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Faire un Choix

Publié le 16 juillet 2013 par Moutassem @HMoutassem

Je suis trop indécise

À travers les emails et les commentaires que je reçois sur le blog, un souci semble souvent revenir, la difficulté de prendre une décision : « Je suis trop indécise », «  j’ai des choix importants à faire et je n’ai pas trouvé de technique pour m’aider à faire le meilleur choix pour moi » , « Je suis télescopé par pleins de choses en ce moment et il est nécessaire de retrouver la sérénité pour faire les bons choix. »

Dos au mur

Devoir faire un choix peut en effet s’avérer difficile et source de stress, surtout lorsque les conséquences de notre décision peuvent profondément affecter notre vie. Face à un dilemme, beaucoup de personnes vont préférer le statu quo, en d’autres termes ne pas prendre de décision.  S’il est possible d’éviter un certain temps de devoir faire un choix, la vie finit éventuellement par nous mettre dos au mur, et un choix doit être pris. Que faisons-nous alors ?

Comment prend-on une décision et pourquoi ça ne marche pas ?

Lorsque confronté à la nécessité de faire un choix (est-ce que je quitte mon conjoint ? Est ce que je change de carrière ? est-ce que je prends cet appartement ?), on a tendance à analyser la situation, à peser le pour et le contre, et à se projeter dans le futur pour déterminer si ce choix nous rendra plus heureux ou plus malheureux. Mais voilà, cette approche ne marche pas et elle génère encore plus de stress. Pourquoi ?

La peur de perdre ce que l’on n’a pas encore

Car notre capacité de projection est très limitée. On peut s’imaginer aller de A à B puis vers C en espérant que C soit un résultat bénéfique. Mais une personne sait au fond d’elle-même qu’il y a de multiples facteurs en jeux, et elle n’est pas sûre de pouvoir atteindre C ou même si C la rendra réellement plus heureuse (ou moins malheureuse). Elle va alors refaire le scénario dans sa tête, et cela va créer un sentiment d’espoir et de motivation rapidement suivie par celui d’anxiété (« et si ça ne marche pas ? »). Il est dit que le sentiment d’anxiété vient principalement de la peur de perdre ce que l’on n’a pas encore.

Pour résumer, utiliser la réflexion pour faire un choix est difficile, car à chaque fois que l’on va repenser à la décision que l’on doit prendre cela va créer des hauts et des bas émotionnels qui vont accentuer le sentiment de confusion et d’indécision.

Faire le point, mais pas décider

Le but du mental n’est pas de décider. Il est de mettre sur la table tous les éléments de notre quotidien puis de poser les questions. Par exemple une personne va observer sa situation actuelle au travail et dans ses relations sociales et affectives, puis elle va se poser la question « qu’est-ce j’aimerais transformer dans ma vie ? »

(Note : le but des séances de consultation/coaching de vie qui vont bientôt démarrer est de vous aider à observer votre situation actuelle et à vous poser les bonnes questions.)

Neurosciences et historien de l’art

Ensuite, il suffit de faire le calme en soi (ne plus réfléchir sans cesse à votre situation), puis laisser venir la réponse. Car plus d’informations n’aident pas à faire un choix. Cela peut sembler contre-intuitif, mais pourtant les neurosciences confirment ce fait. Vous avez déjà maintenant tous les éléments nécessaires pour faire votre choix.

Un passionnant ouvrage ‘Blink’ conduit par Malcolm Gladwell illustre scientifiquement le fait que les décisions importantes sont prises non pas intellectuellement, mais intuitivement. L’un des personnages étudiés fut Bernard Berenson, un célèbre historien de l’art. Spécialiste de la Renaissance italienne, il était connu pour sa capacité à identifier un faux tableau. Lorsqu’il se trouvait face à une fausse œuvre, il avait très rapidement un ressenti viscéral qui lui disait « attention, il y a quelque chose qui ne va pas ». Berenson était incapable d’expliquer objectivement pourquoi. Certes, il possédait de grandes connaissances dans son domaine, mais sa décision d’identifier une peinture comme étant une usurpation ne venait pas de l’observation précise des coups de pinceau, des pigments utilisés ou autres signes révélateurs. Elle surgissait naturellement en lui au bout de quelques courts instants. Et son intuition s’avérait être juste dans l’immense majorité des cas lorsqu’une analyse plus poussée était opérée.

Vous avez en ce moment même tous les éléments pour faire votre choix. Malgré votre indécision et vos doutes, une partie de vous sait avec certitude et sérénité ce qui vous attire en ce moment. Il s’agit maintenant de l’écouter.

Julie et le Sage

Imaginer une jeune femme partie en randonnée. Arrivé à un village, on lui parle d’un personnage étonnant, « un sage », qui donne, à qui veut l’entendre, de précieux conseils. Intriguée, la jeune femme qu’on va appeler Julie, décide d’aller à sa rencontre pour lui exposer sa situation. Arrivée au lieu indiqué, Julie y est accueillie par le sourire d’un homme dont elle a du mal à deviner l’âge. Encouragée par cet accueil bienveillant, Julie s’installe près de notre homme. Elle lui parle alors de sa vie, de ses difficultés et de ses dilemmes. L’écoute attentive du sage la pousse à continuer. Au bout d’un moment Julie marque une pause attendant un commentaire ou une question, mais l’homme installé en tailleur ne semble rien n’avoir à dire. Julie reprend alors son monologue, pensant que son compagnon a besoin d’en connaître davantage pour pouvoir s’exprimer. Quelques minutes plus tard, elle lui demande ce qu’il pense de sa situation. Le sage ne s’exprimant toujours pas, Julie décide de lui préciser quelques points encore.

