Magazine Culture

Pierre Mauroy: portrait d’un homme d’Etat resté humble

Publié le 11 juin 2013 par Jessica Staffe @danmabullecultu

« Cet enfant du peuple est rentré dans l’histoire », ces mots ont été prononcés par François Hollande lors de son éloge funèbre. Cette cérémonie d’hommage national s’est déroulée aux Invalides. La famille socialiste s’est réunie pour honorer la mémoire de l’un de leurs anciens camarades. Tout le gouvernement était présent. Des personnalités comme Jean-François Copé ou Jean-Louis Borloo ont assisté à cet événement.  Ce moment d’émotion s’apparente à une trêve politique. Le pays se rassemble autour de la mémoire d’un homme.

Pierre Mauroy : un homme de conviction

Pierre Mauroy est mort à l’âge de 84 ans le 7 juin 2013. Cet homme d’Etat a été le premier ministre de  François Mitterrand lors de l’alternance en 1981.  Comme l’a rappelé le Président de la République, il a été «l’artisan de grandes conquêtes sociales et de liberté nouvelles.»

Convaincu que l’avenir de la France passait par l’Europe, il a œuvré aux côtés de Jacques Delors pour que notre pays reste dans le système monétaire européen. Pragmatique, il a su prendre des décisions économiques lorsqu’elles étaient nécessaires. Il a instauré le tournant de la rigueur en 1983 et mis en place les lois de décentralisation. La rigueur est un principe revenu au devant de la scène politique depuis que la crise économique et financière sème le trouble. Pourtant la gauche au pouvoir s’en défend. François Hollande reconnaît ses talents d’homme d’Etat : "La rigueur, c’était la condition pour poursuivre le changement". Cette citation ne ferait t-elle pas écho à la situation actuelle. C’est en tout l’idée  ce qu’avance l’Express. Les partis de gauche (PG, PC et Front de Gauche) parlent  déjà de récupération. On est loin de l’union de la gauche de 1981.  Héritier de Blum et de Jaurès, Pierre Mauroy disparaît avec une partie de l’Histoire de la gauche. Il la laisse orpheline et divisée. Cet homme d’union devait parfois se sentir trahi lorsqu’il voyait le PS dont il a été 1er secrétaire (1988-1991) se déchirer.

De Jaurès à Blum en passant par Mitterrand

De la SFIO au Parti Socialiste, il a toujours poursuivi ses idéaux  avec humilité.  Homme de convictions, il s’est battu pour ses idées et combattait les idéologies. Léon Blum était son grand modèle. Tout au long de sa carrière, il a marché dans ses pas.  Grâce au Parti Socialiste dont il était devenu une figure imminente, il a imposé sa vision de la France dans la durée.  L’élève a dépassé le maître. Cet hommage rendu par la Nation aux Invalides prouve à quel point cet élu a compté dans l’histoire politique française.  Sa mémoire est autant saluée à droite comme à gauche.

Chacun reconnaît en lui la dévotion d’un homme pour son pays et  ses valeurs  républicaines. Républicain, il a  défendu l’abolition de la peine de mort. A l’époque, elle ne faisait pas l’unanimité. Il a porté ce projet afin qu’il devienne à postériori l’un des symboles du premier quinquennat  de François Mitterrand.

Lille, son fief et son havre de paix

Il n’a jamais oublié ses origines ouvrières. Attaché à sa ville Lille, il en a fait une métropole européenne ouverte sur le monde. Son fief s’est développé grâce à son action pour l’intérêt du peuple. Sous son impulsion, il a dynamisé sa région. Marqué par son ancrage local, il est tout autant touché par la détresse du monde ouvrier dont il est issu. Il a présidé la communauté urbaine de Lille métropole de 1989 à 2008. Pour l’actuel premier ministre, il symbolisait " la chaleur des gens du Nord". Député et sénateur de la Région Nord, il est toujours resté fidèle à sa région. Il a fait la fierté de Lille qu’il considérait comme son havre de paix. Depuis 2001 Marion Aubry a pris sa suite et garde cette volonté de suivre l’héritage de l’un de ces mentors politiques.

Par sa politique de proximité, il a développé des projets culturels, économiques et sociaux.  C’était un homme naturellement proche du peuple. Il semble très loin du cynisme dont font preuve certains hommes politiques actuellement. De 1973 à 2001, il a honoré sa ville.

Dès ce soir et ce jusqu’à jeudi matin, les lillois pourront rendre hommage à leur ancien maire, si cher à leur cœur. Ces funérailles seront célébrées jeudi après-midi dans la cathédrale notre Dame de la Treille à Lille avant d’être enterré au cimetière de l’est.

Jessica Staffe



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jessica Staffe 305 partages Voir son profil
Voir son blog