".
Il était difficile de ne pas faire la comparaison des discours: ce Hollande-là, habituellement prudent, ressemblait à ce Sarkozy-ci de 2011, qui promettait que "la baisse du chômage est pour le mois prochain". La crise est grave; "la politique, ce n’est pas de la magie" rappelle l'actuel président. Nous devions lui rétorquer qu'il était donc inutile de lancer pareil appel à la patience. Hollande reste bloqué dans un logiciel, une argumentation difficile qui repose sur l'idée que le modèle est encore viable. Il a un atout pour lui, aucune opposition ne fournit d'alternative majoritaire. Tous les sondages donnent sa politique impopulaire à 75%. Mais aucun ne promeut ni promet de contre-majorité. 
Sur d'autres sujets de politique plus essentielle et plus intérieure, le président n'avait rien à dire de neuf. Il refuse tout report de l’âge légal de retraites; il promet une baisse des dépenses publiques en 2014 ("un effort historique", quel bonheur...) et l'absence de nouveaux impôts ("Je ne ferai des hausses d’impôts que si c’est absolument nécessaire mais là, j’ai demandé aux ministères le plus d’économies possibles. Nous avons besoin d’un sérieux budgétaire"); il se félicite des emplois d’avenir et contrats de génération (soit respectivement 100.000 et 70.000 personnes d’ici à la fin de l’année).
Hollande ne fut pas interrogé sur une autre excitation passagère, la prétendue capitulation verbale de son ministre des finances devant quelques banquiers à propos de la taxe sur les transactions financières internationales. Le dit ministre, d'ailleurs, a depuis réaffirmé combien il était "favorable à une taxe sur les transactions financières au niveau européen", mais qu'il regrettait "que sa mise en œuvre ne puisse à ce stade s’envisager qu’avec les 10 partenaires de la coopération renforcée."
Au passage ce dimanche, on pouvait être soulager de la reprise des usines d’aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne et de Castelsarrasin de Rio Tinto Alcan, cette entreprise de la vallée de la Maurienne, en Savoie, qui avait été l'objet d'une joute épistolaire entre le ministre Montebourg et un milliardaire américain en mars dernier.
4. Enfin, Hollande fut sifflé par quelques gus logés dans un coin des Champs Elysées. Ces hurluberlus - ils étaient une dizaine - venaient du mouvement anti-mariage gay; lequel s'est rapidement écarté: « Par respect pour l’armée française, La Manif Pour Tous se désolidarise rapidement. Elle précise qu’elle n’organise "aucune action lors du défilé militaire à Paris le 14 juillet, en particulier aux abords des Champs Elysées". Mais le Printemps français assume, et promeut l'action sur Twitter. Un député UMP, Pierre Lellouche, applaudit même l'initiative.
#CoucouHollande : des huées pour le président normal sur son passage le long du défilé #14juillet #ONLR — Printemps Français (@nelachonsrien) July 14, 2013 
Qui avait sifflé Sarkozy quand le 14 juillet 2008, l'ineffable ancien monarque avait osé convier la quasi-totalité des dictateurs du pourtour méditerranéen pour assister à la célébration de la République ? L'opposition est déjà très anti-sarkozyste mais elle tenait à un minimum de devoir républicain. A droite, certains récusent la légitimité de Hollande depuis le 6 mai 2012.
Ce comportement est simplement séditieux. 
A droite, le Printemps français a l'humour crétino-fasciste. Ce mouvement né des manifestations contre le mariage gay ne supporte pas que François Hollande ne soit pas marié. Quelques-uns de ses réacs sont allés lâcher des poules devant le domicile privé du couple. Sur Twitter, le mouvement qualifie Valérie Trierweiler de "poule subventionnée" dans son appel à venir manifester. La démarche était ignoble et anti-républicaine. Elle est relayée par quelques sites d'extrême droite.
Le jour même, le Parisien nous gratifiait d'un sondage BVA de mille personnes dont 52% des sondés réclamaient le départ de … Nicolas Sarkozy de l'arène politique. 61% ne le voudraient même pas comme candidat en 2017. L'agitation bonapartiste du 8 juillet dernier, quand Sarkozy fit mine de voler au secours de l'UMp alors qu'il s'agissait de gérer les conséquences de sa propre fraude aux élections dernières, a fait long feu, même chez les éditocrates.
 A bon entendeur.


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