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De la mort de Clément Méric

Publié le 09 juin 2013 par Jessica Staffe @danmabullecultu

Clément Méric, militant d’extrême gauche âgé de 19 ans est mort des suites de son agression survenue mercredi dernier.Cette réalité dépasse l’entendement. Aujourd’hui, en 2013, un jeune homme peut être tuer parce qu’il défend des idées politiques différents de celles de ces agresseurs. La liberté d’expression et d’opinion politique ne semble pas faire l’unanimité.  Actif et engagé, il a participé à diverses manifestations en faveur au mariage gay. Ouvert d’esprit, il avait rejoint Action Antifasciste Paris-banlieue. Décrit comme un modèle par ces proches et ses camarades, il apparaissait non belliqueux.

De la cruauté humaine : Esteban, un jeune comme les autres ?

Comme le rappelle rue 89, il n’a pas été assassiné. Cet acte n’est pas prémédité. Il s’agit d’une altercation violente. Suite à des railleries, Clément Méric a été pris violemment à parti par un groupe de Skinheads. Cette rixe qui a opposé deux bords politiques a tourné au drame.  Esteban l’un de ces agresseurs a été  mis en examen le samedi 8 juin (sa compagne est également soupçonné d’être complice).

Agé de seulement 20 ans, il lui  a asséné les coups mortels. Il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Il est connu pour avoir fréquenter  des milieux d’extrême droite dont le mouvement Jeunesse Nationale Révolutionnaire de Serge Ayoub. Cette  radicalisation politique utilise les mêmes principes qu’une radicalisation religieuse. Il s’est petit à petit transformé. Il a commencé  par porter des attributs nazis (croix gammée, et tenues skinhead).

Cet accoutrement lui a  valu la perte de son emploi.  Marginalisé, il s’est laissé influencer par ce groupuscule. Il a joué leur jeu et à épouser leur cause. Cette crispation a droite prouve que ces groupuscules existent en  France et bénéficient d’un certain écho. Ils ne représentent qu’une minorité.  Celle-ci semble réactive depuis quelque mois.

« Accident malheureux », ce sont les mots de Serge Ayoub pout qualifier l’agression de  Clément Méric. Pour lui la violence est du côté de l’extrême gauche. Les militants du JNR  auraient été  provoqués par les militants d’extrême gauche. Pour lui Clément  Méric n’est pas victime mais coupable.

 A la cruauté, on ajoute un soupçon de malhonnêteté de la  part d’un responsable d’un mouvement impliqué dans un évènement atroce. Sans porter de jugement hâtif, ce point de vue a de quoi glacer le sang et interpelé le téléspectateur.

Cette agression mortelle est l’apogée de pire. Comme disait Hannah Arendt, elle symbolise «la banalisation du mal ». Il est partout et surtout où on ne l’attend pas 

Mort pour avoir défendu ses convictions

Cette opposition extrêmes droite/ extrême gauche cristallisent une partie de ces tensions. Clément Méric en est la preuve. Il a donné sa vie pour ce combat.

Des groupuscules politiques d’extrême gauche et d’extrême droite cherchent à déstabiliser l’ordre public Cette violence complètement gratuite  demeure répréhensible et condamnable.  Ces crimes sordides ne peuvent rester impunis dans un état de droit. La liberté d’expression est un droit qui  ne doit en aucune façon porter préjudice à l’intégrité physique, morale et idéologique de l’individu. Dans l’Affaire Clément Méric, ces valeurs ont volé en éclat. La violence du groupe n’a pas épargné ce jeune homme. Ces convictions lui ont coûté la vie. Cette considération sidère. Elle met mal à l’aise et paraît invraisemblable. Elle montre que la violence détruit tout sur son passage.Choqué et horrifié, les citoyens républicains n’ont pas compris à juste de titre se déversement de haine.

Cet intérêt compréhensible laisse malgré tout mal à l’aise. Les médias et les chaînes de  télévision en continu ont couvert l’événement. Cette médiatisation a sa raison d’être. Il est important de rendre compte de ces faits divers tragiques. Pour autant ces thèmes de société restent délicats. Leur traitement verse parfois dans le voyeurisme. Cette focalisation pose aussi un problème. D’approximations en incertitudes, il est important d’essayer de prendre du recul.  L’émotion contribue parfois  à faire  des amalgames et des raccourcis malencontreux voire  malheureux.

Ce drame illustre à la fois les dérives politiques et médiatiques. La mort de Clément Méric soulève encore de nombreuses questions. Du recul et un jugement exemplaire permettront peut être de trouver les solutions politiques et sociales pour que ce genre d’évènements  ne se reproduisent. Seules des décisions sévères et adéquates répondront à l’émotion qu’à suscité cette mort.

Jessica Staffe



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