Cela fait maintenant plus d’une heure et demie que Julie parle, et devant l’absence de conseils du sage, elle finit, un peu déçue, par reprendre son chemin. La compagnie de cet homme est certes agréable pensa-t-elle, mais il ne pourra pas l’aider à résoudre ses problèmes de femme citadine.

Le sage quant à lui attendait simplement que Julie soit prête à l’écouter. Il attendait qu’elle fasse le calme en elle pour qu’elle puisse l’entendre. Mais à chaque fois qu’il s’apprêtait à parler, la jeune femme repartait dans son analyse de la situation.

On pose les questions, mais on n’écoute pas les réponses

Tout comme Julie, on ne s’arrête pas de parler… mais avec nous-mêmes. Nous reposons les mêmes questions encore et encore, nous ressassons les données jusqu’à épuisement. Pourtant, nous avons un sage – notre intuition – à portée de main, toujours prêt à nous conseiller, il suffit juste de l’écouter.

Écouter ne veut pas dire attendre impatiemment une réponse. Pour entendre la réponse, il faut faire le silence en soi suffisamment longtemps. Il faut se réajuster à notre écoute interne pour pouvoir entendre la petite voix en nous. Mais si l’on repart sans cesse dans notre dialogue mental, il est très difficile de percevoir la juste réponse.

Faire le calme en soi n’est pas chose facile surtout dans une société où l’on a développé et renforcé le besoin de contrôler et de se protéger. Comment faire alors ?

 Méditer sur notre point de rencontre

La méditation est un moyen efficace pour retrouver notre capacité à écouter notre intuition. Si vous êtes face à une décision à prendre, posez la question puis concentrez-vous sur votre point de rencontre (une zone sur le torse qui attire votre attention. Voir Confiance en soi exercice pour plus de détails). Amenez toute votre attention sur cette partie du corps et ressentez les mouvements d’expansion et de rétraction avec chaque respiration. Faites 10-15 respirations conscientes, puis écouter ce qui se passe en vous. Il se peut que vous repensiez à votre situation et que les questions ressurgissent, c’est normal. À nouveau, faites une série de respirations conscientes. Puis à nouveau, soyez attentif à vos ressentis. Il se peut alors que vous ressentiez que vous penchez vers une direction (vers un choix) plus qu’un autre.

Comme pour tout, la pratique régulière va être essentielle pour améliorer votre capacité à « ressentir » le bon choix. J’aimerais également noter que les réponses qui « surgissent » consistent rarement à tout chambouler (quitter son travail du jour au lendemain, partir à l’étranger..). Ce sont plutôt des petites actions que vous devez prendre – vous le saviez déjà au fond de vous —, mais que vous remettiez sans cesse à plus tard.

Perspectives nouvelles

Si vous faites correctement cet exercice, vous allez vous sentir apaisé. Car vous saurez que vous n’avez pas besoin de tout comprendre ou de tout prévoir. Qu’il suffit de se concentrer sur une action à la fois. Parfois lorsque l’on va de A à B, de nouvelles perspectives se présentent. Des perspectives que l’on n’aurait pas pu prévoir ou imaginer.

Derniers mots

Je pratique régulièrement cet exercice et je suis parfois surpris par les réponses. Mais à chaque fois que j’accepte de ne pas chercher à contrôler et que je me concentre sur une action à la fois, je me sens bien mieux, plus productif, et ma vie me correspond de plus en plus.

J’ai également constaté que les personnes qui vivent de leur passion utilisent une forme ou une autre de cet exercice.  Dr John Demartini, auteur à succès et psychologue, note qu’avant chaque conférence qu’il donne, il s’isole, s’allonge sur le dos, et pose la question « Qu’est-ce qui est important pour moi de communiquer aujourd’hui ? » et il laisse venir la réponse. Ces conférences qui font souvent plus de deux heures semblent durer 30 minutes tellement elles sont passionnantes et inspirées. James Altucher, homme d’affaire et auteur, note dans son dernier livre Choose Yourself « Lorsque je me réveille, dans la pénombre, je demande « qui dois-je aider aujourd’hui ?”

Ne sous-estimez pas cette simple, mais fondamentale notion : une fois la question posée, rien à ne sert d’y repenser sans cesse, laissez venir la réponse. Vous la connaissez déjà, il faut juste faire le silence pour pouvoir l’entendre.

J’espère que cet article vous donnera envie d’essayer de lâcher prise la prochaine fois que vous aurez un choix à faire.

J’aimerais vous demander maintenant de participer à la discussion en notant dans la zone commentaire ci-dessous, comment réagissez-vous habituellement lorsque vous êtes face à une décision difficile ?

Note et référence

Plus d’information sur les séances de consultation : cliquez ici.

Image de Jose Cuellar

Malcolm Gladwell’s Blink

John Demartini

James Altucher’s Choose Yourself

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