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Brétigny-sur-Orge: les barbares n'étaient pas aux portes.

Publié le 16 juillet 2013 par Juan
C'est une émotion, propulsée par nos chaines d'information, la droite et l'extrême droite politique, une veille de weekend. Depuis, on a compris que nous étions passé à côté d'une autre catastrophe, politique et médiatique.
Quelques minutes après l'accident de train à Brétigny-sur-Orge, quelques "racailles" évidemment jeunes auraient été signalées aux abords du train accidenté, "un quart d’heure" à peine après la catastrophe qui a causé la mort de 6 personnes, pour dépouiller les blessés et les morts. Ils auraient même "caillassé" les secours. L'information tourne en boucle toute la journée. L'uMP et le Front National s'indignent par le biais de communiqués officiels. La réacosphère s'en donne à coeur joie.
L'émotion est à son comble. La nausée pointe sans difficulté. Mais rien n'est aussi simple. Il fallait un recul à la hauteur de la gravité de l'événement et de l'imprécision des informations.
L'information venait d'une représentante du syndicat policier Alliance. Selon la police départementale pourtant, dès le lendemain, "la thèse n'est pour l'heure accréditée par aucun témoignage direct." A en croire les différents retours sur cette affaire, on comprend que la dite déléguée a mélangé plusieurs faits en un seul. S'agissait-il de vols sur cadavres ? Les secours présents sur place ont démenti. Mais il y aurait plusieurs actes. Notre confrère Seb Musset revient avec précision sur le déroulé et les dérapages qui ont suivi cette affaire. .
Primo, juste après l'accident, des projectiles ont été lancés "vers des représentants de l'Etat, notamment un camion de pompiers". Confirmation, de la bouche du ministre des Transports lui-même, les pompiers "ont été accueillis de façon un peu rude". Selon une "source proche de l'enquête", un groupe de jeunes était effectivement "mécontent d'être éloigné des lieux de la catastrophe" en raison de la mise en place d'un large périmètre de sécurité. On est très loin des "détrousseurs de cadavres": ""il y a eu quelques jets de projectiles, mais pas de caillassage. Dans un événement complètement déconnecté, plus tard, un jeune a tenté de voler. Il a été interpellé." 
Autre fait, un médecin urgentiste s'est fait dérobé son portable lors de son intervention. Faut-il y voir le signe d'un délabrement sociétale, d'un effondrement général ? Non. Samedi, quatre jeunes " ont été interpellés dimanche à Brétigny-sur-Orge (Essonne), soupçonnés d'avoir participé vendredi, après le déraillement du train, à une bousculade lors de laquelle un urgentiste s'est fait dérober son téléphone portable".
La seule évidence de ces dernières heures est que nous sommes passés à côté d'une catastrophe démocratique. En d'autres temps, dans d'autres lieux, pareille assertion aurait coûté la vie à quelques personnes. Il y avait de quoi susciter le pogrom, l'outrance et pire encore. La conjugaison d'un drame, d'un choc et d'une sur-réaction incontrôlée de quelques politiques, tous les ingrédients étaient réunis pour le pire.
Cette catastrophe n'a pas eu lieu, et c'est évidemment tant mieux. Les "Barbares" ne sont pas plus aux portes de Paris qu'à l'intérieur de nos cités.
L'hystérisation permanente de nos rapports politico-sociaux est une menace. Ce fait divers pourrait servir d'exemple. On peut en douter. Car personne n'en fera l'analyse. Personne n'a intérêt à en faire l'analyse. Les (rares) médias continus qui se sont jetés sur la chose sont passés à autre chose. Ceux qui ont contesté l'improbable ne sont pas intéressés par la pédagogie de l'analyse distanciée.
Et ceux qui ont cru à l'incroyable conserveront le souvenir que l'horrible chose est finalement possible.


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